Alors que les affrontements entre les forces armées de la RDC et les rebelles de M23 faisaient rage autour de Sake, au Nord-Kivu, les bruits assourdissants des bombes résonnaient jusque dans les camps des personnes déplacées internes de Mugunga et Bulengo. Dans ce chaos, Francine Toyata, 31 ans, est enceinte de son sixième enfant. Originaire de Kabati, une localité du territoire de Rutshuru, située à proximité du village de Kikuku, où elle avait fui il y a plus de deux ans, Francine se préparait à vivre une nuit qu’elle n’oublierait jamais.
Le 23 janvier 2025, les contractions commencèrent tard dans la nuit. « Maman, ça commence… je ne tiendrai pas longtemps, » murmura Francine à sa mère, réveillée en sursaut. Il est 2 heures du matin. Malgré la panique générale provoquée toute la journée par les détonations d’armes lourdes, elles prirent la décision de se rendre à la clinique mobile de Bulengo, soutenue par UNFPA grâce au financement de l’Union Européenne. Ce cadre où Francine a fait ses consultations prénatales, avait toujours été une source de réconfort pour elle.
Que se passe-t-il ? », demanda le prestataire, bien qu’il ait déjà compris en voyant Francine plier sous la douleur. « Elle est en travail ! Le bébé arrive ! », cria sa mère, les yeux remplis d’inquiétude.
Malgré les moyens limités, le prestataire sage-femme réagit avec calme. « Nous allons faire de notre mieux. Respirez profondément, Madame. Vous êtes forte, » dit-il en préparant le matériel disponible dans la clinique.
Un accouchement sous les étoiles
Francine s’agenouilla sur le sol poussiéreux, juste devant l’entrée de la clinique mobile. Alors que les contractions s’intensifient, la sage-femme continue de la rassurer. « Ne vous inquiétez pas, tout va bien se passer, » murmura-t-il.
À 4 heures du matin, les cris d’un bébé déchirèrent le silence de la nuit alors que les bombes retentissent. Une petite fille venait de naître. Elle est en bonne santé, » annonça Jean Bosco le prestataire en enveloppant le nouveau-né dans un tissu trouvé à la hâte. Francine, bien que fatiguée et visiblement torturée par la douleur, esquissa un sourire. « Merci, merci infiniment, » souffla-t-elle.
La sage-femme Nelly qui prendra le relais le matin continuera à prendre soin de Francine et de son bébé, vérifiant leur état de santé avec une attention particulière.
Votre fille est en parfaite santé, » déclara-t-elle avec un sourire. Francine, serrant son bébé dans ses bras, murmura : « Je vais l’appeler Amani (la paix), parce qu’elle est née pendant la guerre, mais elle sera partisane de la paix.
Un témoignage de résilience et d’espoir
C’est pour des femmes comme Francine que nous faisons ce travail. Cette clinique mobile, soutenue par UNFPA, est essentielle pour ces mères. Mais cette nuit, même nous n’étions pas à l’abri, et nous avons pris des dispositions pour rester loin du danger. Nous avons besoin davantage de soutien pour répondre à ces besoins urgents. » explique la sage-femme Nelly.
Francine est le visage de la résilience au Nord-Kivu. Malgré la violence, les déplacements, et la peur omniprésente, elle a donné la vie. Son histoire est un rappel poignant de l’importance des cliniques mobiles, des sages-femmes courageuses et du soutien humanitaire dans les contextes de crise.
Au Nord-Kivu, UNFPA et d’autres partenaires œuvrant dans le secteur de la Santé Sexuelle et Reproductive reste un pilier essentiel, offrant des soins vitaux aux femmes enceintes et survivantes de violences basées sur le genre grâce aux cliniques mobiles et espaces sûrs. Avec le soutien de partenaires, cet engagement apporte espoir et résilience au cœur de la crise, où chaque naissance est une lumière dans l’obscurité, un symbole que la vie, même dans les moments les plus sombres, trouve toujours un chemin.