La protection contre les abus et exploitations sexuels (EAS) dans la réponse humanitaire constitue une priorité pour le Coordonnateur humanitaire en RDC. Cette action est en droite ligne avec la Déclaration IASC (Inter-agency Standing Commitee) du 11 décembre 2015 : combattre activement l'exploitation et les abus sexuels commis par les travailleurs humanitaires et mettre en œuvre cet engagement dans toutes les opérations de réponse aux crises. L’objectif est de renforcer/mettre en place un mécanisme de protection des communautés, incluant la prévention, l’engagement avec les communautés et la réponse aux incidents EAS.
En réponse à la 12ème épidémie de la maladie à virus Ebola (MVE) dans le Nord-Kivu, UNFPA, sous le leadership du Coordonnateur Humanitaire a dépêché dès le 18 février 2021 à Butembo et Beni une équipe de deux Coordonnateurs régionaux PSEA pour accompagner la réponse et renforcer les capacités des acteurs humanitaires sur les questions de la PSEA.
Intégrer la prévention des EAS dès le début de la riposte contre Ebola
Les deux Coordonnateurs régionaux PSEA, une fois à Butembo et Beni ont travaillé avec les acteurs humanitaires présents sur le terrain pour renforcer le mécanisme de protection contre les exploitations et abus sexuels en vue d’assurer que toutes les interventions mises en œuvre dans la région s’alignent à la stratégie du Réseau PSEA en RDC. Ainsi, des rencontres ont eu lieu avec les responsables des organisations humanitaires, l’association des vainqueurs de la MVE, le personnel travaillant dans la riposte contre Ebola à Butembo de même que les représentants du Gouvernement. Le déploiement des Coordonnateurs PEAS dans la zone a permis également de mettre cette thématique dans les priorités pour accompagner cette réponse sanitaire d’urgence. Ainsi, les acteurs humanitaires sont mieux préparés sur les EAS de façon précoce afin d’éviter des inconduites sexuelles préjudiciables aux interventions.
Tolérance zéro : personnel humanitaire
Le déploiement des Coordonnateurs régionaux sur le terrain a apporté au personnel travaillant dans la riposte un message clair concernant : la politique de « Tolérance Zéro » contre tout cas d’exploitation et d’abus sexuels impliquant un personnel travaillant dans le cadre de la riposte contre Ebola à l’Est de la RDC. En plus des séances de sensibilisation du personnel il y a eu aussi la signature du code de bonne conduite conjoint. Sur le terrain, on note un intérêt de la communauté humanitaire qui s’engage réellement à lutter efficacement contre ce phénomène dont la survenue pourrait ternir l’image de la communauté humanitaire. Maître Ernest Lukumwena Kalala, un des spécialistes PEAS et Coordonnateur régional, à la sortie d’une des rencontres avec les travailleurs humanitaires déclare
nous sentons que les travailleurs humanitaires sont très attentifs à ce que nous présentons sur la politique de tolérance zéro contre les exploitations et abus sexuels tel que décidé par la communauté humanitaire en RDC. Ils posent des questions qui nous permettent de donner des informations détaillées et ils n’hésitent pas à signer le code de bonne conduite. Cela montre que le message passe bien et que les travailleurs humanitaires y trouvent un intérêt et s’engagent à préserver les normes et principes humanitaires ».
Afin de mieux comprendre l’état d’esprit des travailleurs humanitaires sensibilisés sur la PEAS, nous avons rencontré plusieurs d’entre eux pour avoir leur impression. Madame ONIQ Kyalwahi de l’ONG Hydraulique Sans Frontière (HYFRO) s’exprime en ces termes :
Je viens de suivre le briefing sur les la protection contre les exploitations et abus sexuels et les obligations des acteurs humanitaires. Je m’engage à signer le code de bonne conduite, afin que je sois responsable de mes actes. Je prendrai également les dispositions pour briefer nos partenaires et la communauté »
Sensibiliser les communautés sur les actes d’exploitation et abus sexuels
Parallèlement, aux formations des acteurs humanitaires, la sensibilisation des populations se mène pour les aider à se protéger et à dénoncer tout cas d’exploitation et abus sexuels. Avec un appui financier de UNFPA, des actions de sensibilisation des communautés bénéficiaires de la riposte contre Ebola ont été menées à Butembo par l’ONG PPSSP (Programme pour la Promotion des Soins de Santé Primaires) qui travaille avec l’Association des vainqueurs de la 10ième épidémie d’Ebola dont Dr Hilaire est un membre actif. Ce dernier, après avoir été briefé lance un appel à la population en vue de dénoncer tout incident EAS
S’il y a un cas d’Exploitation et Abus Sexuels, il ne faut pas manquer de le dénoncer à travers le numéro vert 49 55 55. C’est un numéro gratuit et n’hésitez pas à l’utiliser ».
La coordination entre les acteurs humanitaires pour renforcer l’efficacité
En 2018 les acteurs humanitaires ont mis en place une coordination nationale pour la protection contre les exploitations et abus sexuels qui compte aujourd’hui 115 organisations (dont 67 ONG nationales, 33 ONG internationales et 15 agences des Nations Unies). Cette coordination est un mécanisme permettant aux acteurs humanitaires de conjuguer leurs efforts pour dégager une synergie dans la prévention et la réponse. La coordination amène chaque acteur humanitaire à prendre en compte la PSEA dans leurs interventions. Dans ce cadre, lors de la riposte contre la 10eme l’épidémie d’Ébola dans le Nord-Kivu, un mécanisme de prévention et de réponse aux exploitations et abus sexuels a été mis en place. Avec l’appui du Coordonnateur humanitaire, UNFPA a assuré la formation de plus de 300 acteurs humanitaires sur la prévention des exploitations et abus sexuels. Par ailleurs, des actions de sensibilisation des populations ont été engagées pour que tout cas de PSEA soit dénoncé par les populations bénéficiaires de l’aide humanitaire à travers les mécanismes communautaire mis en place.
Pour la communauté humanitaire en RDC, l’objectif de ce travail à travers le renforcement des capacités des acteurs, la sensibilisation des communautés est d’assurer une Tolérance Zéro pour tous cas d’exploitations et abus sexuels dans la riposte contre Ebola à l’Est. En effet, il n’est pas acceptable que l’aide humanitaire soit « souillée » par des exploitations et abus sexuels.
Siaka TRAORE