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« Rompre le cycle, Prévenir la fistule obstétricale chez les femmes et filles » est le thème choisi lors de la dixième journée internationale pour l’élimination de la fistule obstétricale, célébrée le 23 Mai de chaque année.  Un thème qui appelle à plus d’engagement pour éliminer la fistule en RDC

la fistule obstétricale demeure un problème de santé publique dans le pays. Elle touche plusieurs femmes, surtout des jeunes femmes qui malheureusement sont mises à côté par la société pour le mal qu’elles n’ont pas fait. Des efforts doivent être redoublés pour mettre fin à ce drame qui constitue un frein à l’autonomisation des femmes » explique Baputani Basuana, chef des services au Ministère de la Santé Publique, Hygiène et Prévention.

Durant la célébration, Keneth Ehouzou représentant adjoint de UNFPA en RDC a rappelé que la fistule obstétricale, qui a été largement éliminée dans les pays développés, continue de toucher plus de deux millions de femmes et de filles en Asie et en Afrique subsaharienne.

« On enregistre chaque année entre 5000 et 7000 cas des fistules obstétricales en RDC.

L’un des aspects tragiques de la fistule obstétricale est qu’elle survient fréquemment chez les adolescentes, qui sont donc plus à risque de complications à l’accouchement et ont généralement un accès limité aux services de santé reproductive et maternelle de qualité » a-t-il dit.


Une vue de l'assistance à l'occasion de la journée internationale pour l'élimination de la fistule

Une vie à l’écart

Dans de nombreuses communautés congolaises, les femmes et filles souffrant de la fistule obstétricale sont considérées comme « impures » et sont presque bannies de la société. Elles s’isolent et souffrent en silence, sans aucun espoir ni dignité. C’est le cas de Jolie Walaka, invitée pour partager son témoignage et sensibiliser d’autres femmes qui souffrent en silence

J’étais encore adolescente quand je suis tombée enceinte, je vivais dans le Mai Ndombe, dans l’ancienne province de Bandundu. Arrivée à terme de ma grossesse, je suis malheureusement partie dans un dispensaire pour accoucher, par manque de moyens. L’infirmier disait que je n’étais pas encore à terme et malheureusement le travail a été long. J’ai accouché d’un joli bébé, mais après on a remarqué que les liquides n’arrêtaient pas de couler. Ce fut le début de mon calvaire. On a même dit que j’ai été ensorcelé, qu’il fallait des rituels pour me purifier car je ne pouvais plus m’approcher des autres à cause des odeurs », Raconte-elle avant d’ajouter, c’est grâce à une connaissance de l’Eglise que j’ai appris que c’était la fistule et c’est après que je suis venue à l’hôpital Saint Joseph de Kinshasa où j’ai été opérée et guérie de cette maladie » explique Jolie Walaka.

 

Des défis dans un nuage d’espoir

Le Ministère de la Santé Publique, Hygiène et Prévention renseigne que 0,3% des femmes congolaises ont déjà présenté des symptômes d’une fistule obstétricale. La situation est dramatique pour les femmes vivant dans les zones reculées, fait savoir le délégué du Ministère de la santé à la cérémonie: 

On doit noter que malgré ce tableau inquiétant des efforts sont entrain d’être fait, car plus ou moins 2000 femmes souffrant de la  fistule obstétricale ont été opérées avec succès en 2023.

On doit donc réorienter les efforts pour la prochaine décennie » explique-t-il avant de remercier UNFPA et les autres partenaires engagés dans la prévention et la prise en charge de la fistule obstétricale en RDC.
 

Pour sa part, Fistula Fundation note également qu’il y a des résultats à célébrer car les dix dernières années près de 10.000 femmes ont recouvré leur dignité après des campagnes d’opérations dans différentes provinces de la RDC.    

Dans la concrétisation de son adhésion à la campagne mondiale, la RDC en partenariat avec UNFPA avait lancé sa campagne de l’élimination de la fistule obstétricale en 2006. Dès lors, le pays a déployé beaucoup d’efforts avec ses partenaires pour avancer vers l’élimination de la fistule obstétricale et le soutien aux survivantes à travers la stratégie à trois axes à savoir la prévention, le traitement et la réintégration sociale.

Des progrès remarquables ont été enregistrés mais beaucoup reste à faire pour atteindre l’objectif de zéro fistule obstétricale dans une génération. On peut citer par exemple la formation des prestataires dans la chirurgie réparatrice de la fistule obstétricale qui fait qu’à ce jour 22 provinces sont dotées chacune d’une équipe chirurgicale et des matériels pour la prise en charge des femmes et filles souffrant de la fistule obstétricale »

fait savoir Keneth Ehouzou avant de  rappeler que la vision de UNFPA et du  gouvernement de la RDC à travers la stratégie nationale pour l’élimination de la fistule obstétricale, est celle de doter toutes les 26 provinces du pays en capacités adéquates pour le traitement chirurgical des femmes et filles souffrant de la fistule obstétricale d’ici fin 2024.

Il a enfin réitéré l’engagement de UNFPA dans la poursuite de son appui pour améliorer la couverture sanitaire universelle en matière de la Santé Reproductive, Maternelle, Néonatale, des Enfants et des Adolescentes en général et en particulier dans la poursuite de la campagne de l’élimination de la fistule obstétricale.