Le monde célèbre chaque 5 Mai, la Journée Internationale de la Sage-femme (JISF). Le thème choisi pour l'édition 2025 est « Sages-femmes : indispensables dans chaque crise », un thème qui corrobore au contexte mondial avec des guerres et des conflits entraînant des déplacements massifs de populations et accentuant les crises humanitaires dans plusieurs pays tel que la RDC dans sa partie Est.
A l’initiative du Programme National de Santé de la Reproduction (PNSR), la célébration officielle s’est déroulée au Centre culturel d'Afrique centrale à Kinshasa. La journée a été marquée par une matinée scientifique qui a réuni plusieurs partenaires autour des enjeux cruciaux de la profession de sage-femme en RDC. Ce fut une occasion pour la Présidente de la Société Congolaise de la Pratique Sage-femme (SCOSAF) de plaider pour une meilleure reconnaissance du rôle de la sage-femme dans l’amélioration de la santé sexuelle et reproductive. D’où l’appel au recrutement et au déploiement de sages-femmes qualifiées dans les structures de santé.
Déploiement des sages-femmes en zones de crise
La RDC a célébré la JISF 2025 sur fond d'une crise humanitaire sans précédent. Depuis janvier 2025, les affrontements entre l’armée congolaise et le mouvement du M23 se sont intensifiés dans le Nord-Kivu et le Sud-Kivu, entraînant la prise des villes de Goma et Bukavu. Selon OCHA, plus de 400 000 personnes ont été déplacées suite à cette escalade du conflit entre les FARDC et les rebelles du M23, venant s'ajouter aux plus de quatre millions de personnes déjà déplacées.
Bien que l'accès aux services de santé sexuelle et reproductive (SSR) ait été limité à cause de l'insécurité, les infrastructures sanitaires endommagées par les combats et le pillage des stocks de produits de santé de la reproduction, les sages-femmes ont été en première ligne pour sauver des vies. À ce jour, UNFPA a déployé 183 sages-femmes dans 33 structures de santé de quatre zones de santé de la province du Nord-Kivu.
Dans son message à l’occasion de la JISF, la Directrice exécutive de UNFPA, Dr Natalia Kanem, a précisé que Dans les situations de crise humanitaire, les femmes ont deux fois plus de risques de mourir en couches. Le déploiement de sages-femmes dans le cadre de chaque intervention humanitaire et nationale en cas de catastrophe est un moyen économique et salvateur de réduire les décès maternels évitables ».
Une crise exacerbée par la rupture de financement sur la santé maternelle
En temps de paix comme en situation d'urgence, les accouchements ne s’arrêtent pas. L’actuelle crise a encore entraîné la détérioration de la santé maternelle. Les statistiques des Divisions provinciales de la Santé des provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu démontrent un taux élevé de décès maternels au premier trimestre de l’année 2025, comparativement à la même période de l’année 2024. La situation est de plus en plus inquiétante pour la RDC avec la rupture du financement par les États-Unis, bailleur clé pour l’action humanitaire dans le pays. Cette décision aura à coup sûr, un impact sur la santé sexuelle des femmes, filles affectées dans la crise humanitaire et sur le travail des sages-femmes qui luttent au quotidien contre la mortalité maternelle.
Dans une interview accordée à la presse internationale https://news.un.org/fr/story/2025/03/1153771, le Représentant de UNFPA, Mady Biaye, a souligné que les États-Unis devaient initialement contribuer à hauteur de 10 millions de dollars en 2025 pour l’achat de contraceptifs en RDC. Le total des besoins pour fournir des contraceptifs modernes à près de trois millions de patientes dans le pays en 2025 s'élève à 70 millions de dollars, une somme qui sera, selon lui, très difficile à mobiliser sans l’aide des États-Unis. Pendant ce temps, des ruptures de stocks de contraceptifs se font déjà sentir et les ressources s’amenuisent.
UNFPA en tant qu’agence des Nations Unies pour la santé sexuelle et reproductive, sa mission est de garantir un monde où chaque grossesse est désirée, chaque accouchement est sans danger et chaque jeune réalise son plein potentiel. Sans financements, il sera dès lors difficile de prévenir les décès maternels évitables, de prévenir les grossesses non désirées et de garantir l'accès des femmes aux avortements sécurisés à travers le pays.
Depuis février, UNFPA a déclaré le niveau interne de crise maximale (L3) et a lancé un appel de fonds pour la RDC en vue d’atteindre environ 1 393 624 personnes en 2025, sollicitant un total de 42,3 millions de dollars US. Cela inclut 18 millions de dollars US pour les interventions d'urgence immédiates (couvrant la période de février à août 2025) et 24,3 millions de dollars US pour étendre et maintenir les services essentiels à l'échelle nationale durant l’année 2025.
À l’occasion de la Journée internationale de la sage-femme, UNFPA appelle les gouvernements et les donateurs à se joindre à lui et à ses partenaires dans le cadre de l’initiative Midwifery Accelerator, qui vise à accroître les investissements financiers et programmatiques dans les sages-femmes avant que davantage de vies ne soient perdues.