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Maria, 17 ans, violée par son oncle paternel. C’est une jeune fille très courageuse, rencontrée au Centre Intégré de Services Multisectoriel (CISM) de N’Djili, qui se bat pour surmonter le traumatisme subi suite à un viol. Ce centre est appuyé par UNFPA et ses partenaires pour apporter un soutien multisectoriel aux survivants des violences basées sur le genre.

Les circonstances du viol durant la période du confinement

C’est mon oncle, le grand frère de mon père, j’habitais chez lui avec ma petite sœur.  Comme il n’y avait pas d’école et d’église au moment du confinement. Une semaine après mon arrivée. Il m’a appelé en haut pour me dire que nous devons causer entre père et fille. Je pensais que c’était en famille comme tout père peut parler à sa fille. Il m’a demandé si je connais Abraham, ensuite il m’a demandé si je connais Sarah, j’ai dit oui. Est-ce que tu connais leur histoire. Je lui ai dit non tout en lui demandant de m’expliquer. Il m’a dit que Sarah était la cousine d’Abraham. C’était pour me préparer pour dire que nous pouvons sans problème avoir des relations sexuelles…la nuit vers 5h du matin, il a frappé à la porte… le matin il est parti au travail, j’ai expliqué à sa femme qui m’a dit comme il n’a rien fait de tout oublier. Le même soir, il m’a dit de venir, je suis allé raconter à sa femme… 3 jours après, il a recommencé.  Il me dit de monter en haut, je suis monté et c’est ce jour que cela s’est passé. Il a enlevé mes habits et le sous-vêtement. J’ai eu peur et je suis descendue. Sa femme a entendu le bruit et m’a demandé de dire la vérité. Je lui ai tout dit. »


Prise en charge de la survivante au CISM

Le traumatisme et post traumatisme

Après le viol, la famille a essayé de gérer la situation mais quelques jours après, Maria va faire face à une autre épreuve, la souffrance post-traumatique qui a entrainé une maladie. Elle est alors amenée de toute urgence au CISM de N’Djili. Elle a été reçue par la Psychologue du Centre qui explique sa situation : J’ai reçu la survivante un lundi, elle avait le symptôme de stress post traumatique. Elle avait comme symptôme, l’hyper vigilance, y avait aussi la revivissance, il y avait la tristesse, la peur, le refus de parler, elle avait aussi honte. Elle présentait également quelques symptômes psychosomatiques comme les maux de tête, les maux d’estomac, des insomnies et un manque d’appétit. Elle faisait une crise d’hypo tension ». Cette situation décrite par la Psychologue du CISM de N’djili, est confirmée par Maria en ces termes : « j’ai eu mal à la tête, j’étais traumatisée. Je suis tombée à cause de la tension et on m’a amené au Centre ou j’ai fait deux jours. Quand je suis rentrée, j’étais chez un autre oncle, lorsque sa femme m’a demandé ce qui s’est passé. J’ai encore eu des maux de tête et des vertiges ainsi qu’une baisse de tension. On m’a ramené au Centre. »


La survivante bénificiant d'un kit de dignité après la prise en charge médicale et psychologique

La prise en charge au CISM de N’djili durant la période de confinement

J’ai été bien prise en charge et je vais mieux. Je n’ai plus mal à la tête, ni au ventre. Je vais mieux. Mais je dois poursuivre le traitement » ainsi s’exprimait Maria après sa prise en charge et son suivi au CISM de N’djili. Ce Centre a bénéficié d’un renforcement de l’UNFPA au mois d’avril 2020, juste au début du confinement de la ville de Kinshasa pour améliorer les capacités de prise en charge multisectorielle des victimes de violences basées sur le genre. Cela a permis à ce centre de répondre aux besoins de plusieurs autres survivantes de violences basées sur le genre à l’instar de Maria. Après la prise en charge de Maria au CISM, la psychologue visiblement contente de son travail s’exprime en ces termes « Vu son état je l’ai prise en charge dès le premier jour avec une psycho thérapie, qu’on appelle geste thérapie et le counseling. Aujourd’hui c’est la 4eme semaine. J’observe qu’elle s’est stabilisé, elle a repris le sommeil, l’appétit aussi car elle mange normalement. Elle n’a plus cette revivissance et l’hyper vigilance, la tension s’est stabilisé et les maux d’estomac ont disparus. Elle a très bien évolué par rapport à elle-même. Elle a retrouvé la confiance en soi. »

Quant au Médecin du centre, il dira : « Nous recevons des malades qui nous reviennent avec tristesse et autres traumatismes. Mais la prise en charge psychosociale et sanitaire leur permet de repartir avec le sourire. Depuis que nous avons été soutenu par UNFPA, il y a une amélioration de notre travail ».

Avec la prise en charge sanitaire et psychologique, Maria est entrain de refermer progressivement les blessures de ce traumatisme. Outre ce soutien, le CISM met à la disposition de la victime un accompagnement juridique qui permet d’engager des poursuites judiciaires contre les auteurs et les complices de cette violation grave des droits de la petite fille. La loi contient des dispositions qui permettent de condamner le viol surtout lorsqu’il s’agit d’un mineur.

Durant le confinement lié à la COVID19 à Kinshasa, la période de mars à juin 2020, le CISM de N’Djili a été très actif. Ainsi, 84 survivants ont été pris en charge dont 63 de moins de 18 ans.


UNFPA équipe le CISM en Kits SR et Kits de dignité

 

CISM, une solution pour la prise en charge

Dans la ville de Kinshasa, il existe 4 CISM qui offrent des services aux survivantes de VBG. Ces centres sont appuyés par UNFPA, le PNUD, le Bureau Conjoint des nationaux Unies aux Droits de l’Homme avec un appui financier du CANADA. Cet appui se fait dans le cadre d’un partenariat multisectoriel avec le Ministère du Genre, famille et enfant, le Ministère de la santé publique. C’est un modèle d’intervention qui offre un service intégré et complet au survivant en termes de gestion des cas de VBG. Ces services sont :

  • Prise en charge psychosociale et santé mentale  
  • Soins médicaux
  • Soutien juridique
  • Réintégration socio-économique.

Ce modèle d’intégration permet à la survivante, en toute confidentialité et dans le strict respect de ses droits de bénéficier d’un accompagnement qui l’aide à guérir des blessures et des traumatismes suite à la violence sexuelle et basée sur le genre.

Maria, la survivante de 17 ans lors de son confinement chez son oncle est en train de se remettre grâce aux services fournis par le CISM de N’Djili. Cependant nombreuses sont les filles comme elle, qui sont violées, qui gardent le silence par peur de représailles, du rejet ou de la stigmatisation et qui ne bénéficient d’aucune assistance. Il convient de renforcer les capacités de prise en charge pour permettre davantage de survivants d’accéder aux services. Il convient également de renforcer les mécanismes de prévention afin de réduire les risques et in fine d’éviter la survenue de cette violation grave des droits en matière de santé sexuelle et reproductive. C’est un travail difficile, de longue haleine mais qui mérite d’être fait pour aboutir à zéro violence basée sur le genre en 2030, un objectif cher à UNFPA.

Siaka TRAORE

Spécialiste de communication.