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C’est un samedi, il est 15heures pourtant les portes du Centre Intégré de Services Multisectoriels (CISM) installé dans le pavillon 7 de l’Hôpital Général de Référence de Kintambo sont encore ouvertes on fonctionne 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, explique Dr Bibiche Awezaye, Médecin point focal du CISM avant d’ajouter,

c’est en principe pour répondre à toutes les demandes dans un meilleur délai afin d’offrir aux survivants l’assistance dont ils ont besoins ».

Ce CISM de Kintambo, l’un des 6 que compte la capitale Kinshasa dont 5 installés par UNFPA,  notamment à travers un financement de la KOICA et du projet Justice, Autonomisation et Dignité des Femmes et des Filles (JAD) de la RDC soutenu par le Canada.

Le CISM est un des mécanismes efficaces dans la prévention et la réponse aux VBG, car il assure une prise en charge holistique aux survivants de VBG à travers la prise en charge médicale, la prise en charge psychosociale, l’assistance juridique et judiciaire,  ainsi que la réinsertion socio-économique » explique Pascal Banza, Analyste des programmes VBG de UNFPA.

Le projet JAD a appuyé la prise en charge holistique de 3890 survivants de VBG pendant 5 ans mais, les besoins en prise en charge demeurent très importants dans la ville de Kinshasa face aux risques très élevés.


Des experts UNFPA visite le bureau de prise en charge psychologique au CISM Kintambo

De l’espoir après douleurs et chagrins

Lorsqu’on parle des viols, le premier réflexe renvoie à l’est du pays où ces atrocités sont associées aux guerres qui y persistent depuis des décennies. Mais hélas, même notre capitale est fortement concernée par cette triste réalité » commente Nene Sambi psychologue au CIMS de Kintambo.

Pour la psychologue, les survivants pris en charge ne reflètent pas réellement la réalité car certaines victimes, sous la pression familiale ou par peur, n’arrivent pas à dénoncer les auteurs et vivent malgré elles sous le poids de cette douleur.

On a eu des cas où ce sont des enfants, parfois des bébés qui ont été violés. Et là on est obligé d’accompagner psychologiquement toute la famille, car c’est un choc indescriptible » ajoute Nene Sambi.

Elle indique par ailleurs que les facteurs favorisant la recrudescence des violences sexuelles dans la capitale sont multiples entre autres la balance inégale de pouvoir entre les hommes et les femmes l’insécurité urbaine, la consommation excessive de l’alcool et autres stupéfiants, la dépravation des mœurs, la destruction des mécanismes communautaires de protection (l’accès facile au contenu pornographique pour les jeunes et enfants), l’insécurité provoquée par les enfants en rupture de liens familiaux ...

Malgré ce tableau, le CISM de Kintambo assure une prise en charge aux survivants de VBG qui repartent avec sourire et retrouvent de l’espoir «c’est une des missions principales de UNFPA, et c’est pourquoi on reste impliqué dans l’appui aux CISM car les survivants doivent retrouver leur dignité, se remettre débout et avancer afin de réaliser leur rêve » explique Keneth Ehouzou,  Représentant Adjoint de UNFPA en RDC.

Beaucoup reste à faire

L’engagement des prestataires de services du CISM-Kintambo attire des partenaires qui viennent comprendre l’approche CISM dans la prise en charge holistique des violences basées sur le genre. C’est le cas de la délégation de l’ambassade de la Suède accompagnée par des experts de UNFPA.

Kerstin KARLSTRÖM, cheffe de la coopération à l’ambassade de Suède en RDC apprécie une approche efficace mais qui doit faire face à des défis financiers à long terme 

les CISM dans l’ensemble sont mis en place dans le cadre des projets qui prévoient des fonds de fonctionnement. Or ces fonds ne seront pas éternels alors que l’approche est salvatrice. Il faut donc une réflexion approfondie pour savoir comment pérenniser cette initiative » commente-t-elle.

A Kintambo, le CISM fait déjà face à certains défis. Les plus récurrents sont ceux liés au manque de moyens des déplacements pour accompagner psychologiquement certains cas qui exigent la prise en charge de toute la famille.

Nous avons aussi souvent un problème d’intrants. Les derniers lots de médicament que nous avons reçus proviennent de UNFPA et il ne vont nous servir que pour quelque temps. » lance Dr Bibiche Awezaye.
 

Elle plaide également pour la nécessité d’appuyer le partager d’expérience entre les CISM afin que les gestionnaires et personnels apprennent les uns des autres et sachent pérenniser les acquis.