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Grâce au petit commerce que je mène ici, je peux nourrir ma famille et payer la scolarité de mes deux enfants ».

Ce propos plein d’espoir cache bien les épreuves que Stella (nom d’emprunt) a traversé pendant la guerre depuis sa fuite de Luhonga vers Saké dans la province du Nord Kivu pour se retrouver dans le camp des personnes déplacées internes de Bulengo.

Les mésaventures de Stella

Stella, 27 ans et mère de 2 enfants, est arrivée sur le site en février 2023 après avoir fui les affrontements armés entre un groupe rebelle et l’armée gouvernementale. Elle qui a quitté sa vie tranquille pour se retrouver sur le site de Bulengo où se trouve plus de 100,000 personnes déplacées internes.

 Avant de fuir, je vendais du charbon de bois au village et mon mari était un convoyeur de camion et qui a été tué. Ma vie a soudainement été bouleversée ».

Après son installation au site des personnes déplacées interne de Bulengo, elle a commencé à réorganiser sa vie et reprendre de l’espoir quand un autre évènement s’introduit pour la bouleverser une seconde fois. Un jour, elle est partie avec une voisine pour aller chercher du bois du chauffe dans le parc de Virunga. Elle et sa  voisine se sont levées très tôt avant la levée du jour aux environs de 5h du matin pour avoir la possibilité d’amener beaucoup de bois. C’est pendant qu’elles étaient dans la forêt qu’elles sont attaquées par des hommes qui les ont violées malgré leur résistance.

Après le viol, Stella a gardé le secret jusqu’à ce qu’elle soit en contact avec des sensibilisations communautaires de l’ONG Action Aid, un partenaire de UNFPA sur le site de Bulengo.


Stella, une déplacée interne de Bulengo

La prise en charge de Stella

En écoutant les messages de sensibilisation, elle a compris qu’elle devrait se rendre à l’espace Sûr de Bulengo pour bénéficier d’une prise en charge. A cet espace dédié aux femmes et filles, mis en place par UNFPA en partenariat avec l’ONG Action Aid, commence sa prise en charge. Elle est accueillie par Rosine et Antoinette, les agents psychosocial (APS) de l’espace sûr de Bulengo. Cette prise en charge lui a permis de se remonter et de surmonter la situation. A partir de cette porte d’entrée, elle bénéficiera d’une prise en charge médicale appropriée     sur le site de Bulengo et à Goma la ville la plus proche du site. Malheureusement, l’autre femme qui avait été violée en même temps qu’elle n’a pas eu accès à la prise en charge. En effet, mariée, elle ne voulait pas que son conjoint soit au courant de ce qui lui est arrivé. Elle craignait les conséquences négatives de cette information sur sa vie de couple.

La prise en charge Psychosociale et médicale dont a bénéficié Stella lui a permis de remonter la pente et de retrouver ses repères.

Après la prise en charge psychosociale et médicale, les APS nous ont demandé de ne plus aller dans le parc pour éviter d’être violé à nouveau. C’est alors que j’ai été formé pour la conduite d’une activité génératrice de revenu » a déclaré Stella lors de la rencontre que nous avons eue avec elle à l’espace sûr de Bulengo.

La vie après le viol

     Stella a eu l’opportunité de participer à une formation organisée par l’ONG Action Aid. Pendant une semaine, à l’espace sûr de Bulengo,

j’ai appris à améliorer mes techniques en matière de gestion d’une activité. J’ai décidé d’entreprendre des activités de petit commerce car c’est ce que je sais faire le plus et c’est ce que je faisais avant  le conflit armé ».

Grâce à l’appui financier de 250 USD apporté par UNFPA à Stella dans le cadre de la stratégie de réinsertion socio-économique au profit des femmes et filles vulnérables, son ambition d’autonomisation est devenue une réalité.

L’argent en main, grâce au cash transfert de UNFPA, elle s’engage dans le petit commerce. Aujourd’hui, elle vend au petit marché du camp et également à côté de sa maison du haricot, du poisson, de l’huile, de la farine, des arachides, etc.      Son affaire marche bien et avec ce commerce, elle peut se nourrir et nourrir ses enfants. Elle arrive également à scolariser ses enfants. Elle a même décidé de faire changer d’école à ses enfants en les envoyant vers une structure scolaire un peu plus couteuse et de meilleure qualité.

Moi, j’ai la chance, j’ai pu bénéficier de cet appui qui est en train de changer ma vie. Cependant beaucoup de femmes et filles ont des besoins qui ne sont pas pris      en charge. Je lance un message pour renforcer les actions en faveur des femmes et des filles. » dira Stella lorsqu’elle s’est mise à parler de ses pairs.

La situation des femmes et des filles à l’Est de la RDC est très difficile et les violences basées sur le genre constituent un grand défi. Il y a lieu d’intensifier les actions de prévention tout en renforçant la prise en charge des cas de VBG. UNFPA, travaille avec les autres acteurs pour répondre aux nombreux besoins.  C’est dans ce cadre qu’il a décidé depuis juin 2023 d’intensifier ses interventions dans les provinces du Nord Kivu, Sud Kivu et de l’Ituri.