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Le thème de cette célébration « Les droits des femmes sont des droits humains ! Nous devons éliminer la fistule obstétricale maintenant ! » revêt une interpellation pour prendre l’engagement de tout faire pour offrir aux nombreuses femmes et filles souffrant de la fistule obstétricale des soins de qualité disponibles et accessibles dans la vision de la couverture sanitaire universelle prônée par le Ministère de la Santé Publique, Hygiène et Prévention.


Les femmes guéries de la fistule obstétricale et les autorités

La commémoration de la Journée Internationale pour l’élimination de la Fistule Obstétricale était marquée par une cérémonie présidée par le Ministre de la Santé Publique, Hygiène et Prévention, à l’hôpital Biamba Marie Mutombo en présence de la Ministre du Genre, Famille et Enfant, le Vice-Ministre de la Santé, les Secrétaires Généraux de Santé et Genre ainsi que d’autres partenaires techniques et financiers qui accompagnent le gouvernement dans la lutte pour l’élimination de la fistule obstétricale. Deux temps forts ont marqué cette célébration à savoir les allocutions circonstancielles des autorités, les témoignages des femmes guéries de la fistule obstétricale et la remise des kits de dignité offerts par UNFPA aux femmes opérées et guéries de la fistule obstétricale à l’hôpital Biamba Marie Mutombo et St Joseph à Kinshasa y compris des femmes en traitement au centre Socio Médical Carmel dans la zone de santé de N’sele. 

Dans son discours, le Ministre de la Santé Publique, Hygiène et Prévention, Dr Jean-Jacques Mbungani a relevé plusieurs facteurs qui expliquent ce phénomène de santé notamment le mariage et grossesses précoces, la pauvreté, la malnutrition, le manque d’éducation, les plateaux techniques insuffisants dans certaines formations médicales mais surtout l'accès limité aux soins obstétricaux d'urgence et l'insuffisance de prestataires formés au niveau du pays. Pour accélérer la lutte vers l’élimination de la fistule, le ministère par le biais du Programme National de la Santé de la Reproduction (PNSR) recommande le renforcement des trois stratégies holistiques à savoir la prévention, le traitement et la réinsertion de ces femmes dans la communauté.


Le Ministre de la Santé Publique, Hygiène et Prévention, Dr Jean-Jacques Mbungani

En RDC, la fistule Obstétricale (FO) demeure un problème de santé publique. L’incidence de la fistule reste inconnue, on estime à entre 5000 et 7000 cas de fistules obstétricales par an. Mais dans le contexte où l’accès aux services de soins obstétricaux d’urgence est faible, l’incidence pourrait par conséquent être plus élevée que 2 cas de fistule obstétricale pour 1000 accouchements. 

Depuis 2006, la RDC bénéficie des campagnes de réparation chirurgicale de la fistule obstétricale réalisées dans les différentes provinces avec l’appui de l’UNFPA, et des ONG internationales (Engenderhealth, FISPRO, PROSANI ; etc….) et des Fondations comme Panzi. Malgré ces efforts, la fistule obstétricale demeure une préoccupation dans le pays avec beaucoup de défis. Pour relever ces derniers, le Programme National de Santé de la Reproduction (PNSR) a actualisé la Stratégie Nationale d’élimination de la FO en 2018 et a mis en place le Comité National de Pilotage pour la mise en œuvre de cette dernière. Pour sa part, l’UNFPA a lancé un programme de renforcement des capacités des formations sanitaires pour faciliter la prise en charge des cas des fistules obstétricales.

Au nom de l’UNFPA, Dr Achu Lordfred, Conseiller technique principal en Santé maternelle, a souligné que dans sa vision de ne laisser personne derrière, UNFPA tient à amener progressivement les services dans toutes les 26 provinces du pays d’ici 2024 par la formation des équipes chirurgicales capables de réparer les cas simples de fistules. Car le grand défi reste l’insuffisance de ressources humaines qualifiées pour le traitement de la fistule obstétricale. UNFPA, a ajouté Dr Achu, finance depuis 2019 la formation des équipes chirurgicales dans les différentes provinces. A ce jour, 8 sur 26 provinces sont dotées des équipes capables d’opérer les cas simples de fistule obstétricale, en plus des provinces qui avaient déjà une bonne expertise.


Conseiller technique pour la Santé maternelle, néonatale et adolescente à l’UNFPA, Dr Achu Lordfred

Témoignage d’une guérie de la fistule obstétricale

Ange BOKETSU, 19 ans, vient de Befale dans la province de l’Equateur. « J’étais en 5ème des humanités pédagogiques lorsque je suis tombée enceinte. J’ai poursuivi mes études malgré la grossesse. Après accouchement par césarienne, j’ai commencé à mouiller mes habits comme un bébé. J’ai demandé aux prestataires ce que cela signifiait, ils m’ont dit que ma vessie était endommagée. J’étais très inquiète surtout pour mes études d’autant plus que je tenais à obtenir mon diplôme d’Etat. J’ai finalement pris le courage de poursuivre mes études malgré l’écoulement permanent des urines et la chaleur que l’on ressent lorsque le linge est plein des urines ainsi que la honte de sentir mauvais. J’ai appris un jour par une ancienne guérie au village que l’on soigne cette maladie. Je suis venue alors à Kinshasa par une baleinière sans hésiter avec beaucoup de souffrances. Arrivée à Kinshasa, ma sœur m’a accompagnée à l’hôpital Saint Joseph où j’étais opérée gratuitement par Dr Dolores Nembunzu que je remercie beaucoup pour avoir restauré ma dignité ».

 

Après la cérémonie de l'Hôpital Biamba Marie Mutombo, la Vice-ministre de la Santé Publique, Hygiène et Prévention, Madame Véronique Kilumba Nkulu et d’autres invités se sont rendus au Centre de santé Carmel à Kinkole dans la zone de santé de N'sele où se faisait une mini-campagne de réparation de la fistule obstétricale en marge de la JIFO.  Avec l’appui de UNFPA, la Vice-Ministre a remis des Kits de dignité aux femmes opérées de la fistule. C’était une opportunité pour UNFPA de doter ce centre de santé de kits de réparation de la fistule.


Vice-ministre de la Santé Publique, Hygiène et Prévention Madame Véronique Kilumba Nkulu recevant de l’UNFPA les kits fistules 

A l'Hôpital Biamba Marie Mutombo comme au centre de santé Carmel de Kinkole, des femmes guéries et opérées de la fistule obstétricale ont reçu des kits de dignité.

La fistule obstétricale peut être évitée par la planification familiale, la présence de personnel qualifié au moment de l’accouchement, et des soins obstétricaux et néonatals d’urgence (SONU). L'UNFPA RDC finance des opérations chirurgicales et redonne le sourire à des milliers de femmes par an.

Philomène Matondo