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Province de la Tshopo : un nouveau CISM pour une prise en charge holistique en réponse aux VBGs

Province de la Tshopo : un nouveau CISM pour une prise en charge holistique en réponse aux VBGs

Actualités

Province de la Tshopo : un nouveau CISM pour une prise en charge holistique en réponse aux VBGs

calendar_today 30 Décembre 2024

Vue extérieure du CISM Kabondo
Vue extérieure du CISM Kabondo

Le centre de santé dit « foyer » de Kabondo en plein cœur de la ville de Kisangani connaît depuis quelques mois une fréquentation active. C’est au sein de cet établissement qu’a été installé il y a quelques mois le nouveau Centre Intégré des Services Multisectoriel (CISM) de la zone de santé de Kabondo.

A la réception, quelques chaises en plastique sont installées pour recevoir des visiteurs parmi lesquels, Linda la vingtaine révolue, qui  attend impatiemment le psychologue pour son entretien hebdomadaire. Elle est venue seule, un détail anodin, mais plein de sens car il y a quelques semaines, suite au traumatisme qu’elle a subi après avoir été violée, elle ne pouvait même pas s’exprimer

maintenant je peux en parler sans problème car j’ai reçu un accompagnement qui m’a été d’une importance capitale. Au début quand les images me revenaient, je faisais des crises de panique, je pensais aux choses horribles car pour moi c’était la fin du monde, toute ma jeunesse, ma carrière scolaire, toute ma vie était foutue après ce que j’ai connue » se confie-t-elle dans un calme qui impose empathie.

Linda habite dans un quartier périphérique du centre foyer. Elle n’avait jamais entendu parler du CISM avant le drame qui lui est arrivé. Elle avait 17 ans, était en troisième pédagogie et rêvait d’un beau parcours académique. Chaque jour après les cours, elle aidait sa mère à vendre des bananes devant leur maison. C’est là qu’elle a rencontré son bourreau qui un jour la croisa au centre ville au bord d’un véhicule accompagné d’un autre monsieur, ‘’un grand Monsieur visiblement’’ comme le rappelle Linda. Le voisin proposa de la ramener chez elle, mais hélas il la laissa dans les mains du ‘’ grand monsieur’’ qui l’amena dans une destination inconnue où il la prit par force.

Sauver des vies par une prise en charge holistique

Dr Paulin Tshitenge est responsable du CISM Kabondo, il se souvient de l’assistance dont a bénéficié Linda afin qu’elle retrouve sa dignité

Elle était venue, accompagnée par un membre de sa famille. Nous l’avons tout de suite examiné et avons donné les premiers soins dans le cadre de la prise en charge médicale. En même temps, le dossier a été transmis au service juridique du CISM pendant que le psychologue était à sa disposition afin qu’elle puisse être émotionnellement stable » explique-t-il.

Comme Linda, plus de 10 survivantes ont déjà bénéficié des services du CISM à travers les différents services de prise en charge et d’accompagnement révèle le registre de prise en charge. Pour Dr Paulin Tshitenge ; bien que le chiffre ne témoigne pas la réalité des violences basées sur le genre (VBG) dans la zone à cause des certaines victimes qui ont encore peur de dénoncer par peur de stigmatisation, ces chiffres témoignent bel et bien la nécessité de la présence  du CISM qui s’est rapproché des populations afin de lutter contre le fléau des violences basées sur le genre.

Le bâtiment CISM  a été réhabilité par l’Ong Sofepadi, dans le cadre du projet de prévention et de réponse à l’exploitation et abus sexuels, financé par la Banque Mondiale et mis en œuvre par UNFPA en partenariat avec l’UG-PDSS.

Au-delà de la réhabilitation et de l’équipement, le personnel a été formé par UNFPA sur l’accompagnement des survivants, une formation capitale témoigne Patient Masumbuku, psychologue au CISM 

la prise en charge des cas des VBG est très délicate, car certains viennent avec des blessures intérieures, ils n’arrivent pas à parler. C’est à travers cette formation que nous avons appris comment accompagner dignement les survivants afin qu’ils reçoivent toute l’assistance nécessaire au retour à la vie normale ».

De l’espoir dans un environnement plein des défis

L’assistance juridique apportée à Linda a produit ses premiers fruits mais hélas, pour une courte période se souvient Me Laurenne Katembo, avocate et assistance juridique au CISM de Kabondo 

nous avons rapidement constitué le dossier et une audience en procédure de flagrance a été tenue car le bourreau était une personnalité publique. Le bourreau a été condamné au premier degré mais hélas quelques mois après seulement il y a eu une audience foraine qui l’a acquitté au second degré » déplore Me Laurenne Katembo, qui durant toute la procédure affirme avoir été victime des menaces de mort à travers des messages téléphoniques anonymes.

C’est  l’un des grands défis liés au dysfonctionnement de l’appareil judiciaire où les hommes puissants peuvent encore faire taire la loi, déplore Annick Malirwa, responsable du projet à l’ONG Sofepadi. Elle rassure que le dossier a été transmis à d’autres instances avec l’accompagnement de UNFPA mais l’attente reste encore longue.

Formation en coupe et couture qui assurer la réinsertion socio-économique des survivantes
Formation en coupe et couture qui assurer la réinsertion socio-économique des survivantes

Par ailleurs, grâce au volet réinsertion socio-économique du CISM, Linda qui n’a toujours pas repris ses cours suit une formation en coupe et couture. A l’issue de la formation elle a bénéficié d’un kit de réinsertion composée d’une machine à coudre et de quelques consommables pour son autonomisation, tel que prévu par le mécanisme mis en place au CISM.

Une note d’espoir pour des jeunes filles et femmes qui jadis dans ce genre des cas se sentaient abandonnées explique Elisabeth Isikisiki Beagaba cheffe de division du genre de la province de Tshopo 

c’est un soulagement car ça va tant soit peu donner espoir aux nombreuses femmes et filles de Kisangani qui sont victimes des VBGs. Il y a beaucoup de besoins mais il faut commencer quelque part et on espère qu’avec UNFPA et la Banque Mondiale d’autres CISM seront installés dans d’autres coins de la province » rassure-t-elle. 

Le CISM de Kabondo est le deuxième installé et fonctionnel dans province de la Tshopo. Ces structures,  comptent sur l’appui des différents partenaires afin que les services de prise en charge demeurent fonctionnels, gage de la victoire face aux violences basées sur le genre et la protection des filles et femmes. Une lueur d’espoir dans un environnement marqué par les défis. En offrant des services intégrés et humanisés, il montre qu’un soutien adapté peut transformer des vies.