Le soleil s'était levé timidement ce matin-là au camp de personnes déplacées internes de Don Bosco, éclairant les tentes poussiéreuses et les visages fatigués de ses habitants. Ce camp est l'un des nombreux sites autour de Goma accueillant des déplacés fuyant les combats depuis la reprise des hostilités au Nord-Kivu. Selon un rapport de OCHA publié en décembre 2024, la province comptait environ 2,74 millions de personnes déplacées internes au 31 octobre 2024.
Dans la clinique mobile installée au sein du camp, deux sages-femmes, accueillent avec bienveillance les femmes enceintes pour la consultation prénatale, d’autres pour la planification familiale. Parmi ces femmes, Falone Bahati, agée de 32 ans.
Venue de Sake dans le territoire de Masisi en février 2024, Falone, mère de sept enfants, avait choisi une méthode naturelle pour planifier ses naissances après l’accouchement de son sixième enfant, espérant ne pas avoir un autre enfant. Mais hélas !
Nous voulions espacer les naissances pour garantir un avenir meilleur à nos six enfants, mais la méthode naturelle ne fonctionnait pas pour nous dans cette situation difficile. Je me sentais désespérée, » confie-t-elle.
Falonne a choisi Sayana Press
Lors d’une campagne de sensibilisation appuyée par UNFPA et l’Union Européenne dans le camp, Falone avait entendu parler de la méthode contraceptive Sayana Press. Déterminée, elle est venue auprès des sages-femmes à la clinique mobile pour demander conseil sur cette méthode avant qu’elle ne l’adopte.
Avec cette méthode, vous êtes protégée pendant trois mois. Vous n’avez pas besoin de compter les jours ni de dépendre de votre mari pour espacer vos naissances, »
expliqua Esther Bwira, rassurant Falone. Confiante en la nouvelle méthode de planification familiale qu’elle découvre, Falone devenue une sensibilisatrice encourageant les femmes de sa communauté à faire le choix des méthodes modernes.
Grâce à Sayana Press, je peux maintenant m’occuper de mes enfants sans crainte d’une grossesse imprévue, » affirme-t-elle avec un sourire.
Sayana Press, une méthode contraceptive injectable à action prolongée, a révolutionné la vie de nombreuses femmes dans le contexte de crise humanitaire à l’est de la RDC. Distribué avec l’appui technique de UNFPA et financé par l’Union Européenne, il offre une solution discrète, pratique et efficace.
Sulamita Bumande, sage-femme travaillant au camp de Don Bosco, explique :
Les femmes comme Falone hésitent souvent à adopter des méthodes modernes en raison des tabous culturels. Notre rôle est de leur donner des informations claires et de leur offrir un espace où elles se sentent respectées et soutenues. »
Un regard sur les défis et progrès révélés par l'Enquête Démographique (EDS) 2023-2024
En RDC, l'Enquête Démographique et de Santé (EDS) 2023-2024 révèle que 32% des femmes mariées ou en union âgées de 15 à 49 ans expriment un besoin non satisfait en planification familiale, dont 19,4% souhaitent espacer les naissances et 7,4% souhaitent les limiter. Ce taux est encore plus élevé parmi les femmes sexuellement actives non mariées, atteignant 49,9%, avec 35,5% souhaitant espacer et 7,4% limiter.
Par ailleurs, environ 19,9% des adolescentes âgées de 15 à 19 ans ont déjà été enceintes, un phénomène plus fréquent en milieu rural (25,4%) qu’en milieu urbain (12,8%). Parmi les adolescentes sexuellement actives non mariées, 42% ont des besoins non satisfaits en planification familiale, soulignant l’urgence d’interventions spécifiques pour ce groupe.
Concernant la prévalence contraceptive moderne est de 15%, en hausse par rapport à 8% en 2013, avec une préférence pour les implants (3,5%), injectables (2,4%) et pilules (2,2%).
Enfin, L’Indice Synthétique de Fécondité (ISF) est de 5,5 enfants par femme, en baisse par rapport à 6,6 enfants en 2013, avec des disparités marquées entre les zones rurales (6,4 enfants) et urbaines (4,2 enfants).
Ces données mettent en lumière les défis persistants en matière de planification familiale et l’importance d’étendre l’accès aux services contraceptifs modernes, notamment pour les adolescentes et les femmes en milieu rural.
Nous voulons que chaque femme, même dans les zones les plus reculées, ait accès à des contraceptifs fiables. La planification familiale est un moyen essentiel pour leur permettre de construire un avenir meilleur. » a déclaré Esther Bwira, sage-femme à UNFPA Goma.
Au-delà des chiffres, l’histoire de Falone montre qu’avec le soutien adéquat, il est possible de changer des vies et d’autonomiser les femmes dans leurs choix en matière de contraception. Une illustration vivante de l’impact des efforts conjoints très entre UNFPA et l’Union Européenne, en appui au gouvernement congolais, qui appuient l’offre gratuite des services de planification familiale.
