Vous êtes ici

La République Démocratique du Congo (RDC) est citée parmi les 9 pays en Afrique à risque le plus élevé des décès maternels selon le rapport sur les tendances de la mortalité maternel (2000-2022) produit par les Organisations des Nations Unies (UNFPA, OMS, UNICEF, UNDESA/Division de la population) et la Banque Mondiale, publié en mars 2023.

Malgré les efforts conjugués de mettre fin aux décès maternels évitables d'ici à 2030, en 2020, dans le monde environ 800 femmes sont mortes chaque jour de causes évitables liées à la grossesse et à l'accouchement, ce qui signifie qu'on compte un décès maternel à environ toutes les deux minutes. Un fléau que le Groupe inter institutions des Nations Unies pour l'estimation de la mortalité maternelle (MMEIG) continue à combattre.

D’après ce même rapport l’estimation ponctuelle du Taux de Mortalité Maternelle pour la RDC est de 547 décès maternels pour 100 000 naissances vivantes, contre 473 décès maternels/100 000 naissances vivantes en 2017. Le risque de décès maternel au cours de la vie d’une femme en âge de procréer en RDC est de 1 sur 29 où 22 000 décès maternels sont enregistrés par an. Environ 3 décès maternels ont lieux chaque heure en RDC. Cette situation est due entre autres à l’insuffisance des personnels qualifiés en santé maternel et plus particulièrement les sages-femmes.

Les normes internationales stipulent que pour chaque 10.000 habitant se rapportent 5 sage-femmes, une situation qui est loin d’être le cas en RDC où, l’on note moins d’une sage-femme pour 10.000 habitants. Alors que la sage-femme est un personnel clé en santé de la reproduction, comme le confie Mme Aline MULUNDA Conseillère Sage-Femme pays à l’UNFPA.

A cela s’ajoute la recrudescence des crises humanitaires dans la partie Est du pays entraînant des déplacements internes des populations qui fuient les régions non sécurisées pour s’installer près des villes des provinces de l’Est. Toutes ces situations contribuent à un taux élevé de mortalité maternel.

Plus de sages-femmes, plus de vies sauvées

Pour répondre aux besoins en sages-femmes en RDC, le Fond des Nations Unies pour la Population (UNFPA), multiplie des stratégies pour appuyer le système national de  santé dans l’augmentation du nombre de sages-femmes et ainsi offrir aux femmes enceintes, aux nouveaux nés, un personnel compétent pour éviter les décès maternels évitables.

C’est dans ce cadre que 14 infirmières ont reçu de UNFPA des bourses d’étude supérieures pour suivre pendant 18 mois, la filière de reconversion des infirmiers en sage-femme. C’est la première promotion de la filière de reconversion au sein des Instituts Supérieurs des Techniques Médicales (ISTM) Nyankunde et Bunia en province de l’Ituri.


Les étudiants en cycle de reconversion des infirmiers en sage-femme

Le deuxième volet d’appui apporté par UNFPA, est un accompagnement pédagogique pour l’équipe enseignante et les encadreurs de stage pour la mise en œuvre du programme de formation des sage-femmes dans le système Licence, Master et Doctorat (LMD) ainsi que l’appui en équipement didactique notamment les modèles anatomiques pour l’apprentissage du volet pratique de la formation.

Pour le secrétaire académique de l’ISTM Nyankunde, UNDEHOSO Okameli Elisée, le métier de sage-femme devrait être parmi les métiers à convoiter. Car, il produit des résultats visibles et vitaux en ce sens que, la sage-femme est la première personne à accueillir une vie sur terre avec toutes les incertitudes que peut présenter un accouchement. Il se dit fier de voir son institut faire partie des institutions de formation avec le cycle de reconversion des infirmiers en sages-femmes en RDC.

C’est pour moi une marque de considération. Notre Institut apparait dans les annales du Pays dans la concrétisation du programme de sage-femme et cela grâce à l’accompagnement de UNFPA »

 

Infirmière de base et boursière dans la filière de la reconversion, Deborah MAGBOU a passé quelques années en train de diriger les accouchements à l’hôpital général de référence de Kilo avant que cette structure ne soit incendiée par les miliciens locaux. Elle déclare avoir constaté       d’énormes écarts entre ce qu’elle faisait avant et ce qu’elle a découvert pendant la formation sous l’accompagnement d’une équipe d’enseignants compétents à l’auditoire et en salle de pratique.

C’était par miracle que je réussissais certains accouchements avant la formation. Je n’ai pas honte de dire que je faisais les choses à l’aveuglette mais aujourd’hui, grâce à la bourse, je suis en formation et je ferais tout désormais en professionnelle qualifié »

Il sied de noter que UNFPA accompagne le gouvernement de la RDC à travers le Ministère de l’Enseignement Supérieur et Universitaire dans la formation initiale, la filière de reconversion au deuxième cycle par l'élaboration de programmes basé sur les compétences et répondant aux normes de la Confédération Internationale des Sage-femmes (ICM). UNFPA s’active pour que les formateurs des sage-femmes possèdent les compétences pédagogiques et les connaissances nécessaires à la mise en œuvre du programme de formation des sage-femmes de la RDC.

A ce jour, grâce à l’appui technique et financier de l’UNFPA, 79 apprenants dont des enseignants et des infirmiers de 5 provinces à savoir Kasaï Central, Kasaï, Kasaï Oriental Sankuru et Ituri sont reconvertis en sage-femmes.