Merveille Baene à gauche, vient de Kichanga. A 18 ans, elle et sa copine Liliane Faida de Masisi, vivent seules dans le camp de Bulengo après avoir pris chacune une direction contraire à celle de leurs parents lors des affrontements armés et n’ont aucune nouvelle des parents depuis leur arrivée à Bulengo. Élèves de cinquième année nutrition et sixième année pédagogie générale, nous avons rencontré ces deux jeunes filles déplacées au stade Bulengo lors de la campagne de sensibilisation sur la santé sexuelle et reproductive des adolescents.
C’est la journée des filles. Nous venons d’apprendre que si une fille tombe sur des bandits et qu’elle est violée, elle peut se rapprocher de l’ONG ActionAid ou UNFPA pour bénéficier des conseils ou être orientée vers une structure de prise en charge médicale. Pour des cas d’exploitation, abus et harcèlement sexuel, nous pouvons appeler directement au 495555 pour dénoncer » a indiqué Merveille Baene.
Chaque année, le monde célèbre la Journée Internationale de la Fille (JIF) le 11 octobre. En République Démocratique du Congo, des combats opposant les groupes armés se sont intensifiés depuis le début du mois d'octobre, en particulier dans les territoires de Masisi et de Rutshuru en province du Nord-Kivu. Des centaines de familles ont été contraintes au déplacement pour les camps de déplacés aux environs de la ville de Goma.
UNFPA appelle à agir plus vite. « Nous devons cependant agir plus vite et avec plus d'audace pour que chaque fille, où qu'elle soit, grandisse en sécurité, en sachant que son corps lui appartient et que son avenir lui appartient, qu'elle peut aller à l'école, accéder aux soins de santé dont elle a besoin et vivre sans violence » peut-on lire dans la déclaration de la Directrice exécutive de UNFPA, Dr Natalia Kanem, à l'occasion de la JIF 2023.
Contre vents et marées, donnons plus d’opportunités à l’éducation des filles
Grâce à l’appui de UNFPA, les filles déplacées internes de Bulengo et des élèves de l’institut Muungano ont célébré leur journée sous le thème national « innover en faveur de l’éducation de la fille et donnons plus d’opportunités à l’éducation des filles pour briser les barrières » dans le cadre de la mise en œuvre du projet « Prévention et Réponse d’urgence multisectorielle aux violences basées sur le genre dans les provinces du Nord-Kivu, Sud-Kivu et Ituri » financé par le Fonds central d'intervention d'urgence (CERF).
Consciente qu’investir dans le leadership des jeunes femmes est essentiel pour amener une transformation sociale, dans l’immédiat et à l’avenir, l’ONG ActionAid, grâce à l’appui technique de UNFPA, a organisé une campagne de sensibilisation sur la santé sexuelle et reproductive, la prévention à l’exploitation et abus sexuels, les mariages précoces ainsi que la prise en charge des cas de violences basées sur le genre des adolescents.
Selon Mme Cécile Kasoki, chargée de projet de ActionAid, l’objectif de cette campagne de sensibilisation est de renforcer l’information ciblant les populations des aires de santé de CCLK et Buhimba sur la santé de la reproduction, la prévention et la prise en charge des violences basées sur le genre y compris l’accès de la jeune fille à l’éducation.
Plus de 500 filles ont été sensibilisées sur l’accès à l’éducation y compris la prévention et la prise en charge des violences basées sur le genre (VBG) et exploitation et abus sexuels (EAS) dans les deux aires de santé de CCLK et Buhimba dans la zone de santé Goma. Plus de 2,000 membres de la communauté ont été sensibilisés sur l’accès à l’éducation y compris la prévention et la prise en charge des VBG/EAS, 2 émissions radios ont été organisées pour sensibiliser la population de la zone de santé de Goma. Six (6) animatrices y compris 12 membres dec comités locaux de gestion des plaintes ( CBCM) ont participé à l’activité de campagne au cours de laquelle un troupe théâtrale a présenté 2 scènes au Stade de Bulengo et à l’institut Muungano sur l’exploitation, abus et harcèlement sexuel des jeunes filles.
Laissons-les diriger et réaliser leur plein potentiel
UNFPA travaille main dans la main avec le gouvernement congolais et ses partenaires pour accompagner les adolescentes à se forger un avenir plus sain et plus brillant. L’agence lead des Nations Unies en matière de lutte contre les violences basées sur le genre intensifie ses interventions dans l’Est de la RDC pour mettre fin au mariage des enfants et propose des services de formation professionnelle, d'éducation et de santé reproductive aux filles même dans des situations de crise humanitaire.
Comme l’a souligné la Directrice exécutive de UNFPA dans son message marquant la journée internationale des filles 2023, les avantages de mettre fin au mariage des enfants vont au-delà de la protection de la santé et des droits humains. Les meilleurs résultats scolaires qui s’ensuivent offrent dans l’avenir aux filles la possibilité d’obtenir un emploi dans l’économie formelle et d’apporter une contribution plus productive à leur foyer.
Dr Natalia Kanem a appelé à redoubler d'efforts pour garantir que chaque adolescente, dans toute sa diversité, puisse exercer ses droits et ses choix, réaliser son plein potentiel et construire l’avenir qu’elle envisage pour elle-même à l’horizon 2030. « Abattons les barrières entre elle et cet avenir meilleur - et laissons-la montrer la voie ». a-t-elle conclu.
