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Margueritte, c’est le nom d’emprunt que nous lui donnons est revenue de loin. Sur le chemin de sa fuite partant de son village Kabaya dans le territoire de Rutshuru attaqué par le groupe M23, elle a été violée. Aujourd’hui elle est vendeuse de beignets sur le site des personnes déplacées du Nyiragongo pour subvenir à ses propres besoins et à ceux de ses six (6) enfants.

Sur le chemin de la fuite

Mes enfants et moi avons précipitamment quitté notre village quand les combats ont commencé. J’étais avec mes enfants mais je n’ai pas pu savoir dans quelle direction est parti mon mari. Nous avons fait 5 jours à pied avant d’arriver ici »,

Ainsi s’exprimait Margueritte la femme de 35 ans que nous avons rencontrée dans une salle de classe qui lui sert de dortoir une fois que les enfants et leur enseignant quittent l’école en fin de journée. Avant de rejoindre ce lieu de refuge, dans sa fuite, elle et ses enfants dormaient à la belle étoile sur des pagnes qui leur servaient de lit. Comme elle n’avait pas d’argent en quittant son village, elle a décidé de couper du bois de chauffe pour vendre afin de nourrir ses enfants. C’est lorsqu’elle était dans le parc que des hommes armés sont apparus et l’on violée.

Blessée dans sa chair et dans son esprit, un autre réfugié lui conseilla de se rendre dans le centre de santé de Kibati à 4 km environ du parc où elle a pu avoir les premiers médicaments.

La prise en charge médicale et psychosociale de Margueritte

Une fois sur le site des déplacés, elle a expliqué sa situation à l’ONG ICAD, un partenaire de mise en œuvre de UNFPA qui a organisé sa prise en charge.  Dans un premier temps, elle est a été suivie médicalement ensuite elle a bénéficié d’un accompagnement psychosocial. Quand nous l’avons rencontrée, on peut facilement noter que malgré l’épreuve, c’est une femme qui a des ressources internes pour se battre et faire faces aux nombreux défis de la vie. La prise en charge psychosocial semble avoir eu des effets positifs sur sa vie. Dans les échanges elle dira :

ils ont bien pris soin de moi, je me porte bien et je fais vend des beignets pour prendre soin de mes enfants ».   

L’autonomisation économique de Margueritte

UNFPA a mis en place sur le site de Nyiragongo, une stratégie d’autonomisation économique des femmes à travers le « transfert de cash ». Ainsi, 455 femmes dont Margueritte ont bénéficié d’un montant de 95 USD pour entreprendre des activités d’autonomisation économique.

Une fois qu’on m’a dit que j’étais éligible à un appui financier, je me suis dit que cela va me permettre de reprendre mon activité de préparation et de vente de beignets que je faisais déjà à Kibaya ».

Nous avons vu Margueritte entrain de préparer des beignets au bord de la route, non loin de l’école. Elle était assise parmi d’autres femmes qui vendaient du charbon, du bois, des fruits, des légumes, etc. Pour elle, ce commerce lui donne une occupation qui n’est pas risquée comme la vente de bois et lui permet de nourrir ses 6 enfants en attendant leur retour à Kibaya, une fois que la paix sera de rétablie.

 

Pour Papy Shweka, spécialiste du cash transfert à UNFPA,

 l’appui financier apporté avait pour objectif de répondre aux besoins de base des femmes vulnérables. Nous avons vu que certaines bénéficiaires ont entrepris des activités génératrices de revenus qui leur permettent d’améliorer leur condition de vie ».

La stratégie de transfert du cash

UNFPA a entrepris dans le cadre de la crise humanitaire dû à la résurgence des combats dans la zone de Rutshuru qui a vu le déplacement massif de population sur le site de Nyiragongo, de mettre des cash à la disposition des femmes vulnérables une somme d’argent pour leur permettre de faire face à leur besoin de base. Ainsi, au total 522 femmes ont reçu une somme d’argent. Cette stratégie a été mise en œuvre par ICAD, l’ONG partenaire de UNFPA.  La mise en œuvre de cette stratégie a été possible parce que UNFPA en RDC a reçu des Emergency Fund de son siège pour entamer l’appui au femmes vulnérables en attendant la mobilisation de ressources complémentaires pour gérer la crise. C’est cet appui dont a bénéficié Margueritte pour faire son commerce de beignets.

L’exemple de Margueritte du site de Nyiragongo montre que le transfert de cash est un moyen d’autonomisation de la femme. Au vu de l’impact positif sur la vie de ces femmes, il est nécessaire de poursuivre cette stratégie de transfert de cash et de l’étendre à beaucoup d’autres femmes.