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Communiqué de presse :

La crise dans l’Est de la République Démocratique du Congo s’intensifie.

UNFPA, BCNUDH et ONU Femmes renforcent le plaidoyer pour plus d’investissements en vue de prévenir les violences à l'égard des femmes et des filles.

Kinshasa, 30 Novembre 2023. Le Fonds des Nations-Unies pour la Population (UNFPA), le Bureau Conjoint des Nations Unies aux Droits de l’Homme (BCNUDH) et ONU Femmes sont profondément préoccupés par l’impact de la crise sécuritaire prolongée dans l’Est de la RDC.

L’intensification des affrontements armés, depuis octobre 2023, ayant un impact direct sur la sécurité des populations les plus vulnérables notamment les femmes et les filles qui sont particulièrement des cibles des violences, qui entraînent des conséquences dévastatrices sur leur santé physique et mentale, leur sécurité et leur bien-être.

Les conflits armés obligent des populations à quitter les zones d’affrontement, et ce déplacement forcé expose davantage les femmes et les filles aux violences basées sur le genre souvent perpétrées par des hommes en armes d'une part, et de l’autre, la pénurie en ressources de base (eau, nourriture et combustible) ainsi que des conditions de vie précaires. Les hommes et les garçons parmi les populations civiles, sont également exposés à ces risques. Le nombre de cas de violences basées sur le genre (VBG) pris en charge pendant la période de juin à septembre 2023 est en augmentation, soit 84.238 cas comparativement aux 83.311 cas recensés à la même période en 2022.

UNFPA estime à plus de 400.000 les femmes et jeunes filles à risque de VBG dans les trois provinces de l’Est de la RDC en proie aux conflits à savoir, le Nord Kivu, le Sud Kivu et l’Ituri qui accueillent la majorité des personnes déplacées internes. Bien que la plupart des femmes soient exposées aux risques des VBG, d’autres groupes spécifiques notamment, les adolescentes, les femmes et les filles chefs de ménages, les femmes âgées, les femmes et filles vivant avec handicap sont, en raison de leurs identités, confrontés à des préoccupations et à des difficultés supplémentaires pour accéder aux services sociaux de base dans cet environnement instable.

BCNUDH, le Bureau des Nations Unies spécialisé dans la protection des droits de l’homme déclare que les violences sexuelles liées aux conflits doivent cesser immédiatement et demande un accès équitable à la justice pour toutes les victimes ainsi qu’une réparation pour les survivantes des violences sexuelles liées aux conflits.

ONU Femmes, l’agence spécialisée des Nations Unies qui milite en faveur de l’égalité des sexes et à l’autonomisation des femmes, déclare que la violence basée sur le genre (VBG) constitue l’un des principaux problèmes de violation des droits humains auxquels sont confrontées les personnes, les familles et les communautés touchées par les crises humanitaires à répétition dans l’Est de la République Démocratique du Congo.

En juin 2023, UNFPA s’était engagé à intensifier ses interventions dans les provinces du Nord Kivu et Sud Kivu ainsi que l’Ituri. Dans ce cadre, 16 espaces sûrs ont été mis en place dans les camps des déplacés internes pour fournir un environnement protecteur aux femmes et aux filles. 16 centres de santé dont 3 au Sud-Kivu, 7 en Ituri et 6 au Nord-Kivu ont été placés pour fournir des soins médicaux aux survivants des violences basées sur le genre, et 34 prestataires de soins psychosociaux ont été formés et déployés afin de fournir un service de qualité aux femmes et aux filles déplacées et survivantes des violences. De même, 84.000 personnes ont été sensibilisées sur la lutte contre les violences basées sur le genre et la protection contre les abus et exploitations sexuels, 8.320 femmes et jeunes filles ont reçu des kits de dignité pour garantir leur hygiène intime en situation d’insécurité.

Pour renforcer le leadership des femmes et garantir leur autonomisation économique, ONU Femmes met en place un programme de : planification et budgétisation sensibles au genre, appui technique au Ministère du Genre pour une coordination efficace et la mise en œuvre de la stratégie nationale de lutte contre la violence sexuelle et sexiste, appui au Plan d’action national sur la femme, la paix et la sécurité de la résolution 1325, leadership et participation politique des femmes, autonomisation économique des femmes et entreprenariat féminin.

Au cours des séances de focus groupes organisées avec les femmes et les filles déplacées, elles expriment le besoin d’avoir plus d’autonomie pour se prendre en charge et subvenir aux besoins de leurs familles ; elles aspirent aussi à avoir plus de sécurité et la paix pour retourner dans leurs communautés d’origine. UNFPA, BCNUDH et ONU Femmes portent ensemble la voix de ces femmes pour mettre fin à la violence envers les populations civiles ; pour renforcer la prévention des violences basées sur le genre à travers le renforcement du système de sécurité qui réduit la vulnérabilité des femmes et des filles à la violence à travers des programmes d’autonomisation corporelle, sociale et économique des femmes et des filles, la promotion des droits en matière de santé sexuelle et reproductive, la mise en œuvre effective des différentes lois et stratégies, l’opérationnalisation des mécanismes institutionnels de prise en charge au niveau national et local et la transformation progressive des comportements et des normes sociales préjudiciables en engageant les hommes et les garçons, les leaders traditionnels et réligieux à la lutte contre la violence basée sur le genre dans les situations de crise humanitaire.

La campagne des 16 jours d’activisme contre les violences basées sur le genre, commémorée cette année sous le thème : « TOUS UNiS ! Investir pour prévenir la violence à l’égard des femmes et des filles », est une opportunité pour appeler aux gouvernements, les institutions publiques et les institutions internationales, le secteur privé ainsi que les communautés à se mobiliser pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes et des filles.

UNFPA, BCNUDH et ONU Femmes appellent à la priorisation du financement des programmes de lutte contre la violence basée sur le genre, car la situation reste préoccupante en ce qui concerne les services de prise en charge holistiques de qualité pour les survivants des violences sexuelles en particulier, et la prévention qui peine à trouver du financement, sans compter les services de réintégration socio-économique et d'assistance juridique qui ne sont financés respectivement qu’à hauteur de 25 % et de 5 % des cas signalés. Une augmentation urgente des investissements pour protéger la santé et la sécurité des femmes et des filles touchées par la crise humanitaire est nécessaire car dans chaque situation d'urgence, la réponse humanitaire doit donner la priorité à la santé et aux droits sexuels et reproductifs, ainsi qu'à la protection contre la violence sexiste. Ce soutien permet non seulement de répondre aux besoins les plus urgents des femmes, mais aussi de les aider à dépasser les crises pour retrouver l'espoir et les opportunités, souvent contre toute attente.

Pour plus d’informations : Brigitte Kiaku, UNFPA : kiaku@unfpa.org

Marina Mestres Segarra, ONU Femmes : marina.segarra@unwomen.org