Pour la réalisation de cet important acquis dans le lutte contre les violences sexuelles liées aux conflits, il a fallu réunir les experts autour d’une table ronde en vue d’étudier les mécanismes pour la mise en place d’un fonds national pour aider les survivants à obtenir les dédommagements ordonnés par la justice. L’initiative est de la Première Dame congolaise, Mme Denise Nyakeru Tshisekedi en collaboration avec le Ministère des droits humains et le Mouvement National des survivants. Sacrée championne des nations-Unies pour la lutte contre les violences sexuelles liées au conflit en décembre 2019 par le bureau de la Représentante spéciale du secrétaire général de l’ONU en charge des violences sexuelles dans les conflits, Mme Denise Nyakeru Tshisekedi a voulu offrir aux experts un cadre de réflexions sur les problèmes auxquels les survivants des violences sexuelles sont confrontés dans leur démarche pour obtenir réparation.
Il est plus que temps d’assurer la mise en œuvre de ces engagements, plus urgent d’assurer les réparations juste et adéquates aux survivantes qui ne demandent rien d’autres que justice soit faite car les communautés dans lesquelles vivent ces survivantes, voient se perpétuer la culture du viol sur fond apparent de passivité et de complicité communautaire. Il est donc temps de changer le narratif et de bâtir un Congo fondé sur des b ases solides ou l’impunité n’a plus sa place » a-t-elle souligné.
S’adressant aux membres du pourvoir judiciaire présents à l’ouverture de la table ronde, la Première Dame a rappelé l’engagement pris par la RDC en décembre 2019 principalement le communiqué conjoint sur la situation des VBG en RDC qui stipule entre autre que l’Etat congolais doit veiller à ce que les victimes et les membres de leurs familles mêmes dans les coins les plus reculés de la RDC aient accès à la justice et à des voies de réparations ; mais surtout que la RDC s’engage à accélérer le processus de création d’un fonds de réparations des survivants, en assurant son alimentation et son fonctionnement.
Une démarche saluée par le Chef de l’Etat congolais et le système des Nations-Unies
Le Président de la République S.E Felix Antoine Tshisekedi Tshilombo qui a ouvert personnellement les travaux de cette table ronde, a indiqué qu’il y était pour remplir un devoir citoyen. Car dit-il, la réparation constitue un pilier essentiel de justice transitionnelle car elle constitue pour les victimes l’un des schémas privilégiés de compensation et de satisfaction qui à termes leur permettra de recommencer une nouvelle vie ».
Le Président Tshisekedi s’est par ailleurs félicité de la proposition par le Ministère des Droits humains, de propositions de lois portant création du Fonds national des réparations des survivants des violences sexuelles et celui portant création de la commission nationale de justice transitionnelle en RDC qui ont servi de bases de discussions à la table ronde inclusive.
Pour sa part, Mme Pramilla Patten, Représentante spéciale du SG de l’ONU en charges des violences commis en temps de conflits, parle d’un grand pas franchi dans la lutte contre les VBG car la tenue de cette table ronde inclusive est un signal fort que la RDC envoie au monde après avoir été qualifié durant des décennies comme étant la capitale mondiale du viol.
Paroles aux survivantes et aux experts de la réparation
Le Mouvement national des survivants qui a porté à cette table ronde inclusive, la voix de celles qui ont survécu à ces atrocités s’est dit fier et honoré de prendre part aux discussions sur la reconnaissance de leurs droits. Mme Tatiana MUKANIRE qui en assure la coordination, a affirmé que la réparation réclamée par les survivants depuis plus de 20 ans, n’est pas que matérielle mais plutôt une question d’honneur.
Le Dr Denis Mukwege dont l’engagement dans la lutte contre les VBG lui a valu le prix Nobel de la paix en 2018 à travers la fondation Panzi qui assure la prise en charge médicale et la réinsertion sociale des survivantes, a affirmé que les réparations représentent non seulement une mesure de justice qui permet aux victimes de parachever un processus de guérison mais surtout, fournissent un soutient individuel ou collectif qui permet aux survivantes de reconstruire leurs vies dans la dignité. Fier que son Pays la RDC soit parmi les pays précurseurs de la mise en place d’un Fonds de réparations des survivants, Dr Denis Mukwege a promis son accompagnement technique dans la mise en œuvre de ce cadre en conformité avec les standards internationaux en la matière.
En effet, les participants à cette table ronde et les partenaires qui accompagnent la RDC dans la mise en place des structures pour mettre fin aux violences sexuelles sont unanimes que face à la nécessité de prévenir et de réparer intégralement les crimes se rapportant aux violences sexuelles liées au conflit et d’assurer une prise en charge systématique des victimes de ces atrocités, il s’est avéré impérieux de mettre en place de manière urgente et prioritaire un fonds destiné à octroyer des réparations aux survivants des violences sexuelles en République Démocratique du Congo. Autour des discussions qui ont porté pendant 2 jours sur la loi sur les réparations ; l’organisation et fonction du Fonds de réparation ainsi que le financement du fonds de réparation, se sont retrouvés les déléguées des survivants, les délégués du gouvernement ; les organisations de la société civile qui luttent contre les VBG, les spécialistes dans la prise en charge holistique des victimes, les organismes internationaux œuvrant dans la lutte contre les violences sexuelles, les agences du Système des Nations Unies et les membres des ambassades.
UNFPA, Agence des Nations-Unies leader dans lutte contre les violences sexuelles et basées sur le genre mais également la lutte contre l’exploitation et abus sexuels, a apporté son appui à ces discussions en assurant la présidence du groupe de travail sur la loi en matières de réparations. Une manière pour UNFPA de couronner les actions de plaidoyer menées depuis plusieurs années par les acteurs de la société civile et les Nations-Unies pour la mise en place des mécanismes juridiques pour lutter contre l’impunité des auteurs des violences sexuelles.