Nous avons entendu des coups de feu. J'ai dit à mes amies que ça n'arriverait pas au champ où nous étions. Nous avons donc poursuivi notre travail. Quelque temps après, nous avons aperçu des hommes en uniforme arriver au champ. Ils étaient au nombre de cinq. J'ai eu peur et ils m'ont demandé de choisir entre la vie et la mort. J'ai répondu que je voulais la vie. Ils ont abusé de moi. » Raconte Anne.
Prise en charge médicale cruciale
L'hôpital reçoit de nombreux cas d’abus commis en dehors de la ville de Bukavu. Ces survivantes arrivent souvent au-delà de 72 heures, délai minimum pour une prise en charge rapide pour éviter les infections sexuellement transmises, le VIH et les grossesses non désirées. Anne fait partie de ces survivantes arrivées à l'Hôpital de Panzi après les délais requis, souffrant notamment de maux de ventre. Elle avait contracté des infections sexuellement transmissibles après le viol. C'est après une prise en charge médicale que ses douleurs abdominales ont disparu.
J'avais très mal au ventre avant d'arriver ici. On m'a donné des médicaments, je n'ai plus mal au ventre. Je remercie l'Hôpital Général de Référence (HGR) de Panzi pour cette prise en charge gratuite, ainsi que UNFPA et le Royaume-Uni pour l'espoir qu'ils ne cessent de nous donner », témoigne Anne.
Dr MUNGWETE Josué, Médecin Directeur-Adjoint à l'hôpital Général de Référence de Panzi, précise "En ces temps tragiquement marqués par la guerre, votre aide humanitaire a été bien plus qu'un simple soutien. Elle a été un acte d'humanité, un geste d'espoir, et une source de réconfort pour des milliers de personnes durement éprouvées. Grâce à votre mobilisation, les femmes mineures et adultes enceintes ont accouché et ont été soignées gratuitement ainsi que leurs enfants. De centaines de personnes vulnérables ont vu leurs factures payées, une restauration gratuite à tout celui qui a fréquenté l'hôpital pendant cette période incertaine".
Un accompagnement jusqu’à domicile
Les patientes sont suivies jusqu'à leur domicile. Avant la sortie de l'hôpital, les assistantes psychosociales (AP) évaluent tous les besoins des survivantes et programment des visites à domicile selon les axes.
Pour Anne, même si elle habite loin de la ville, une équipe composée d'un psychologue et d'AP se rendra à domicile pour évaluer sa situation. Nous réévaluons son état psychologique par rapport à ce que nous avons fait ici à l'hôpital, et nous évaluons son intégration dans la famille et la communauté », souligne Hamadi, psychologue clinicien et psychomotricien à l'Hôpital Général de Référence de Panzi.
La résilience de Anne ne s'est pas limitée à la guérison de ses blessures physiques. L'Hôpital de Panzi l'a également accompagné sur le chemin de l'autonomisation, notamment grâce à des programmes de formation en tissage dispensés par la maison Dorcas de la Fondation Panzi.
La DPS alerte sur la rupture des kits post-viol
L'espoir donné aux survivantes en février et mars 2025, période de crise, a été rendu possible grâce au soutien de UNFPA, avec le fonds du Foreign, Commonwealth and Development Office (FCDO) du Royaume-Uni.
Actuellement, la province du Sud-Kivu fait face à une rupture d'approvisionnement en kits post-viol, alors que les cas continuent d'augmenter. Contrairement aux années précédentes, l'Hôpital de Panzi et d'autres structures de santé reçoivent désormais des cas de VBG venant de la ville de Bukavu. UNFPA a promis de fournir des kits post-viol en mai, mais ces seuls kits ne pourront pas combler le déficit existant dans la province.