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Le mariage précoce et parfois forcé est monnaie courante dans certaines localités du Grand Katanga. Certains parents obligent leurs jeunes filles à s’engager dans l’union conjugale avant d'atteindre l’âge de la majorité de 18 ans. Une pratique pourtant réprimée par la législation de la RDC et découragé par les organisations humanitaires entre autres UNFPA.

Ces parents souvent confrontés à des situations financières difficile estiment que le mariage de leurs enfants filles leurs garantis un avenir plus ou moins prospère. De l’autre part, ils estiment que marier leur fille assouplis leur fardeau et diminue sur les responsabilités qui désormais seront pris en charge par le mari et ou la belle-famille.

Rachelle MBUY, lauréate du deuxième cycle de formation en coupe-couture que nous avons rencontré au centre Kitumaini appuyé par UNFPA-RDC à Lubumbashi, est l’une de ces filles survivantes de mariage précoce et forcé.

A la rencontre de Rachelle

Née d’une famille de cinq (5) enfants dont un garçon, Naomie la fille aînée de la famille de Papa François MBUY et de Disite LOMBE, est tombée enceinte à l’âge de 15 ans après une fausse promesse de mariage par un jeune adolescent de son quartier alors qu’elle suivait le cursus normal de 3eme année des Humanités Pédagogiques.

Le Garçon habitait le même quartier que moi, il était venu voir mes parents disant qu’il voulait me prendre en mariage, c’était une simple présentation, il n’avait rien laissé en terme d’argent mais hélas, c’était déjà un cachet sur mon visage et comme je n’avais pas encore l’âge de la raison, je ne pouvais plus rien lui refusait… » Raconte Rachel.

Dans la plupart des coins du Katanga, un garçon qui s’est déjà presenté aux parents de la jeune fille est d’office considéré beau-fils, ce dernier peut avec ou sans l’autorisation des parents de la jeune fille, sortir et ramener sa ‘’fiancée’’ plus tard le soir.

 J’étais malheureusement tombé enceinte. Particulièrement je n’étais pas prête à aller fonder un foyer mais je devais juste obéir à la décision de la famille qui m’avait conduit chez mon soi-disant époux. Je ne sais même pas dire que j’étais mariée car, une femme mariée à tous les avantages et considérations mais moi c’était juste pour le sexe que j’étais dans ce mariage. » a confié Rachel.

Forcés ou non, ces mariages sont souvent une double peine pour les jeunes filles. Autant elles entrent dans le mariage à l’âge non mature, autant elles sont souvent obligées à porter le fardeau financier du ménage. 

Etant enceinte, j’étais encore tenue à me débrouiller pour trouver à manger et me payer la layette grâce au petit commerce de fruits. Ce n’était pas aisée » conclut-elle.

Neuf mois de grossesse bien que pénible pour Rachelle, celle-ci est parvenue à accoucher d’un enfant de sexe masculin qui malheureusement est mort d’une maladie deux ans plus tard, pendant que son mari avait déjà disparu en la laissant seule avec le nourrisson sans une quelconque prise en charge.

Quelque temps plus tard, Rachel a appris l’existence du Centre Kitumaini qui encadre les filles mères et autres vulnérables leur donnant de l’opportunité à l’apprentissage des compétences de vie courante en dehors du circuit scolaire. De là, elles bénéficient de l’éducation sexuelle pour qu’elles aient un accès à des informations appropriées en matière de santé sexuelle et reproductive.

Tout en plaidant pour l’accompagnement des filles mères, la sœur Marie Thérèse, directrice du centre Charité Christ Roi /Kitumaini loue la bravoure des filles mères qui viennent suivre la formation dans le centre de formation qu’elle dirige.

Les jeunes filles qui parviennent à se libérer de ces pratiques se comptent du bout des doigts et nécessitent une attention particulière ». Propos de la sœur Marie-Madeleine directrice du centre Charité Christ Roi/Kitumaini  

Rachelle s’est fait inscrite au centre de formation Kitumaini où elle a eu à bénéficier gratuitement la formation en coupe-couture et autres orientations nécessaires en santé sexuelle et de la reproduction. Elle se dit reconnaissante.

Je suis passée par des moments cauchemardesques mais grâce à l’Initiative KITUMAINI financée par UNFPA, je reviens sur la scène. Je demande à UNFPA et à ses partenaires de poursuivre la lutte contre la discrimination liée au sexe car, quand j’étais tombée enceinte, celui qui m’avait engrossée avait poursuivi sa vie normale, on ne l’appelle d’ailleurs pas garçon père » et de poursuivre « Je viens de terminer ma formation en coupe-couture, j’ai déjà la technique entre mes mains »

Il sied de noter que le mariage précoce et forcé est l’une des formes des violences basées sur le genre, une pratique néfaste contre la quelle milite UNFPA. En juin dernier, lors de son passage dans le Haut Katanga, Dr Eugene KONGNYUY Représentant résident de UNFPA avait dit que son organisation accompagne le gouvernement de la RDC dans la mise en place des mécanismes pour l’éradication des différents types de violences basées sur le genre notamment les mariages forcés et ou précoces. Il a ajouté que UNFPA travaille avec les organisations de jeunes pour que ces derniers mutualisent les efforts pour l’éradication de ce fléau qui fragilise le développement intégral de la jeunesse et hypothèque son avenir.