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Il y a un mois, une fille de 11 ans, baptisée «Anne», s’est présentée en compagnie de sa mère dans une structure de santé appuyée par l’UNFPA dans la province de l’Ituri. Accueillie par une infirmière, elle parvint à peine à parler et raconter son histoire. Elle a pu orienter la soignante vers les violentes douleurs résultant d’un viol brutal. En effet, elle craignait les représailles de ses agresseurs. Avec patience et savoir-faire l’infirmière a pu la mettre en confiance pour lui administrer les soins.

 

Comme «Anne», des milliers de femmes et de filles de la province de l’Ituri sont soumises à la violence sexiste, et plus encore dans les provinces voisines du Kivu et Sud-Kivu.

 

Le Représentant Résident du Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA) en République démocratique du Congo (RDC), Dr. Sennen Hounton, déclare que : «Depuis le début de l'année, nous assistons à une recrudescence de diverses formes de violence à l'égard des femmes et des filles dans les zones touchées par le conflit en Ituri, dans le Nord Kivu et dans le Sud-Kivu». Il ajoute que «Les femmes et les filles ne sont pas seulement exposées à la violence sexuelle lors des conflits ou des déplacements, elles adoptent également des comportements dangereux qui mettent à risque et en danger leur bien-être. En effet, faute d'opportunités, les femmes et les filles déplacées se tournent vers le sexe de survie pour répondre à des besoins essentiels tels que les soins de santé et l'alimentation. C’est pourquoi l’UNFPA, en collaboration avec l’UNICEF, UNOCHA, Save the Children et la MONUSCO, dirige un programme de prévention de l’exploitation et des abus sexuels à l’intention de tous les acteurs humanitaires en RDC ».

 

Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies estime que quelque 400 000 personnes ont récemment fui le conflit en Ituri, 200 000 dans le seul territoire de Masisi, dans le Nord-Kivu, et 180 000 dans le territoire de Fizi, dans le Sud-Kivu.

 


Camp des deplacés à Bunia
 

Aujourd'hui, Anne et sa mère ont trouvé asile dans un camp de personnes déplacées à Bunia. Ne pouvant pas braver l’insécurité pour rentrer chez elles, elles se contentent du refuge temporaire où «Anne» partage une aire de jeux pour enfants, retrouve son sourire et pourra éventuellement reprendre l’école si leur situation de déplacées dure plus longtemps.

 

Elle bénéficie des interventions financées par le Fonds Central d'Intervention d'Urgence des Nations Unies (CERF), et mises en œuvre par l’UNFPA pour répondre aux besoins en matière de violence sexiste et de santé reproductive. A travers ce projet, l’UNFPA pourra assurer les services de santé reproductive à 70 000 personnes et sensibiliser 600 000 autres dans les crises humanitaires en cours.

 

Ceci garantira environ 19 000 accouchements sans danger, l'accès à la contraception moderne pour 17 000 femmes et des services multisectoriels à 3 954 survivantes de VBG dans des zones sensibles dans six provinces de la RDC, dont l'Ituri, le Nord-Kivu et le Sud-Kivu.

 

Au Nord-Kivu, l’épidémie d’Ebola constitue un défi supplémentaire pour la réponse humanitaire. Moins de 30% des zones de santé touchées par Ebola sont couvertes par les services liés à la violence sexiste. Ces mêmes zones de santé font partie des secteurs prioritaires, selon l’échelle de gravité du sous-cluster VBG, le groupe de coordination des acteurs de la lutte contre la Violences Basées sur le Genre présidé par l’UNFPA.

 

En 2018, les acteurs de la lutte contre la violence sexiste ont pu apporter une assistance médicale et psychosociale, un soutien juridique et une assistance socio-économique à 35 709 survivants de violences sexistes, en fonction de leurs besoins. Au cours du premier semestre de 2019, 17 099 survivants de VBG ont reçu un soutien, ce qui représente une légère augmentation, mais avec des lacunes importantes dans les points chauds.

 

«J’appelle donc la communauté des donateurs d'activer les engagements pris lors de la récente conférence d'Oslo sur la fin de la violence sexuelle et sexiste en situation d'urgence, dans le monde y compris en RDC», déclare le Dr Hounton qui ajoute que :  «Les acteurs de la lutte contre la violence sexiste ont besoin d'un soutien renouvelé pour garantir que la vie des femmes et des filles est sauvée et de rendre disponibles des soins axés sur la prise en charge des survivants au tout début d'une crise.»

 

«Les acteurs qui ne travaillent pas dans le domaine des VBG doivent s’engager aussi davantage pour atténuer les risques pour les femmes et les filles exposées à la violence en


Espace intérieur d'une hutte d'un déplacé

situation de crise. Nous devons prioriser maintenant les points chauds actuels pour sauver le maximum de vies de femmes congolaises », souligne le Dr Hounton.

 

Malgré l'intensification des opérations de sécurité menées par les forces armées de la République démocratique du Congo avec le soutien de la force de maintien de la paix de l'ONU, la MONUSCO, la violence armée et ethnique se poursuit dans de nombreuses localités du Sud-Kivu, de l'Ituri et du Nord-Kivu, entraînant des déplacements massifs et des violations des droits humains.  

 

La violence basée sur le Genre (VBG) reste sous-déclarée et sous-financée en RDC. «Nous estimons que la communauté humanitaire a besoin de 91,7 millions de dollars US, dont 44 millions de dollars pour le Nord-Kivu, le Sud-Kivu et l'Ituri, afin de protéger les femmes et les filles des risques de violences liées au genre et de prendre en charge au moins 37 500 victimes de violences en 2019. Mais nous sommes loin d’atteindre cet objectif », déclare Noemi Dalmonte, coordinatrice du sous-cluster VBG.

 

Le plan d'action humanitaire global en RDC est financé à seulement 26% et la violence sexiste dans le pays figure parmi les plus graves au monde.