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 Je me suis réveillée vers 22h00, dans l’une des chambres de la salle où la fête avait été organisée. J’avais mal partout et j’avais des vertiges. J’ai constaté que mes sous-vêtements étaient à côté de moi et que je n’étais pas habillée. J’ai constatée qu’un liquide coulait dans l’entrejambe et j’ai réalisé que j’avais été abusée »

Ainsi s’exprimais, Joséphine (nom d'emprunt), élève au Collège MWINDA dans le quartier Kintambo Hôpital, l’un des quartiers populaires de la Commune de Kintambo, dans la ville province de Kinshasa. Une mésaventure dont elle a de la peine à se remettre lorsque nous l’avons rencontré.

Le viol


Illustration de Joséphine, Photo.junior_mayindu 

 

Joséphine comme de nombreuses filles de son âge se retrouvent parfois les week-end entre amis pour fêter les anniversaires. Ce jour-là, elle a dansé tout comme ces autres amis au son de la musique congolaise dans une très bonne ambiance sans se douter qu’un évènement allait faire basculer sa vie. En effet, elle a été droguée sans qu’elle ne sache alors qu’elle n’est pas consommatrice de stupéfiants. C’est à son réveil, après l’effet de la drogue, abandonnée toute seule, qu’elle découvre cette violation de son corps.

Le lendemain, j’en ai parlé à l’une de mes grandes sœurs qui m’a conseillé d’aller à l’Hôpital. J’avais peur d’explique mon histoire à ma mère de peur d’être punie ».

Dans le contexte du Congo, elles sont malheureusement nombreuses les filles qui sont violées et qui peinent à donner l’information à leur parents ou entourage sous peine de subir des représailles, stigmatisation et dans le pire des cas le rejet qui pourraient aggraver leur situation.

Une double peine : la grossesse

Comme si le viol n’était pas suffisant, une grossesse vient s’ajouter à la douleur consécutive au viol. En effet, un mois après le viol, Joséphine apprend qu’elle est enceinte. Cette nouvelle l’a beaucoup ébranlée et elle s’est beaucoup inquiétée par rapport à ses études qui allaient être perturbées malgré sa détermination à ne pas quitter l’école. Elle dira avec beaucoup d’amertume,

J’ai beaucoup pleuré toute la nuit, je voyais toute ma vie détruite ».

Prise en charge au Centre Intégré de Services Multisectoriels de Kintambo  


CISM Kintambo, Photo junior_mayindu 

 J’ai été accompagnée par ma grande sœur à l’Hôpital de Kintambo où j’ai été accueillie et assistée par Mme Néné. Une autre personne m’a donné des conseils et m’a dit que si je le voulais, je pouvais porter plainte. Mme Néné m’a donné des conseils et m’a fait comprendre que ce n’était pas de ma faute ».

En effet cet hôpital abrite discrètement le Centre Intégré de services Multisectoriels (CISM) de KINTAMBO avec l’appui de UNFPA, du PNUD et du BCNUDH dans le cadre du Programme JAD (JUSTICE, AUTONOMISATION et DIGNITÉ des femmes et des filles en RDC) financé par le Canada. Ce CISM offre la prise en charge holistique aux survivant(e)s des violences sexuelles et basées sur le genre à travers les quatre volets de la réponse à savoir : médical, psychosocial, juridique et réinsertion socio-économique. Le Guichet médical est composé de sept médecins qui assurent la prise en charge médicale 24/24 et 7 jours sur 7 aux survivants de VBG. Grâce l’assistance du CISM, Joséphine a bénéficié de la prise en charge holistique. En effet outre la prise en charge médicale, elle a fortement été soutenue par la psychologue du centre qui lui a apporté un accompagnement pour faire face à cette situation.

Madame Néné, m’a aidé, elle a informé mes parents qui étaient très bouleversés. Ma mère n’a cessé de pleurer. Mon père est resté fâché avec moi pendant 1 mois » dit-elle avec peine.

L’espoir renait

Grâce à l’assistance apportée par le CISM de Kintambo, Joséphine se remet progressivement de ce lourd fardeau qu’on lui a fait porter ce jour où elle prenait part à un anniversaire. La Psychologue (Mme Néné) du CISM qui l’a suivi nous dira en substance que son état s’améliore. Le regard plein d’espoir, Joséphine, dira

Avec le travail fait par Mme Néné, ma mère ne souffre plus trop.  Elle a accepté la situation et m’encourage chaque jour et m’accompagne souvent quand je viens voir la psychologue au Centre ».

Joséphine continue à suivre les séances de soutien psychologique au CISM. Selon Mme Néné,

les séances de soutien psychologique organisées avec Joséphine lui ont permis de remonter la pente. Elle a repris ses habitudes (manger, travailler) et pourra bientôt guérir totalement de sa situation ».

 Le CISM de Kintambo a enregistré entre janvier et avril de cette année 2021 plus de 130 cas de violences sexuelles basées sur le genre. Ce guichet est un dispositif important dans la prise en charge des victimes dans la ville de Kinshasa. Outre le CISM de Kintambo, UNFPA appui 11 CISM en République Démocratique du Congo. Ces centres permettent une prise en charge holistique des victimes mais leur nombre mérite d’être augmenté pour faire face à une progression rapide des besoins de prise en charge des cas de violence sexuelle basées sur le genre.

 

Siaka TRAORE, Spécialiste de communication

Pascal BANZA, Spécialiste VBG