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Nana, (nom d’emprunt) une jeune fille de 24 ans venue au Centre de santé Vungi à Butembo pour remercier les assistants psychologiques et UNFPA de l’aide dont elle avait bénéficié pendant toute la durée de sa souffrance. C’est au centre d’écoute de cette formation sanitaire que nous l’avions rencontré avec les larmes aux yeux et un peu hésitante pour raconter son histoire choquante qu’elle aimerait oublier, mais chose difficile parce que cette nuit-là, elle avait perdu ce qu’elle considérait comme un bijou dans sa vie, « sa virginité » d’une manière très atroce.

 

C’était la nuit, j’étais avec ma mère et ma grande sœur dans la maison. Subitement, nous avions entendu des bruits dehors et on a commencé à frapper à la porte chez nous. Ils ont forcé la porte, 4 personnes se sont introduites dans la maison en se dirigeant vers moi. Ils ont demandé où se trouvait mon père. Je leur ai dit que papa n’est pas la maison. Ils m’ont demandé alors de l’argent. Je leur ai répondu que je n’en avais pas. Ils ont installé ma mère et ma grande sœur sous le lit et ont commencé à me tabasser avec une planche. Avec cette souffrance, je leur ai remis l’argent de la chorale que je gardais à la maison. Je croyais que c’était fini. Ils m’ont demandé de me déshabiller tout en poursuivant à me tabasser. J’ai fini par me déshabiller et ils m’ont violée tous les 4 à tour de rôle alors que j’étais encore vierge. J’avais du sang sur mes cuisses. Je ne voulais plus qu’une personne s’approche de moi. J’ai pleuré toute la nuit ».

 

UNFPA appuie le Bureau Central de la Zone de santé de Katwa en intrants de Santé de la reproduction. Grâce à cet appui, Nana, comme d’ailleurs tant d’autres survivants, avait bénéficié d’une prise en charge médicale au Centre Vungi. Cette prise en charge lui a évitée non seulement une grossesse non désirée, mais également des IST et VIH. Elle a continué à bénéficier de l’assistance psychologique permettant ainsi d’atténuer ses souffrances.

Ma mère m’avait conduit à ce centre de santé où j’étais soignée de mes blessures. J’avais reçu des médicaments (ndlr Kit post viol) et un kit de dignité. Toutes ces assistances étaient gratuites ».

Cette nuit-là, Nana avait reconnu ses bourreaux, mais qu’elle n’avait jamais revu, a-t-elle précisé. Ces agresseurs sont restés impunis et constituent encore un danger parce que volatilisés dans la nature. Après plusieurs séances d’accompagnement psychologique, Nana déclare qu’elle se porte bien.  

Chaque fois que la nuit tombait, j’avais peur qu’ils reviennent encore. Maintenant, je me sens bien et j’ai repris mes activités comme avant ».

Guérie, elle compte poursuivre ses études de coupe-couture pour devenir couturière et poursuivre sa vie à la chorale.

 

Se rendre à l’hôpital dans les 72 heures

Nana est désormais engagée dans la sensibilisation informant ses paires et les autres femmes de sa communauté de l’importance d’aller dans un hôpital ou centre de santé dans les 72 heures pour recevoir une prise en charge médicale de qualité.

Si tu as honte d’aller à l’hôpital, tu pourras avoir une grossesse non désirée et les maladies sexuellement transmissibles comme le VIH».

Elle insiste aussi sur le fait d’aller dans un centre d’écoute pour une prise en charge psychologique

Le centre de santé Vungi enregistre en moyenne 2 cas de viol par mois. Il enregistre également des cas de VBG tels que les violences physique, psychologique, dénie de ressources, mariages forcés, etc.

 

Notons qu’en plus des médicaments (kits post viol et kits de prise en charge des IST), UNFPA et ses partenaires renforcent également les capacités des prestataires de service aussi bien pour la prise en charge clinique de viol que la prise en charge holistique (gestion de cas de VBG).

 

Mettre en place un Espace sûr pour les femmes et filles de la communauté

Mawaza Kioma Godelive, Assistante Psychosociale au Centre de santé Vungi suggère la mise en place des espaces sûrs où ces femmes et filles peuvent se retrouver pour l’éducation et le partage de leurs expériences et pour une thérapie de groupe qui est très efficace dans le processus de guérison et de réintégration sociale pour les survivants de VBG.

Dans le but d’assurer une prise en charge à distance dans le contexte de COVID-19, les partenaires gouvernementaux ont mis en place la ligne verte 122 pour assurer l’orientation et le référencement des survivants de VBG vers les structures de prise en charge sur toute l’étendue du territoire national. L’opérationalisation de cette ligne est soutenu par UNFPA.

En outre, UNFPA et ses partenaires travaillent également pour renforcer la prévention des VBG à travers la diffusion de messages en langues locales sur les chaines de radios et TV ainsi que des séances de discussions de groupes dans les communautés.