Vous êtes ici

Je suis en vie, je remercie Dieu et les sages-femmes ». C’est en ces termes que s’est exprimée Tulia, jeune femme de 23 ans qui était venue faire un contrôle sanitaire à la clinique mobile installée sur le site des personnes déplacées internes de Rusayo. A travers ces quelques mots, Tulia exprime sa joie d’être en vie malgré les épreuves qu’elle a traversées il y a quelques jours.

Tulia a perdu connaissance

Quand Tulia quittait le carré minier où elle vivait paisiblement avec son mari et leurs deux enfants, elle portait une grossesse déjà bien visible d’environ 8 mois. Dans cette localité, son mari travaillait comme creuseur artisanal des minerais, tandis qu’elle s’occupait des tâches ménagères. Lorsque les groupes armés ont attaqué le carré minier, sa famille a dû se réfugier dans le site des déplacés internes de Rusayo sur lequel vivent actuellement plus de 113 000 personnes.

A Rusayo, pendant qu’elle s’occupait de ses tâches quotidiennes, elle fut soudainement prise d’un malaise et après ce fut un trou noir pour elle.

Quand, je me suis réveillée, on m’a dit que cela faisait trois jours que j’avais perdu connaissance » déclare Tulia. En effet, après son malaise sur le site des personnes déplacées de Rusayo, elle a perdu connaissance dès son arrivée à la clinique mobile installée par UNFPA en collaboration avec la zone de santé et l’ONG Caritas Développement Congo.

La sage-femme courage

Vers 18 heures, je partais chercher à manger et j’ai vu Tulia, visiblement elle n’avait rien. Cependant, peu de temps après, vers 19h, j’ai vu un attroupement d’une dizaine de personnes dont trois qui transportaient une femme en direction de la clinique mobile du site. C’est alors que j’ai découvert que c’était Tulia » ainsi parlait la sage-femme Merveille de la clinique mobile qui a pris en charge cette femme dès son arrivée.


Tulia en consultation

Les premiers examens montrent que la situation de Tulia était préoccupante. Sa tension était faible, elle saignait déjà abondamment et l’enfant qu’elle portait ne donnait plus de signe de vie. Elle avait déjà perdu connaissance. Face à ce tableau clinique, l’équipe médicale de la clinique mobile de Rusayo avait une seule préoccupation ; sauver rapidement la vie de cette femme qui s’affaiblissait progressivement.

La décision d’une évacuation de la clinique vers le centre de santé de Rusayo fut vite prise, mais il n’y avait pas d’ambulance disponible ni de voiture sur le site à cette heure de la nuit. Il fallait vite trouver une moto-taxi pour son évacuation sur une distance d’environ 4 km.

L’évacuation a été dirigée par la sage-femme Merveille. Sur la moto, il y avait le conducteur, Tulia et derrière elle la sage-femme pour prendre soin d’elle. La moto, disparu dans le noir pendant environ 30 minutes avant d’apparaitre dans le centre de santé de Rusayo. Si Tulia ne se rappelle pas de cet épisode à moto, la sage-femme elle se souvient du moindre détail. Elle nous raconte le parcours difficile et toute l’assistance qu’elle a dû apporter à Tulia pour la maintenir en vie avant l’arrivée au centre de santé de Rusayo.

La prise en charge immédiate

A l’arrivé au centre de santé de Rusayo, la sage-femme Merveille de la clinique mobile poursuit son travail. Elle fait un briefing rapide à l’équipe médicale pour une prise en charge adéquate de la patiente dont l’état s’était encore aggravé à cause des conditions de transport difficile. La prise en charge est immédiate. Tulia avait perdu son bébé à cause d’une rupture utérine qui l’avait conduit à la clinique mobile du site des personnes déplacées internes de Rusayo. Elle a été admise immédiatement en bloc opératoire. L’intervention chirurgicale a permis de sauvée la vie de cette femme qui a failli mourir en donnant la vie. Grace au dynamisme de l’équipe de la clinique mobile et à sa prise en charge au centre de santé de référence de Rusayo, elle a été sauvée.

 


Tulia après consultation

L’UNFPA dans le cadre de la crise humanitaire apporte un appui au centre de santé pour la prise en charge de la santé de la reproduction. C’est ainsi que le centre de santé de Rusayo bénéficie d’une partie des 20 tonnes de kits de santé de la reproduction qu’il met à la disposition des autorités sanitaires.

La clinique mobile de Rusayo : des vies sauvées

Elle a ouvert ses portes le 13 mars 2023, c’est à dire environ un mois avant notre visite, grâce à la collaboration entre l’UNFPA, la zone de santé et Caritas Développement Goma (CADECO). Dans cette formation sanitaire plus de trois femmes enceintes en moyenne sont prises en charge par jour. Ainsi, l’équipe de sages-femmes qui travaille sept jours sur sept et 24/24 à la clinique mobile a pris en charge 120 femmes dont 23 accouchements sur le site et 97 femmes ont été prises en charge et ensuite référées vers le centre de santé de référence. Par ailleurs, 55 cas de violences basées sur le genre ont été pris en charge dont 28 dans les délais requis, c’est-à-dire avant les 72h. Enfin, outre les 201 consultations prénatales réalisées, 14 femmes ont pu bénéficier de méthodes contraceptives modernes. Sur ce dernier point, force est de reconnaitre que dans cette localité comme dans beaucoup d’autres, les besoins non satisfaits demeurent énormes.

Toutes ces interventions ont pu se faire grâce au Emergency fund de UNFPA. La dynamique déclenchée par ce financement a permis de mobiliser les ressources du CERF, du Fonds Humanitaire et du Japon pour poursuivre l’assistance aux populations et étendre nos interventions de départ.

Les interventions en cours au Nord-Kivu contribuent à sauver la vie des femmes et de leur nouveau-né et à renforcer la protection contre les violences basées sur le genre. Cependant, vu le volume important des besoins en soins obstétricaux et néonatals d’urgence, il est nécessaire de renforcer les interventions pour prendre en compte plus de femmes. Cela passe par la mobilisation de plus de ressources.