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Le financement de la réponse et de la prévention des Violences Basées sur le Genre (VBG) est très faible en République Démocratique du Congo, comparativement à d’autres secteurs humanitaires et de développement ».  

C’est le représentant du Fonds des Nations Unies pour la Population, Docteur Eugene Kongnyuy qui tire la sonnette d’alarme lors de la table ronde avec les bailleurs et donateurs qui financent le secteur. Co-organisée par le Sous cluster VBG et le Bureau Américains des Affaires humanitaires, la table ronde des bailleurs tenue à Kinshasa le jeudi 16 Février 2023, a permis aux acteurs intervenant dans le secteur, d’échanger sur les défis, les opportunités et les besoins pour mieux répondre et prévenir les violences basées sur le genre en RDC, aussi bien en situation d’urgence humanitaire que dans le cadre du développement.

Selon le système de suivi des finances, en 2022, les fonds alloués aux secteurs de VBG n'ont pas atteint 2 % malgré des besoins importants. En effet, le Sous-Cluster VBG a reçu 12.775.420$ soit 1,30% contre 333.698.388$ soit 33,20% pour la sécurité alimentaire.


Anita Akumiah/Team Leader Sous Cluster VBG

Les besoins en matière de prévention et de réponse aux VBG demeurent importants. En RDC, 133 acteurs dont 78% d’ONG locales et 11% d’ONG Internationales mettent en œuvre des interventions de prévention et de réponse aux VBG dans les 26 provinces du pays. Cependant, il faut noter que ces Organisations sont sous-financées. Ce qui constitue un grand défi pour assurer la continuité des interventions.

Hormis la faible allocation financière, les courtes durées des projets ne permettent pas non plus de palper l’impact des interventions sur le changement social et comportemental des communautés.

 

D’où le plaidoyer mené auprès des donateurs par les intervenants à la table ronde, sur l'importance d'allouer des fonds à la réponse et à la prévention de la VBG compte tenu de l'ampleur des besoins dans tous les contextes et en particulier dans les contextes de crise humanitaire. Occasion également de leur rappeler la nécessité d'allouer des ressources aux crises oubliées où les besoins de réponse et de prévention aux VBG sont très élevés, le cas du Tanganyika et du Maniema.

 


Participants à la table ronde

 

 

Au nombre des interventions des acteurs œuvrant dans la lutte contre les VBG, il y a celle de Angélique Dikoume, coordinatrice du sous cluster VBG pour le grand Kasaï, qui estime qu’il existe des normes sociales acceptées au sein des communautés qui occasionnent les cas des VBG. Aussi, l’inaccessibilité de certaines zones de prise en charge, constituent des obstacles pour les survivantes, incapables de se rendre aux points de prestation. D’où son appel aux donateurs pour la continuité du financement de la réponse et de la prévention des VBG dans le cadre du Nexus, notamment dans les provinces du Kasaï et du Tanganyika.

De son côté Héritier Pituwa, Co-lead du sous cluster VBG pour le compte de l’ONG SOFEPADI (Solidarité Féminine pour la Paix et le Développement Intégral) en Ituri, a déploré les attaques des sites des personnes déplacées internes dans le territoire de DJUGU. Des situations qui accentuent les cas de VGB sur les femmes et filles en ce temps de conflit.

Elles vivent dans une situation hygiénique catastrophique. Il leur faut un accompagnement en termes des kits de dignité par exemple. Nous sollicitons des bailleurs la multiplication de ressources qu’ils apportent à la coordination, à travers UNFPA. Ceci va permettre notamment de former davantage les prestataires de service, pour des interventions de qualité en matière de prévention et de réponse à la VBG. Mais aussi assurer l’autonomisation des survivantes à travers les activités génératrices des revenus », a-t-il ajouté.

Docteur Hamisi SILAS, Coordinateur provincial de la Fondation Panzi dans la province de Tanganyika, révèle cependant, que

les bailleurs, conscients de tous les problèmes identifiés, ont cependant salué le travail abattu sur terrain par la coordination du sous cluster VBG en collaboration avec les ONG Locales et Internationales. Ils ont encouragé les interventions sous système de ONE STOP CENTER avec tous les services de prise en charge holistique (psycho-social, légal, médical et la réinsertion socio-économique) des survivantes ».


Photo de famille des participants à la table ronde/Kin

Il sied de noter que les risques de Violences Basées sur le Genre sont très élevés dans les zones affectées par la crise alimentaire. Les évaluations ont montré que les femmes et les filles touchées par les crises humanitaires dans les zones à haut risque pour la sécurité alimentaire, recourent le plus souvent à des mécanismes négatifs d'adaptation ou de survie (sexe de survie, mariage précoce, etc.). D’où l’urgence des interventions de qualité dans ce secteur.