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J'ai accouché de mon premier enfant à la maison faute de moyen. C’est ma belle-mère et ma voisine qui avaient facilité l’accouchement. Le travail avait beaucoup duré et j’avais beaucoup saigné. J’ai failli mourir mais Dieu m’avait beaucoup aidé ». Nous a confié Aline Widuhae, lors de sa première consultation prénatale à la clinique mobile de Rusayo.

22 ans, Aline Widuhae vient de Kingi, un village situé à une dizaine de kilomètres au nord de la cité de Sake, dans le territoire de Masisi au Nord-Kivu où elle a fui en janvier 2023 les affrontements armés entre les Forces Armées  de la République Démocratique du Congo (FARDC) et le mouvement rebelle M23.

 

Mère d’un enfant, Aline est enceinte de sept mois et vit avec sa belle-mère et son enfant dans le site de personnes déplacées à Rusayo aux environs de la ville de Goma où elle vit en déplacement. C’est dans la clinique mobile installée par la Caritas Développement de Goma (CADEGO) avec l'appui de UNFPA grâce au financement du Fonds Humanitaire de la RDC que Widuhae souhaite accoucher son bébé avec l’assistance du personnel de santé qualifié contrairement à son premier accouchement à risque à Kingi il y a plus d’une année.


Consultation prénatale

A sept mois de grossesse, c’est la première fois que Aline fait la consultation prénatale depuis son arrivée dans le site de Rusayo et est convaincue que cette fois-ci elle va accoucher dans de bonnes mains malgré les conditions de vie difficiles en déplacement.

 

La sage-femme m’a examiné et a trouvé que mon bébé est en bonne position, il a une bonne respiration et fait un mouvement normal. Quant à moi, elle m’a trouvé avec des infections urinaires et m’a donné des médicaments. Vraiment cette fois-ci je vais accoucher dans de bonnes mains et sans aucun frais » a indiqué Aline Widuhae que nous avons rencontré au sortir de la salle de consultation à la clinique mobile.

Aider les femmes à faire le choix pour mettre au monde des bébés

 

Le Fonds des Nations Unies pour la Population préconise une stratégie en trois volets : - la planification familiale pour éviter les grossesses non désirées ; accessibilité universelle aux soins obstétricaux d’urgence en cas de complications durant la grossesse ou l’accouchement et assistance systématique à l’accouchement par du personnel qualifié. Voilà pourquoi, au-delà de l’appui dans l'installation des cliniques mobiles dans les sites de déplacés, la réhabilitation des maternités et l’approvisionnement d’intrants et médicaments qui sauvent des vies des femmes enceintes ainsi que leur nouveau-né, UNFPA met l’accent sur le renforcement des capacités du personnel médical pour rendre possible la systématisation de l’accouchement par du personnel qualifié en RDC. C’est le cas des sages-femmes formées qui vont accueillir bientôt le bébé de Aline à la clinique mobile de Rusayo.

 

UNFPA appuie le gouvernement congolais dans la reconversion de la filière sage-femme. Par conséquent, l’Organisation travaille en étroite collaboration avec le ministère de la santé Publique, Hygiène et Prévention, les universités et instituts supérieurs des techniques médicales (ISTM), la Société Congolaise pour la pratique de la sage-femme (SCOSAF), les groupes communautaires et organisations internationales.

 

Fournir des soins de santé de qualité quoi qu’il en coûte

 

Les sages-femmes assurent un large éventail d’interventions cliniques et contribuent à la réalisation d’objectifs sanitaires plus généraux, tels que la réalisation des droits liés à la sexualité et à la reproduction ainsi que l’autonomisation des femmes.

 

Ces héroïnes ont accueilli Aline Widuhae pour sa première consultation prénatale à la clinique mobile de Rusayo le 5 mai 2023 au troisième trimestre de sa grossesse. C’était à l’occasion de la journée internationale dédiée à la sage-femme. Elles vont faire le suivi jusqu'au terme de sa grossesse et prendront soin du bébé et de la mère après accouchement. Une première expérience pour Aline qui a estimé que

Si toutes les femmes enceintes avaient la chance d’être assistées avant, pendant et après l’accouchement par un personnel qualifié, plusieurs décès maternels et néonataux seraient évités».

En RDC et plus particulièrement à l’Est, les sage-femmes font bien plus qu’aider les femmes à mettre au monde des bébés. Elles fournissent des soins de santé sexuelle, reproductive, maternelle, néonatale et des adolescents (SSRMNA) accessibles, équitables et de qualité de l’accouchement et dans le domaine de la santé et des droits en matière de sexualité et de reproduction (SDSR).

 

Cependant, ce travail important de santé des mères et des nouveau-nés est fragilisé par l'insécurité grandissante et les conflits liés aux groupes armés internes et externes dans l’Est de la RDC. Le contexte sécuritaire dans plusieurs territoires des provinces de l’Ituri, du Maniema, du Nord et Sud-Kivu constitue un obstacle à la mise en œuvre des activités de santé sexuelle et reproductive signale-t-on.