Dans les coulisses souvent méconnues mais cruciales de la lutte contre les violences basées sur le genre (VBG), se tient un pilier essentiel : l'assistance psychosociale. Témoignant de compassion et d'expertise, les professionnels d’assistance psychosociale offrent un soutien indispensable aux survivantes des VBG, les aidant à surmonter les traumatismes et à se reconstruire.
Lydie Ngalula Kapinga, âgée de 38 ans, a suivi une formation spécialisée pour obtenir une certification en gestion des cas, une compétence vitale pour sa profession. Avant cela, elle avait une expérience en tant qu'animatrice communautaire, où elle était déjà impliquée dans le soutien aux membres de sa communauté. C'est après avoir constaté l'importance du soutien psychosocial pour les survivantes de VBG qu'elle a décidé de devenir assistante psychosociale. Pour ses journées de travail, elle accueille les survivantes de VBG au Centre Intégré de Services Multisectoriels (CISM) de l'HGR Lukonga, offrant une oreille attentive et un soutien inconditionnel. « Une bonne assistante psychosociale doit être à l’écoute des survivantes et des personnes qui les accompagnent. Dès lors que tu la reçois, tu dois être capable de l’écouter et de l’orienter », nous décrit Lydie pour souligner les critères d’un(e) APS.
Au centre intégré des services multisectoriels (CISM) de Lukonga, les survivantes de VBG qui s’y présentent bénéficient d’un paquet complet des soins dans differents services (Médicaux, psychosociaux, juridiques et réinsertion socio-économiques)
Pour une journée typique, Lydie reçoit en moyenne deux survivants de VBG pour un soutien psychosocial tout en respectant les principes de confidentialité, de sécurité, de la non-discrimination et du respect. Elle les guide à travers les méandres de leur douleur, les encourageant à trouver leur voix et à reprendre le contrôle de leur vie.
L’approche centrée sur la survivante
Avant toute intervention, Lydie obtient le consentement éclairé de la survivante, puis l’écoute avec empathie. Elle présente les différents services disponibles, de l'assistance médicale et psychologique à l'aide juridique, orientant ainsi la survivante à travers les étapes de sa guérison.
Lydie partage l'histoire déchirante de Jenny Mbuyi (nom d’emprunt), une fille de 15 ans violée par son propre père. Après avoir été référée à l'HGR Lukonga pour des soins complets, Jenny a trouvé en Lydie une confidente attentive, prête à l'aider à surmonter son traumatisme et à retrouver sa voix.
Ça n'a pas été facile pour la survivante de se confier à moi. J’ai dû me faire amie à elle, gagner sa confiance et à partir de là, elle m’a raconté toute son histoire », a déclaré l’Assistante psychosociale avant de poursuivre que « c’est une attitude que plusieurs survivantes présentent. En tant qu'APS, nous comprenons ce traumatisme et nous savons comment y parvenir ».
Perspective pour perpétuer la stratégie de lutte contre les VBG
Au-delà de son travail direct avec les survivantes, Lydie joue un rôle crucial dans la sensibilisation et la prévention des VBG. Elle anime des sessions éducatives et collabore avec d'autres acteurs pour promouvoir un changement social durable.
Dans le document du circuit de référencement du sous cluster VBG, la prise en charge Psycho Social et la gestion de cas de VBG sont décrites comme des services où un soutien aux survivants de VBG leur permettant de se remettre des effets émotionnels, psychosociaux et sociaux, y compris, des soins de crise, un soutien émotionnel pratique à plus long terme et l’accès à l’information. Cela comprend la gestion de cas (G.C), les premiers secours psychologiques pour acquérir la stabilité nécessaire à une prise de décision rationnelle, les conseils psychologiques par de personnes.
L’accompagnement d’une APS
Au-delà de son travail direct avec les survivants, Lydie Ngalula Kapinga joue également un rôle crucial dans la sensibilisation et la prévention des VBG au sein de la communauté.
Souvent, il arrive que les survivantes ne respectent pas les rendez-vous. Je me rends chez elles à domicile pour m’enquérir de la situation. Les échanges avec les survivantes peuvent aller de 5 à 6 séances jusqu’à m’assurer que l’état de la survivante s’est amélioré. Chaque cas a sa particularité et est pris en charge comme tel » ajoute-t-elle.
Malgré les défis rencontrés tels qu’établir une relation de confiance, gérer les émotions et comprendre les besoins individuels des survivants Lydie dit contourner ces difficultés avec patience et résilience. Car, la récompense finale est satisfaisante ;
nous recevons des survivantes qui viennent nous donner des nouvelles. Elles nous remercient de l’accompagnement et nous disent avoir trouvé leur chemin ».
Nous remercions les différents bailleurs des fonds parce qu’Avec le projet « Prévention et réponse holistique aux violences basées sur le genre pour la consolidation de la paix dans les régions affectées par le conflit en RDC », financé par la KOICA, mis en œuvre par le consortium UNFPA-PNUD, le CISM de Lukonga assure la prise en charge holistique des survivantes de VBG.
Il sied de noter que la province du Kasaï-Central dispose de 3 CISM notamment à Dibaya, Kalemba Mulumba et Lukonga.