Le quartier lualaba de la commune de Makiso est un des quartiers très animés de la ville de Kisangani. Entre des avenues animées par des magasins de vente d’habits et les nombreux débits de boissons s’invite l’afflux des taxis motos, principale voie de transport dans la ville. C’est dans cet environnement qu’est construit « Consolota », le nom de l’espace sûr tout récemment mis en service. A première vue, c’est un petit bâtiment aux couleurs orange-blanche, encore fraiches ; mais l’intérieur est animé par des femmes qui y sont toujours permanentes.
Dans la grande salle, une vingtaine des femmes a pris place et écoute religieusement l’oratrice du jour, Albertine Likoke. Elle est cheffe de bureau à la division provinciale du Genre, Famille et Enfant et ce jour elle anime une matinée spéciale sur « l’estime de soi » « C’est l’une des opportunités que nous offre ces genres des cadres. Les participantes ici sont des fonctionnaires. Elles voulaient être seules, pour qu’on parle entre femmes sur comment avoir l’estime de soi pour améliorer notre rendement au travail » explique-t-elle à la fin de la séance. C’est l’une des six séances hebdomadaires alignées à l’espace sûr. Depuis sa mise en service, « Consolata » est devenu le premier cadre où les femmes et les filles peuvent venir pour l’apprentissage des métiers et échanges sur des questions spécifiques les concernant.
Libérer la parole, promouvoir le leadership féminin
L’espace sûr est tenu par la division provinciale du Genre, Famille et Enfant de la Tshopo en partenariat avec l’ONG Sofepadi qui assure l’animation et la coordination des activités. Au-delà du cadre d’échanges, il offre un apprentissage en coupe et couture afin d’appuyer l’autonomisation économique des femmes et des filles.
Posinola Liliane se souvient de son premier apprentissage
j’habites non loin d’ici. Je n’avais pas du travail ni une quelconque compétence pour me prendre en charge. C’est une amie qui m’a parlé de cet endroit, je suis venue et j’ai commencé à prendre des cours de coupe et couture. Trois mois après, j’ai commencé à coudre les habits et je me vois maintenant utile à la société, c’est un tournant dans ma vie. Je remercie vivement UNFPA pour cet appui » témoigne-t-elle avec enthousiasme.
Annick Malirwa est cheffe du bureau de Sofepadi, l’ong partenaire de UNFPA qui a assuré la construction et l’équipement de l’espace sûr. Elle participe depuis au suivi des activités et accompagne le jeune comité qui assure la coordination et l’animation de l’espace. Un cadre qui aide la femme à ‘’s’ouvrir’’ «
c’était pour nous très important d’implémenter ce projet. L’un des obstacles à la lutte contre les VBG c’est le silence. Souvent les femmes manquent des personnes à qui se confier. C’est à ce niveau que l’espace sûr joue son rôle en offrant une oreille attentive à ses problèmes et espérer un accompagnement » fait remarquer Annick.
Une première initiative du genre dans une province de la Tshopo où il reste beaucoup en matière de lutte contre les violences basées sur le genre fait savoir Elisabeth Isikisiki Beagaba cheffe de division provinciale du Genre qui salue tout de même un premier et grand pas pour soulager les femmes de sa province.
Notre province n’a pas beaucoup d’appui comme les autres. C’est pourquoi à l’annonce du projet je me suis personnellement investie. Nous avons fait des démarches au niveau du gouvernorat et différents ministères pour avoir le terrain, et maintenant l’espace sûr est là. C’est un soulagement car c’est une première qui va tant soit peu, soulager des nombreuses femmes de Kisangani et nous serons rigoureux pour que la Banque Mondiale et UNFPA appuient, on espère bien, d’autres initiatives du genre dans d’autres zones de la province » rassure-t-elle.
UNFPA et Sofepadi ont assuré la mise en place de l’espace sûr « Consolata » à Kisangani grâce à l’appui de l’UG-PDSS à travers le projet de prévention et de réponse à l’exploitation et abus sexuels, financé par la Banque Mondiale.