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Sarah Tudiakuile Mwamba est native de la  province du Kasaï, deuxième d'une fratrie de 5 enfants. Elle a quitté Tshikapa sa ville natale à l’âge de 3 ans avec ses parents pour s’installer à  Kananga où son père tenait  une pharmacie. Suite  à l’incapacité d’épurer une  dette d’environ 800 dollars que son père avait contracté à Tshikapa, le créancier proposa alors  à son père  de prendre sa fille en mariage. 

 

 Le père de Sarah refusant cette proposition, tente de repousser l'échéance pour protéger sa fille, qui était encore mineure et élève en 4ème année des humanités. Malheureusement la pression devenait plus forte que  le père se sentant inoffensif  finit par demander à sa fille d'accepter ce mariage.

J’ai catégoriquement refusé, je me suis tournée vers ma cousine Esther pour lui expliquer la situation. Esther m’a proposé de me rendre à Tshimbulu, chez son notre oncle paternel, pour échapper à ce mariage forcé.” Explique Sarah

Peu de temps après l’arrivée de Sarah à Tshimbulu, en septembre 2022, le père de Sarah fut décédé. En même temps, le créancier réapparaît et exigea son dû à l'oncle paternel. Ce dernier, malgré sa réticence, refusa de céder sa nièce Sarah pour ce mariage arrangé, estimant qu’elle n'était pas disposée à devenir une épouse.

Face aux menaces persistantes, l'oncle fut contraint de céder et commença à faire pression sur Sarah pour qu'elle accepte ce mariage. Cherchant à nouveau vers qui se tourner pour se refugier, Sarah tombe sur un programme de sensibilisation  à la radio parlant du mentorat des jeunes filles, un programme de l'ONG FMMDI axé sur la justice, l'autonomisation et la dignité des jeunes filles dans le Kasaï, financé par le Canada. Elle décida alors de rejoindre la structure  pour en savoir davantage

Le mentorat : un modèle de réussite pour les adolescentes et les jeunes

UNFPA à travers ses programmes spécifiques, investit dans la jeunesse pour les aider à découvrir leurs potentiels, dans un pays ou plus de la moitié de la population est jeune. Cette jeunesse est en quête de modèle, manque souvent de référence notamment au sein des instances décisionnelles. C’est cette problématique que l’ONG Femme main dans la main pour le développement (FMMDI), active dans la province du Kasaï-Central.

 Comme Sarah, 360 autres jeunes filles ont bénéficié de ce programme de mentorat, qui leur permet d’obtenir un encadrement de qualité et adapté à leur statut.

Je ne voulais pas aller au mariage parce que lors de nos rencontres avec la mentor, elle nous disait que le mariage forcé est une forme de violence basée sur le genre. Elle insistait sur le fait que nous devions  dénoncer et ne pas céder, » nous confie Sarah avant de poursuivre : « Je commençais à ressentir la pression de mon oncle, c’est ainsi que j’ai fait appel à un membre de FMMDI de Tshimbulu pour une médiation avec lui. »

Marginalisées et souvent victimes des normes sociales, les filles sont souvent celles qui sont privées d’école au détriment des garçons dans le Kasaï.  Pour beaucoup, la femme doit d’abord penser à se marier et à faire des enfants. Le reste n’est pas primordial pour elle. 

L’impact du mentorat pour la jeune fille 

Dans l’espace Kasaï, plusieurs pratiques coutumières constituent un frein au développement de la femme et de la jeune fille. Grâce au mentorat, des nombreux parents ont témoigné du changement positif de leurs filles au sein de la famille ; beaucoup d’entre elles sont passées de l’adolescente rebelle à une jeunesse autonome et responsable. Les parents ont aussi pris conscience du danger du mariage précoce. Grâce aux notions d'épargne, plusieurs filles se sont lancées dans l'entrepreneuriat comme le petit commerce ou encore la création des structures d’encadrement des filles. Ce programme a réussi à briser certaines barrières culturelles et ainsi susciter l’éveil de la conscience dans  la communauté.

UNFPA travaille avec ses partenaires dans la région, notamment la société civile, les communautés et les gouvernements, pour vulgariser les textes légaux qui interdisent les pratiques avilissantes à l’égard de la femme dans la province du Kasaï-Central. Cette politique consiste notamment à améliorer l'accès à une éducation de qualité et à la protection de l’enfant pour réaliser des investissements en faveur de la santé sexuelle et reproductive des jeunes en particulier.