Go Back Go Back
Go Back Go Back
Go Back Go Back

Rachel Nabintu, sage-femme au chevet des femmes déplacées

Rachel Nabintu, sage-femme au chevet des femmes déplacées

News

Rachel Nabintu, sage-femme au chevet des femmes déplacées

calendar_today 28 Août 2024

Rachel Nabintu, une sage-femme basée à Minova
Rachel Nabintu, une sage-femme basée à Minova

Bonjour les mamans, on est déjà prêts. Pour nous permettre de bien travailler, je propose que nous nous rangions en deux files, l’une après l’autre avant d’entrer dans la clinique »,

lance d’une voix amicale une jeune dame, en blouse rose et bonnet sur la tête, débout devant la clinique mobile, installée dans le camps des déplacés de Mucibwe, sur la rive du lac Kivu, à environ 8 Kilomètres de la cité de Minova, dans le territoire de Kalehe au Sud-Kivu.

Rachel Nabintu, 26 ans, est une sage-femme, basée à Minova où elle appuie depuis bientôt une année, différentes formations sanitaires de la zone en cette période de crise humanitaire caractérisée par des déplacements massifs des populations fuyant la guerre  dans le Nord-Kivu  pour se réfugier aux alentours de Minova.

Comme tout le vendredi, c’est la routine de la consultation prénatale à la clinique mobile. Les femmes alignées,  entrentsilencieusement dans la tente qui fait office de clinique mobile. Rachel, se rassure  que les gestantes  sont bien installées pour suivre attentivement les enseignements.

Rachel Nabintu sage-femme basée à Minova

Elles sont une trentaine, toutes déplacées et enceintes,attentives aux paroles de Rachel Nabintu. Elle commence la séance de sensibilisation par la présentation  classique et un mot de bienvenue chaleureux. Ensuite, elle partage des informations essentielles  sur lescomportements à adopter durant la période de grossesse et les signes de danger à surveiller en cas de malaise. La sensibilisation se termine par la présentation des différentes méthodes de planification familiale,permettant d’éviter des grossesses non désirées.

A la fin, fœtoscope et chrono en mains, elle consulte une dizaine des femmes. L’acte consiste à surveiller entre autre,  le battement de cœur des fœtus.

Venue de loin, par passion

Rachel Nabintu est pourtant native de Bukavu, chef-lieu de la province du Sud-Kivu. Elle affirme se retrouver à Kalehe par passion, motivée par une histoire personnelle :

Dès mon adolescence, je savais que j’exercerai le métier de sage-femme à cause de l’histoire que ma mère me racontait sans cesse. Elle m’a dit que pendant sa grossesse, elle avait beaucoup souffert, ayant plusieurs fois des menaces d’avortement. Elle m’a avoué que sans l’aide d’une sage-femme qui s’était impliquée, je ne serais pas venue au monde », raconte Rachel.

Avant de travailler à la clinique mobile, Rachel exerçaitdans un centre de santé àMinova. En novembre 2023, elle et deux autres de ses collègues ont étésélectionnées dans le cadre d’un nouveau projet humanitaire mis en œuvre par UNFPA en partenariat avec l’ong nationale Transcultural Psychosocial Organisation, TPO en sigle.

Il s’agit du projet d’urgence humanitaire, que nous avons reçu de la France à travers UNFPA, explique Jean Paul Tshiteya responsable duprojet à l’Ong TPO.Nous  faisions face à une situation humanitaire alarmante avec les hostilités au Nord-Kivu. L’un des objectifs du projet était d’offrir une assistance aux femmes déplacées enceintes. D’où l’installation de la clinique mobile dans laquelleRachel travaille  avec beaucoup d’engagement et enthousiasme », conclut-il.

Rachel connaîtdéjà par noms et prénoms toutes ses patientes avec lesquelles elles n’hésitent pas à échanger les coordonnées téléphoniques, pour garder un contact permanent.

Elle dit se plaire dans ce métier qu’elle ambitionne depuis

c’est très important de faire partie de la vie d’un enfant. Puisque quand un enfant vient au monde et je sais que j’ai accompagné sa maman pendant toute la grossesse, c’est faire partie de la vie de cet enfant et je me sens honorée de le faire »  dit-elle.

En termesdes défis pour son métier, Rachel souhaite que les conditions des sages femmes s’améliorent un jour en RDC où la filière n’est pas encore valorisée à juste titre, donnant l’exemple des primes de risque qui ne sont toujours pas accordées aux sages-femmes comme les autres prestataires du domaine de la santé.

Elle évoque aussi la précarité dans laquelle des hôpitaux et centres de santé fonctionnent dans des zones rurales où des sages-femmes manquent des intrants et matériel pour répondre à leur mission.

Grâce à Rachel Nabintu et en collaboration avec ses collègues plus de 100 accouchements ont été enregistrés avec succès jusqu’ici dans le camp, sans un seul décès maternel ou néonatal et 994 femmes déplacées ont adoptés des méthodes contraceptives afin de mieux planifier les naissances et d’éviter des grossesses non désirées.