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 Il y a deux semaines Meradi (nom d’emprunt), 18 ans, a donné naissance à une petite fille.  Elle était tombée enceinte suite à un viol subi à Nsumbula dans la province du Kasaï.

C’est avec impatience que Meradi attend reprendre le chemin de l’école dès l’année prochaine et poursuivre sa scolarité normalement. Cette jeune fille de 18 ans, qui avait été viol par son prétendant. Elle a repris l’espoir grâce à une séance de soutien psychologique organisée par l’Association des Jeunes Islamiques pour le Développement (AJID) à laquelle elle avait pris part. Cette ONG est appuyée par le Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA) grâce au financement du CERF dans le cadre du projet de réponse d'urgence en prévention, prise en charge des violences basées sur le Genre (VBG) et protection contre l’exploitation et les abus sexuels.

J’ai discuté avec les membres de l’ONG AJID. Je leur ai raconté ce qui m’était arrivé. Ils m’ont directement référée dans un point d’écoute pour une prise en charge psychosociale. J’ai décidé de garder mon bébé. En effet, j’ai compris que devenir une jeune fille mère ne doit pas être un obstacle pour mon épanouissement. J’ai accouché d’une petite fille. Elle se prénomme Micheline (nom d’emprunt).”

 

Le parcours de Meradi

 

J’étais dans mon quartier et j’ai croisé un homme. Il voulait à tout prix que je devienne sa copine. J’avais 17 ans, j'étais en 3eme année de coupe et couture et lui en avait 25. Malgré mon refus, il a continué à insister. Chaque fois que je me promenais, je priais pour ne pas le rencontrer de nouveau”.

 

Un jour, à sa grande surprise, Meradi voit arriver cet homme chez elle à la maison. Il était venu rendre visite à ses parents et leur demander sa main. Ces derniers ne lui ont manifesté aucun refus. Cependant, ils lui ont donné une condition: leur fille devait d’abord terminer ses études avant de se marier.  En guise de symbole, le jeune homme leur avait remis de la boisson et du lait. Ce geste était pour lui une garantie que Meradi ne serait pas donné en mariage à un autre homme et qu’une fois qu’elle aura fini ses études, il reviendrait pour verser la dot et l’épouser.

 

Quelque temps après, mon prétendant m’a demandé de l’aider à entretenir sa maison et faire sa lessive.  J’ai accepté. Arrivé chez lui, il m’a violée. Bouleversée, honteuse, je suis rentrée chez mes parents et j’ai gardé le silence. J’avais peur de la réaction de mes parents. Je ne voulais pas non plus que toute la communauté le sache. Durant cette période je ne fréquentais plus personne. Je m’étais renfermée sur moi et les idées noires me traversaient l’esprit. Je ne savais pas vers qui me tourner …”

Un mois après ce viol, Meradi ne voyait plus ses règles. Inquiète et angoissée, elle s’est rendue seule au centre de santé pour connaître son état. Le résultat était sans appel: elle était enceinte.

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J’étais affaiblie physiquement. J’étais perdue. Je ne savais plus vers quel saint me vouer. J’ai décidé d’aller voir l’auteur de ma grossesse. Il m’a rassuré qu’il était prêt à assumer ses responsabilités et qu’il irait rendre visite à mes parents et honorer les conditions qu’ils lui imposeraient.”

 

Lorsqu'ils découvrent que leur fille est enceinte, les parents de Meradi décident de la déposer chez cet homme. Malheureusement, quand ils arrivent à son domicile, ils apprennent que ce dernier s’en est allé à Mbuji Mayi pour, dit-on, des soins médicaux. Les jours et les semaines passent sans qu’il ne donne de ses nouvelles. On apprendra plus tard qu’il s’était simplement enfui.

 

Aujourd’hui, grâce à l'encadrement de l'Association des Jeunes Islamiques pour le Développement (AJID), partenaire de UNFPA, Meradi a repris goût à la vie et croit à un avenir meilleur. Discuter et échanger avec les autres femmes dans l’espace sûr, lui ont permis de comprendre que ce qu’elle avait subi était de la violence basée sur le genre. Elle vit désormais normalement, avec sa petite Micheline qu’elle s’est engagée à protéger et défendre.

 

La réponse de UNFPA

 

Dans la province du Kasaï, plusieurs filles comme Meradi sont victimes de viol. Elles sont parfois abandonnées et sans protection et parfois contraintes au mariage. UNFPA travaille dans cette province avec différents acteurs pour protéger ces filles.

 

Dans ce cadre, il a mis en place des espaces sûrs qui sont des cadres de prise en charge où les femmes et filles survivantes de VBG reçoivent de l’aide en termes de soutien psychologique par les conseillères communautaires et où elles bénéficient du soutien des autres femmes de la communauté. La province du Kasaï compte à ce jour cinq (5) espaces sûrs et c’est celui de DITEKEMENA (espoirs) à Nsumbula qui a accueilli Meradi.

 

Outres ces espaces sûrs, UNFPA appuie les structures de de prise en charge holistique des survivantes de VBG qui offrent : la prise en charge médicale, psychosociale, juridique et la réinsertion socio-économique.

 

Par ailleurs, UNFPA travaille sur la prévention des VBG à travers la sensibilisation des communautés sur les concepts de VBG, l’importance de la prise en charge des survivants dans un délai de 3 jours ainsi que les rôles et responsabilités des communautés dans la lutte contre les VBG. Les actions combinées de prise en charge et de prévention devraient à terme contribuer à la réduction des VBG dans la province du Kasaï.