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Malgré la résurgence des conflits et la situation humanitaire difficile dans la partie Est de la RDC, les femmes continuent de donner naissance en toute sécurité les champs de bataille comme dans les camps de déplacés et sites spontanés.

 

Trois paires de jumeaux en l’espace d’une semaine

Depuis son installation en janvier 2023, le camp de déplacés de Lushagala, situé au quartier Mugunga dans la ville de Goma, compte actuellement 52 775 personnes déplacées. Ici, UNFPA y a installé depuis le mois de septembre 2023, une clinique mobile avec des sages-femmes dévouées, pour aider les femmes enceintes à accoucher en toute sécurité et contribuer à mettre fin aux décès maternels évitables.

 

Enceinte de neuf mois, Amani Biramahire, 20 ans, est arrivée dans le camp de Lushagala il y a une semaine. Elle a été reçue à la clinique mobile pour l’accouchement mais elle ne s’attendait pas à des jumeaux.

Nous avons quitté Sake en pleine guerre. J’étais enceinte et à chaque détonation de bombes, faisait bouger l’enfant dans mon ventre… Je ne savais même pas que j'avais des jumeaux. J’avoue que mes enfants ont entendu les bombes. » raconte Amani Biramahire.

Si Amani ne s’attendait pas à des jumeaux, Tumaini, elle, ne pensait plus à une grossesse après ses 40 ans. Mariée et mère de onze enfants, elle en est à sa treizième grossesse. Selon elle, cette dernière grossesse est du pur hasard.

D’habitude c’est deux ans après la naissance d’un bébé que je tombe enceinte. Cette fois-ci, j’ai fait quatre ans et je ne m’y attendais plus vu mon âge. Je suis fatiguée de donner naissance mais c’est Dieu qui décidera. Mon mari avait refusé d'arrêter les naissances et je n'avais pas de choix », confie-t-elle.

Pour les sages-femmes, l’occasion est bonne pour sensibiliser Tumaini et les autres parturientes sur les avantages de la contraception en vue de réguler les naissances et garantir la santé de la mère et du nouveau-né.

Nous avons reçu ces trois femmes ici pour la première fois et elles étaient déjà en plein travail. Nous les aurions transférées étant donné qu’elles avaient des grossesses gémellaires mais c’était déjà tard », raconte Kubuya, sage-femme. « Ces derniers temps, nous recevons des femmes qui n’ont fait aucune consultation prénatale. Mais, nous faisons des efforts pour que chaque femme bénéficie au minimum, de son droit de recevoir les meilleurs soins possibles durant l’accouchement », a-t-il souligné.

 

Dans la salle où les sages-femmes reçoivent leurs clientes, un tableau en bois égrène une série des chiffres pour les consultations du mois de février : 331, 189, 70, 47, 22… Ces chiffres représentent les nombres de personnes sensibilisées sur la planification familiale, les nombres de condoms masculins et féminins distribués, le nombre de nouvelles acceptantes des méthodes modernes de contraception, les nombres de consultations prénatales réalisées et les accouchements assistés par un personnel qualifié. Depuis son installation, la clinique mobile de Lushagala a enregistré à ces jours 189 accouchements assistés par un personnel médical qualifié et aucun décès maternel n’a été enregistré.

 


Miyoti Kubuya, sage-femme, assure la surveillance et le suivi médical des femmes accouchées à la clinique mobile de Lushagala

Garantir les droits reproductifs pour tous

 


Zawadi Alliance, est contente d’avoir accouché un joli bébé en toute sécurité et sans aucun frais à la clinique mobile de Bulengo

Au Nord-Kivu, UNFPA a appuyé le gouvernement provincial à installer six cliniques mobiles dans les sites des personnes déplacées. Il s’agit des cliniques mobiles de Lushagala, Bulengo, Rusayo, Bujari, Bushagara et Don Bosco. Par ailleurs, la crise sécuritaire a pris des proportions alarmantes depuis plus d’un an dans cette région où environs 8,7 millions de personnes parmi lesquelles 1,1 millions de femmes enceintes et femmes allaitantes font face à de très hauts niveaux de vulnérabilité et nécessitent une assistance en cette année 2024.

 

Pour renforcer les services de santé reproductive et de protection des femmes et des filles les plus vulnérables au Nord-Kivu, au Sud-Kivu et en Ituri, UNFPA avait lancé un appel de près de 19 millions de dollars en 2023, mais n'a reçu que 60 % de cette somme. UNFPA soutient 17 espaces de sécurité - qui fournissent des services, notamment un soutien psychosocial et une formation à des compétences telles que la fabrication de paniers et la teinture de tissus, afin que les femmes puissent jouir d'une certaine indépendance économique - ainsi que 10 centres de santé qui fournissent des soins médicaux aux survivants de la violence basée sur le genre.