Mes parents sont décédés, et je vis ici dans le camp avec ma grand-mère, mon frère et mes cousins. Ma grand-mère est sévère envers moi. Je ne vais plus à l'école parce que, selon elle, je suis bonne à marier. Seuls les garçons ont droit à l'éducation, elle n'a ni les moyens financiers, ni le temps pour moi. »,
raconte Bibi Ntumba Jeanne, 13 ans, à l’issue d’une séance de discussion organisée par l'ONG Femme main dans la main pour le développement intégral de la Femme (FMMDI) à l'espace sûr Dinanga, situé dans l’enceinte de l'école primaire Tosalisana de l’académie militaire de Kananga.
Les échanges ont eu lieu lors d'une causerie éducative axée sur le mariage précoce et la lutte contre violence basée sur le genre, pour sensibiliser les jeunes sur leurs droits et les normes sociales auxquelles ils sont confrontés au quotidien. L'objectif était de confronter des croyances et pratiques culturelles potentiellement nuisibles tout en encourageant des discussions basées sur le respect, l'égalité et la non-violence.
Comme Bibi, de nombreux jeunes filles et garçons ont pu découvrir les différentes formes de violences basées sur le genre (VBG) ainsi que les notions de prévention contre les abus et l'exploitation sexuelle. Cette activité a permis aux adolescents et aux jeunes d'acquérir des informations essentielles pour leur épanouissement.
Pour Symphorien Nkolomoni, psychologue travaillant au sein de l’espace sûr, l'adolescence est une phase cruciale durant laquelle l'individu cherche à s'affirmer, souvent en opposition avec ses parents. Il souligne l'importance d'une prise en charge adaptée pour répondre aux particularités physiques et mentales de cette période, facilitant ainsi une transition en douceur vers l'âge adulte.
Des jeunes qui ont besoin d’être écoutés
Ces échanges ont montré l'inquiétude des jeunes quant aux rapports avec leurs parents sur le mariage précoce, leur avenir et la gestion de la violence.
Kalubi Marie-Jeanne, une adolescente, a partagé son point de vue dû à la réalité locale :
Nous ne voulons pas forcément nous marier si jeunes, mais nos parents disent qu'ils n'ont pas les moyens de nous élever. Ils affirment que notre éducation coûterait trop cher, d'autant plus que nous finirions par nous marier et avoir des enfants »
Marie-Claire Mbiya, sensibilisatrice de l'ONG FMMDI, a souligné l'importance d’écouter les jeunes pour comprendre leurs problèmes.
Écouter les adolescents et les jeunes nous permet de mieux identifier les problèmes et de concentrer nos efforts sur les points essentiels pour les aider à comprendre pourquoi il est crucial de lutter contre la violence. Il est important de ne pas leur interdire de s’exprimer ; c'est pourquoi notre approche vise à gagner leur confiance pour mieux comprendre leurs difficultés et leur offrir le soutien nécessaire. Nous les avons également encouragés à dénoncer tout abus en appelant gratuitement le numéro vert 495555 ou en se rendant à l’espace sûr pour échanger directement avec les assistants psychosociaux ».
La causerie sur la masculinité positive a permis aux jeunes de comprendre qu'ils peuvent maîtriser leur émotions et sensibilités en utilisant d'autres moyens pour gérer un conflit, sans recourir à la violence. À l'issue de cette séance collective, les jeunes ont pris l'engagement d'abandonner la violence et de privilégier le dialogue pour résoudre les conflits en amis quel que soit le genre.
Grâce à l'approche programme de réinsertion scolaire de UNFPA mis en œuvre par l’ONG FMMDI, ces adolescentes privées d’éducation par manque de moyens financiers, pourront reprendre leurs études afin de réaliser leur potentiel. Les espaces sûrs Dinanga et Tosalisana installés dans le cadre de la mise en œuvre du projet d’équité et renforcement du système éducatif (PERSE), par l’ONG FMMDI avec l’appui de UNFPA sont conçus pour être des environnements sécurisés et confidentiels où les élèves peuvent s'exprimer librement et participer à des activités éducatives et récréatives visant à renforcer leur résilience et leur autonomisation.