Prenez votre enfant. C’est un joli bébé d’une année endormi dans nos bras »,
me dis la grand-mère en me tendant l’enfant lors de la visite à domicile que nous avions effectuée avec l’équipe de l’hôpital Panzi composée d’un psychologue, d’une assistante psychosociale et d’une sage-femme auprès de Bibiche (nom d’emprunt), dans une localité de la province du Sud Kivu, en République Démocratique du Congo.
Bibiche est âgée de 17 ans ; Elle a bénéficié de l’appui du projet modèle holistique des mineures survivantes de violences sexuelles enceintes, un projet de UNFPA en partenariat avec la fondation Panzi financé par la Suède. A 16 ans, elle a été violée par un homme habitant le même quartier qu’elle. Une grossesse précoce non désirée s’en est suivie.
Les visites à domicile font partie de la stratégie mise en place dans le cadre de ce projet pour le suivi des accouchées adolescentes dans leurs communautés. Mr Jean Bosco Birengamine Mutagoma, Psychologue clinicien et psychothérapeute à l’hôpital de Panzi explique
si nous organisons des visites à domicile, c’est parce que nous sommes conscients que nous ne pouvons pas résoudre tous les problèmes à l’hôpital. Étant donné que le séjour à l’hôpital est trop court, nous allons voir après la sortie de l’hôpital comment l’accouchée mineure a été intégrée en famille. Pour les visites à domicile, l’équipe est multidisciplinaire, constituée principalement de psychologue clinicien, assisant psychosocial et d’une sage-femme. Car, les objectifs tiennent compte de cette multidisciplinarité. On va évaluer des questions médicales : y-a-il des plaintes médicales qui sont apparues après la sortie de l’hôpital » précise-t-il avant de poursuivre « Pour des questions psychologiques on essaie d’analyser si l’accouchée mineure était un enfant comme les autres enfants à la maison et dans la communauté, maintenant elle est revenue comme un enfant avec un enfant. Enfin, des questions sociales sont analysées par l’assistante sociale en vue de comprendre comment ça se passe avec la communauté par rapport à la stigmatisation et à l’intégration ».
Faiblesse du projet
Après le viol, Bibiche était internée et prise en charge à Panzi en attente de l’accouchement et pendant qu’elle y était, son bourreau a organisé une attaque chez les parents de Bibiche qi seront grièvement blessés et admis eux- aussi à l’hôpital de Panzi.
Après cette menace, ma femme et moi avions été hospitalisés pendant 3 mois à l’hôpital général. J’ai sollicité la clinique juridique de Panzi pour que le bourreau soit arrêté. Jusqu’à ce jour le dossier n’a pas encore évolué. Il continue de circuler librement dans le quartier. Son enfant est tout le temps malade. Toute cette charge me revient. C’est trop dur pour moi, » se plaint le papa de Bibiche.
C’est le grand défi du projet. La question juridique n’a pas été prise en compte alors que pour une prise charge holistique les auteurs doivent être jugés et condamnés. Pour la mobilisation des fonds additionnels en vue de la mise à l’échelle, ce modèle au profit des autres zones du pays ayant de taux élevés de violences sexuelles chez les mineurs, la prise en charge juridique sera d’importance capitale pour que le bourreau réponde sur leurs actes.
Le projet Mama Chérie est un projet pilote exécuté dans la zone de santé urbano-rurale d’Ibanda et les zones de santé environnantes du Sud Kivu. Le but de cette innovation est de développer et d'établir davantage le modèle holistique de soins administrés par une sage-femme au profit des survivantes de violences sex