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 Madeleine Kalala est une jeune mère de 42 ans. En 2017, lors de la guerre dite de Kamuina Nsapu, elle avait dû fuir Kamako où elle exerçait comme infirmière. Accompagnée de son mari et de ses quatre enfants, elle s’est réfugiée en Angola. Là, ils ont été placés dans le Camp des réfugiés de Lova tenu par le UNHCR et des terres à cultiver leur sont octroyées. Peu de temps après, Madeleine a pu être engagée comme infirmière à l’hôpital Uno.

La vie en Angola devenait dure. Nous avions des terres que nous pouvions cultiver mais nous n'arrivions plus à nous en sortir. En 2019, l’UNHCR a lancé le processus de rapatriement volontaire. J’ai alors convaincu mon mari pour que nous puissions rentrer en RDC .”

À son arrivée à Mukamba (Tshikapa, RDC), Madeleine reçoit le “kit de dignité” offert par UNFPA. Ce kit comprend entre autres des babouches, des vêtements, une brosse à dent, signe d’un nouveau départ.

Ma destination finale était Kamako. Mes collègues infirmiers qui étaient restés là-bas m’avaient demandé d’y revenir parce qu’il y avait du travail pour moi à l’Hôpital de Référence de Kamako. Cela me motivait. L’assistance en espèce reçu m’a permis de regagner facilement mon village”.

À l’hôpital de référence de Kamako, pendant ses heures de pause, Madeleine fait la connaissance de l’ONG CPO, partenaire de UNFPA. Cette structure est en charge d’un « Espace Sûr » appelé ‘Ba mama tujukayi” (Les mamans levons-nous) qui donne des enseignements sur les violences basées sur le genre, l’exploitation et les abus sexuels. L’ONG sensibilise aussi contre le mariage des enfants, les agressions physiques et sexuelles. Madeleine décide d’assister aux séances organisées par CPO au sein de l’hôpital.

“Un membre de ma famille s’était marié alors qu’il n’avait que 17 ans. Personne ne s’y était opposé alors qu’il s’agissait d’un mariage précoce. Aujourd’hui, avec les connaissances que j’ai apprises, je regrette que ma nièce ait été envoyée au mariage en étant mineure. Je milite désormais pour que des situations pareilles ne se reproduisent plus.  Une fois, une fille de 14 ans s’est fait violer par son beau-père, quand j’ai été saisie de ce dossier, j’ai directement référé à l’Association des jeunes Islamiques pour le développement (AJID) dans le cadre du projet réponse d’urgence en prévention, prise en charge des violences basées sur le Genre (VBG) et protection contre l’exploitation et les abus sexuels, avec le financement CERF. Aujourd’hui ce beau père croupit en prison”.

Depuis juin 2022, Madeleine a été nommée présidente de l' « Espace sûr ». Elle encadre une centaine de femmes :

Je donne des cours d’alphabétisation. J’apprends aussi aux femmes la fabrication des savons et des beignets. Elles peuvent ainsi devenir autonomes.”

Comme Madeleine, plusieurs filles et femmes reçoivent de l’aide en termes de soutien psychologique par les conseillères communautaires et où elles bénéficient du soutien des autres femmes de la communauté.

Les femmes et les filles doivent disposer de lieux sûrs et accessibles, offrant des services, des informations et des activités de qualité qui favorisent le rétablissement, le bien-être et l’autonomisation. La création d’«Espaces Sûrs » pour les femmes et les filles répond à cela et est un élément essentiel de la programmation de l’action contre le VBG.

L’un des objectifs d’un « Espace Sûr » est de fournir un point d’entrée vital pour les femmes et les filles survivantes de VBG afin qu’elles puissent accéder en toute sécurité aux services prévus dans le Guide des normes minimales pour « Espaces sûrs », entre autres : l’information, les services spécialisés et à l’orientation vers les services de santé ou de protection. En particulier, elles peuvent parler de leurs problèmes liés à la protection, exprimer leurs besoins, recevoir des services, participer à des activités d’autonomisation et se connecter avec la communauté.

Actuellement, trois « Espaces Sûrs » opèrent dans la province du Kasaï, dans les trois zones de santé ciblées par UNFPA: ZANGO à Kamonia, “BAMAMU TUJUKAYI” à Kamako et l’«Espace Sûr » de Nsumbula “DITEKEMENA”(espoirs). Les activités sont mises en œuvre en partenariat avec l’Association des jeunes Islamique pour le développement et plus de 89 femmes et filles ont déjà pu bénéficier des services.