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Kisangani, l’engagement communautaire pour la lutte contre les VBG

Kisangani, l’engagement communautaire pour la lutte contre les VBG

Actualités

Kisangani, l’engagement communautaire pour la lutte contre les VBG

calendar_today 03 Décembre 2024

Le président Rashidi durant la sensibilisation
Le président Rashidi durant la sensibilisation

En mai 2023, un rapport du Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations-Unies (OCHA) avait révélé que des violences avaient éclaté suite à un désaccord entre les deux communautés à Kisangani. Dans un espace aménagé en face de la maison communale de Kisangani, des personnes qui ont fui les hostilités, ont été provisoirement installées. Ce site des déplacés a été érigé en urgence afin d’accueillir les familles qui fuyaient les violences communautaires dans la commune de Lubunga, située de l’autre côté du fleuve Congo qui traverse la ville de Kisangani.

Les déplacés et les autorités espéraient une solution rapide, mais hélas depuis 2023 la situation ne fait que se dégrader rendant les conditions de vie encore plus difficiles dans ce site qui regroupe environ 5000 personnes, dont la plupart des femmes et des enfants.

Il ressort des données récentes mises à disposition par OCHA que ce conflit a fait plus de 740 morts, ce qui oblige les populations à rester en déplacement forcé.

C’est dans ce site que les membres du mécanisme communautaire de gestion des plaintes (CBCM) sur les cas d’abus et exploitations sexuels, viennent organiser une sensibilisation de routine.

Mégaphone accroché à l’épaule, boîtes à images en mains, Swedi Rashidi est le président du CBCM. Avec la sizaine d’autres membres, il appelle les femmes et filles déplacées à se joindre à lui ; juste à l’entrée du site pour écouter ce qu’il a à leur dire.

Une vue de l'assistance durant la sensibilisation
Une vue de l'assistance durant la sensibilisation

Sensibiliser et protéger

Depuis six mois maintenant, Swedi Rashidi et son équipe avec l’appui de SOFEPADI et l’accompagnement technique de UNFPA viennent sensibiliser les déplacés sur les questions des violences basées sur le genre, plus particulièrement sur l’exploitation et abus sexuels.

« c’est une thématique assez délicate dans ce site. En fait, les gens sont arrivés en grand nombre et l’aide humanitaire n’était pas encore organisée. L’autorité urbaine a même alerté à travers les  médias locaux,  sur le fait que des jeunes filles étaient exposées à la prostitution (sexe de survie[1]) » explique discrètement un agent communal qui vient se joindre à la sensibilisation.

Durant une heure, les membres du CBCM sensibilisent une audience aussi attentive que curieuse. Introduisant la sensibilisation, Papa Rashidi, comme on l’appelle commence par demander ce à quoi les femmes et filles sont exposées lors d’une assistance humanitaire, une question qui fait lever très rapidement des nombreux doigts. Une jeune femme prend la parole et elle est directe «  j’en ai été témoin moi-même il y a quelques mois ici même au site. Un homme venait distribuer de la nourriture puis il a commencé à s’intéresser bizarrement à ma voisine. Par la fin, il a demandé son numéro de téléphone sous prétexte qu’il peut l’aider. Ça nous a mis mal à l’aise », explique-t-elle.  

Maman Ima qui fait partie de l’équipe de sensibilisation va prendre la parole pour revenir sur le témoignage de la jeune dame. Elle va rappeler que le centre de santé situé derrière le site des déplacés dispose d’une boîte à plainte pour dénoncer ces genres de comportement. Au-delà de la boîte à plainte, elle invite le public à noter le numéro 49 55 55 qui est un numéro vert à travers lequel n’importe qui peut appeler gratuitement et dénoncer.

Engager les communautés dans la lutte contre les VBG

Sensibilisation terminée au site, les membres se dirigent au centre de santé pour un débriefing d’où découle un petit rapport qui sera envoyé à l’ONG Sofepadi qui accompagne le CBCM de Kongakonga « On organise aussi des sensibilisations dans des quartiers, ici au centre de santé afin que toutes les couches sociales soient engagées dans la lutte contre les VBG, surtout sur l’exploitation et abus sexuels. On insiste surtout pour que les gens connaissent qu’il existe un mécanisme fonctionnel pour dénoncer, car c’est souvent la question qui revient » explique Papa Rashidi.

 Le CBCM est un mécanisme de gestion des plaintes inclusif, un système combinant des structures communautaires, formel et informel qui permet à toute personne de signaler des cas d’exploitation et abus sexuels sans crainte. C’est une approche inter organisations mise en place en consultation avec les communautés bénéficiaires. Un outil très important pour les mesures préventives de la protection contre l’exploitation et les abus sexuels et garantit la redevabilité envers les communautés. .

Les membres du CBCM  de Kongakonga ont été formés et installés à travers le projet « prévention à l’exploitation abus et harcèlement sexuels dans le secteur de la santé » mis en œuvre par UNFPA en partenariat avec l’UG-PDSS sous financement de la Banque Mondiale.

Actuellement 17 CBCM sont opérationnels dans la province de la Tshopo. Les sensibilisations contribuent à rehausser le niveau d’alerte sur les cas d’exploitation, d’abus et de harcèlement sexuels dans la province.

 

 

 

 

 

[1] A l’absence de l’assistance humanitaire, les jeunes filles s’adonnent au quotidien à la prostitution pour subvenir à leurs besoins physiologiques.