« Le pharmacien est au service de la couverture santé universelle », c’est le thème de la célébration en RDC de la journée mondiale des pharmaciens le 25 septembre.
Dans cette interview, Dr Charlotte Musepu, experte en gestion de la chaîne d’approvisionnement des produits pharmaceutiques rappelle le rôle crucial que continue à jouer UNFPA dans l’organisation et la gestion du flux des produits de santé de la reproduction au profit des populations congolaises.
Dr Charlotte vous êtes experte en gestion de la chaine d’approvisionnement des produits de santé de la reproduction à UNFPA, en quoi consiste ce travail ?
Ce travail consiste à organiser le flux des produits pharmaceutiques de santé de la reproduction. Comment ces produits peuvent quitter les entrepôts d’un fabricant jusqu’à arriver là où on en a besoin, c’est-à-dire le point d’utilisation. En RDC, ce sont les établissements sanitaires ou encore les relais communautaires qui peuvent utiliser pour donner à la population. Depuis 1996, la conférence internationale pour la population et développement (CIPD) a reçu le mandat des nations pour sécuriser les produits de santé de la reproduction et dans ce cadre UNFPA a un central d’achat au niveau de Copenhague (Danemark). Cette centrale a développé des accords avec des fabricants au niveau mondial dont les standards de qualité sont reconnus pour que UNFPA organise des appuis de qualité aux bons coûts.
Est-il nécessaire d’avoir une qualification spéciale dans le domaine de la pharmacie pour exercer cette fonction ?
Absolument, il s’agit des produits pharmaceutiques. Par exemple pour la RDC, la responsabilité des produits repose sur les pharmaciens. On ne peut pas organiser une chaine d’approvisionnement sans le pharmacien, qui est reconnu, inscrit au tableau de l’ordre des pharmaciens.
Etes-vous également en charge de l’assurance qualité des produits de santé de la reproduction utilisés dans le cadre des interventions menées par UNFPA ?
Dans la responsabilité que je porte, c’est se rassurer que les produits qui sont importés ou acquis localement soient de qualité, stockés dans des bonnes conditions et transportés dans des meilleures conditions afin que les bénéficiaires les utilisent sans aucun problème.
En quoi c’est important pour UNFPA d’avoir une politique de la chaine d’approvisionnement ?
L’essentiel des interventions de UNFPA est fondé sur trois résultats transformateurs : zéro décès maternel évitable, zéro besoin non satisfait en planification familiale et zéro cas de violence basée sur le genre. Quand vous regardez ces résultats vous constatez que sans les produits pharmaceutiques, on ne peut y arriver. Par exemple, on a besoin des produits pharmaceutique de qualité afin de mieux planifier les naissances. De même pour éviter le décès maternel, on a besoin des produits pour y arriver. Aussi UNFPA travaille dans la prévention du VIH, et cette prévention, c’est avec les condoms, les kits PEP et d’autres produits. C’est vraiment stratégique pour UNFPA d’avoir une chaine d’approvisionnement efficace.
Les produits de santé de la reproduction comme d’autres produits d’ailleurs exigent une certaine rigueur dans la chaine de valeur. Comment UNFPA s’assure que ces produits sont commandés, acheminés et gardés selon les normes avant leur utilisation ?
Il y a d’abord l’expression des besoins par le gouvernement. Après, UNFPA travaille en collaboration avec le gouvernement congolais sur la quantification et l’identification des produits avant qu’on décide de passer la commande. Le bureau pays UNFPA conçoit un plan d’approvisionnement pour faire la demande et comme les centrales de disposition et d’achat existent, il va contacter les fournisseurs avec l’argent mobilisé et nous allons finalement faire le suivi pour que les produits arrivent. Les produits pharmaceutiques sont légiférés donc il faut qu’ils soient acceptés, il faut qu’ils soient sur la liste des médicaments essentiels homologués par le pays. Enfin, en tant qu’agence des nations-unies nous allons faire des formalités pour obtenir les exonérations de ces produits avec des agences douanières. Au niveau du pays, nous avons des transporteurs certifiés pour faire arriver les produits à destination.
Expliquez-nous le fonctionnement quotidien d’une chaine d’approvisionnement
Il y a ce qu’on appelle des transactions. Une fois que les produits dans des dépôts certifiés nous recevons des demandes, nous faisons les préparations au niveau de l’entrepôt où nous allons organiser des colisages et expéditions. Ces transactions sont enregistrées dans un logiciel de suivi de la chaine de UNFPA
Quel intérêt cela représente-t-il pour les populations bénéficiaires ?
Il y a beaucoup d’intérêt car les populations ne peuvent pas adresser les questions de planification familiale sans produit. Lorsque les produits sont à leur disposition c’est d’abord pour leur bien-être car lorsqu’on n’a pas des bons produits, il y aura des échecs thérapeutiques et les gens peuvent mourir.
Quels sont les défis liés à l’approvisionnement pharmaceutiques pour UNFPA en RDC ?
Pour UNFPA particulièrement, nous sommes dans un contexte où pour importer des produits est instable vous pouvez commandez des produits et espérer les avoir dans 4 mois, mais ils arrivent une année après à cause des systèmes douaniers mais aussi de la situation dégradante du système routier. Il y a aussi des défis financiers car on doit compter sur les autres dans la chaine d’approvisionnement car à toutes les étapes il y a des coûts qui suivent. L’autre défis ce que la RDC mobilise aussi beaucoup des produits, le pays étant grand ce qui donne une grande quantité de travail pour peu des personnes.