Vous êtes ici

Stéphanie a souffert en silence. Elle avait perdu l’estime de sa communauté et de toutes ses amies autour d’elle. Au marché, à l’église ou dans les lieux publics, elle était obligée de se mettre à l’écart à cause de la discrimination dont elle était l’objet suite à sa maladie.

Stéphanie est tombée enceinte à 17 ans à la suite d’un viol. Durant les 9 mois de la grossesse, elle a bénéficié du soutien de sa mère qui l’accompagnait à la consultation prénatale (CPN) mais compte tenu de la distance, environs 17 Km qui séparaient le centre de santé de leur domicile, elle n’a pas su compléter tous les rendez-vous.

Au moment de l’accouchement, elle donna naissance à un garçon. Trois jours plus tard, elle a développé une fistule obstétricale. Commença alors une période sombre de sa vie.  

La vie ne m’avait pas donné la chance de poursuivre l’école, je n’avais passé que 3 ans sur le banc de l’école, y rajouter le viol suivi d’une fistule obstétricale, c’était de trop mais, dans la vie, il faut toujours croire à une issue avant la mort, voilà je souris même quand personne ne me le demande » raconte-t-elle.

Stéphanie, est parmi les rares survivantes de la fistule à bénéficier de l’accompagnement et soutien de sa petite famille. Elle avait été conduite par sa mère à la polyclinique à environ 150 km pour une prise en charge grâce aux orientations reçues par un infirmier d’un centre de santé de son village. Présentement, elle a été opérée gratuitement et est guérie complètement de la fistule obstétricale. Elle      compte retourner vivre dans son village d’origine.

Je ne suis pas capable d’expliquer la joie que je ressens depuis que je me suis rendue compte que je pourrai désormais me réveiller sans avoir mouillé le lit, je ne peux plus sortir le matelas au soleil chaque matin » raconte-t-elle.

Et de poursuivre :

Me couvrir des tissus de couches comme un nourrisson devient une histoire oubliée. Je dois revenir dans ma ville, d’abord pour montrer que la fistule n’est pas une fatalité mais aussi pour retrouver de nouveau mon estime de moi-même et ma valeur de femme » Conclut Stéphanie.

Une fistule est un conduit anormal qui fait communiquer une cavité ou un organe avec un autre ou avec l'extérieur, elle provoque une incontinence, entraînant une ostracisation sociale et des problèmes psychologiques qui dans certains cas, conduisent certaines survivantes à développer des états de dépression »

nous confie Dr Nowa MUTANGALA, médecin de la polyclinique BENIKER de l’ONG HOPE MAMA AFRICA, situé dans la commune connexe de Lubumbashi, sur la route Kinsevere. Cette structure reçoit le soutien financier de UNFPA pour la prise en charge complète et gratuite des victimes de la fistule obstétricale.

Au cours de l’année 2022, la polyclinique BENIKER, a traité 68 cas de fistule obstétricale parmi lesquels 7 mineures toutes survivantes de viol dont une fillette de 6 ans.