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Nord-Kivu : La crise humanitaire limite l’accès aux soins de santé de la santé de la reproduction

Nord-Kivu : La crise humanitaire limite l’accès aux soins de santé de la santé de la reproduction

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Nord-Kivu : La crise humanitaire limite l’accès aux soins de santé de la santé de la reproduction

calendar_today 01 Mars 2025

Les évaluateurs au centre de santé CCLK
Les évaluateurs au centre de santé CCLK

Le Programme Nationale de Santé de la Reproduction (PNSR) en collaboration avec le Groupe de Travail Santé sexuelle et Reproductive (GTSSR) Nord-Kivu a initié une mission d’évaluation rapide de la situation de la santé sexuelle et reproductive (SSR) dans quelques établissements de soins de santé et cliniques mobiles dans la province du Nord-Kivu.

Cette évaluation a été effectuée juste quelques jours après la prise de la ville de Goma par le M23 en fin janvier 2025. L’intensification des combats entre les Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) et le M23 a aggravé la vulnérabilité des populations déplacées, la détérioration du système de santé y compris la santé de la reproduction, l’augmentation des cas des complications à l’accouchement pour les femmes enceintes, le pillage des matériels médicaux, les médicaments essentiels en santé de la reproduction, la destruction des entrepôts de stockage ainsi que le déplacement de plus de 450 000 personnes.

Suite à ces événements, le PNSR en collaboration avec le GTSSR, la société congolaise de la pratique sage-femme (SCOSAF) et PNUAH ont organisé du 03 au 04 février 2025, une évaluation rapide des besoins en matière de santé de la reproduction afin de renforcer l’offre de services vitaux liés au Dispositif Minimum d’Urgence et de réduire les risques des décès maternelles et néonatales pendant cette période de crise humanitaire.

Trois zones de santé de la province du Nord-Kivu ont été ciblées pour cette évaluation à savoir la ZS de Goma, Karisimbi et Nyiragongo. L’évaluation a été menée auprès des communautés affectées (hôpitaux, centres de santé, sites de personnes déplacées), y compris les communautés d'accueil.

Selon le Rapport OCHA / CMP janvier 2025, environ 709 465 191 099 personnes déplacées étaient enregistrées dans les 3 zones de santé de Goma, Karisimbi et Nyiragongo dont 177 366 femmes en âge de procréer. Actuellement 4 922 personnes dont 1 230 femmes en âge de procréer sont retournées dans ces zones de santé.

Le GTSSR sur terrain
Le GTSSR sur terrain

Les chiffres parlent !

D’après les résultats de l’évaluation rapide réalisée dans 12 établissements des soins de santé (ESS) ; pour le mois de janvier dernier, les 3 ZS ont enregistré un total de 1623 accouchements, 406 césariennes, 581 cas de VBG, 1207 cas d’IST et 12 décès maternel, avec une augmentation remarquable des cas enregistrés lors des escalades. Alors que pour la période de la crise aigüe du 24 au 31 Janvier 2025, ces formations sanitaires avaient enregistré 540 accouchements, 127 césariennes, 149 cas de VBG, 302 cas d’IST et 7 décès maternel.

Il ressort de cette évaluation que 9 établissements des soins sur les 12 offrent des services. Mais, l'accessibilité pendant la nuit reste un sérieux problème par manque de moyens de transport et de surtout à cause de l’insécurité. Ces structures sanitaires disposent d'un système de référence, mais ne possèdent pas d’ambulances. Ce qui complique la prise en charge des bénéficiaires surtout pour les femmes enceintes et les personnes handicapées.

Le rapport précise que la situation des prestataires de santé offrant des services d'urgence est préoccupante en raison du nombre insuffisant de professionnels formés selon les normes de l’Organisation Mondiale de Santé (OMS) et du manque de recyclage. Cette pénurie limite l'accès aux soins et compromet la qualité des services offerts aux femmes. Il y a une urgence de procéder à des recyclages de formation sur diverses thématiques en SSR d'urgence, telles que les soins obstétricaux et néonatals de base et complète (SONUB/C), la prise en charge médicale des survivantes de violences basées sur le genre (VBG), la chirurgie réparatrice des fistules traumatiques.

L'existence des services de prise en charge des violences basées sur le genre (VBG) disponibles dans les établissements de santé représentent une avancée significative vers la protection et le soutien des victimes témoignant une reconnaissance croissante de l'importance de traiter ces enjeux cruciaux pour la santé et le bien-être des individus, en particulier des femmes et des filles, indique le rapport.

La situation des kits SR disponibles dans les structures sanitaires est préoccupante à cause du pillage durant la crise. Bien que certains kits soient disponibles, ils ne répondent pas aux besoins des communautés, ce qui limite la disponibilité à des soins de santé appropriés. Les communautés souffrent d'un manque de matériel médical de base, ce qui peut compromettre la sécurité et la qualité des soins.

Les évaluateurs sur terrain
Les évaluateurs sur terrain

Appel à l’action

A la suite de cette évaluation, le PNSR accompagné par le GT SSR a organisé des missions des revue des décès maternelles et périnatale afin de mieux comprendre les facteurs contribuant aux décès maternels et de déterminer s'ils étaient directement liés aux conséquences de la crise.

L’ampleur de cette crise sur la santé des mères et des nouveau-nés se résume à travers l’histoire de cette femme âgé de 40 ans à termes de grossesse cherchant une structure pour accoucher. Le premier centre de santé sollicité n’a pas pu l’accueillir faute de courant électrique ; la seconde ne lui a pas ouvert la porte à cause des affrontements dans la zone et la troisième l’a juste transféré vers un hôpital de référence. Finalement c’est à la tombée de la nuit qu’elle réussira à atteindre la formation sanitaire avec une complication d’anémie qui l’a malheureusement conduit à la mort. Telle est la réalité de l'impact de la crise sur les femmes et les filles dans ces zones affectées.

En temps de paix comme en situation de crise, la santé sexuelle et reproductive est un droit fondamental. Le GT SSR dirigé par UNFPA en étroite collaboration avec le Cluster Santé et d'autres mécanismes de coordination de l'IASC mettent en place des actions pour s'assurer que le DMU SSR qui sauve la vie des femmes et des filles, est renforcé à tous les niveaux de la prestation de services.