Malheureusement pour moi le séjour dans ma famille n’a pas été agréable ; c’est ma propre mère qui ne m’a pas acceptée non seulement parce que j’étais devenue une charge pour elle, mais surtout à cause des odeurs des urines et selles que je dégageais
« J’étais devenue encore plus isolée et seule dans ma propre famille jusqu’au moment où j’apprenais par la radio qu’il y avait une campagne pour soigner les femmes qui étaient dans la même situation que moi. J’ai pris le bus de Kikwit pour Kinshasa. Durant le voyage j’ai indisposé les autres passagers à telle enseigne que le Chauffeur a dû arrêter le bus pendant longtemps pour permettre aux gens de se soulager. Et moi qui devait me changer ; je n’avais même pas d’autres vêtements pour le faire, j’ai seulement nettoyé les mêmes pagnes qui étaient très sales d’urines et de selles. Je les ai portés encore tout mouillés ; heureusement qu’il pleuvait, personne ne s’en est rendu compte. Dans le bus personne ne s’approchait de moi, tout le monde bouchait son nez autant qu’il pouvait.
Tout ce calvaire a vite cédé à une espérance quand je suis arrivée à l’Hôpital Saint Joseph : j’ai été très bien accueillie par toute l’équipe de l’Unité de réparation de Fistule, les Dr Dolores et Dr Ange ainsi que les infirmières. Elles m’ont aidée à me laver et à me changer ; j’ai reçu des nouveaux habits et une alimentation consistante et régulière.
Comme j’avais 2 fistules urinaires et fécales, j’ai été opérée en 3 temps. Je craignais de ne plus faire les selles comme tout le monde. Un grand doute sur le recouvrement de ma santé ! Mais j’avais toujours les encouragements de Dr Dolores qui me rassurait quand même.
Ma satisfaction était totale après les opérations quand j’ai fini par faire de selles comme auparavant et uriner normalement.
J’étais sèche et propre. C’est pourquoi je manque des mots pour remercier Dr Dolores et tous ceux qui ont contribué à nous offrir ces soins. Moi, qui étais rejetée même par ma propre mère, je vous remercie infiniment.
Je suis redevenue femme et j’ai retrouvé la joie de vivre. Encore une fois merci. »