Pour faire face aux défis liés à la mortalité maternelle dans les sites des déplacés internes et les zones touchées par la crise sécuritaire dans l’Est de la RDC, la France a accordé à UNFPA un financement d’une valeur de 2 000 000 d’euros pour accompagner les interventions dans le cadre du projet « Réponse d’urgence aux besoins de Santé Reproductive, Maternelle, Néonatale, de l'Enfant et de l’Adolescent (SRMNEA) au bénéfice des populations retournées, déplacées et hôtes des provinces du Nord-Kivu, Ituri et Sud-Kivu» mené par UNFPA. Le projet vise à offrir aux personnes affectées par les conflits, un accès aux services et produits de santé sexuelle et reproductive de qualité, l’une des six priorités thématiques de la stratégie internationale de la France en matière des droits et santé sexuels et reproductifs.

En septembre 2023, UNFPA a appuyé le centre de santé de Kigonze (en périphérie de la ville de Bunia) pour la construction d’un hangar utilisé pour les consultations prénatales ainsi que l’aménagement d’un trou à placenta. En février 2024, une subvention a été accordée à cette structure pour assurer la gratuité des services de santé sexuelle et reproductive de qualité en faveur des personnes déplacées et vulnérables.

Au centre de centre de Kigonze, nous avons rencontré Rebecca Mave âgée de 33 ans et mère de 5 enfants. Elle est enceinte d’environ sept mois avec un antécédent d’une césarienne. Malgré ses nombreux accouchements, c’est pour la première fois qu’elle se présente à une consultation prénatale. Ici, UNFPA assure gratuitement  le service grâce à l’appui de la France.  

J’ai perdu un enfant avant cette grossesse parce que je comptais accoucher à domicile faute de moyen. Malheureusement, l’accouchement a pris beaucoup de temps et j’avais beaucoup saigné avant d'être transférée à l’hôpital général où mon enfant est décédé après une césarienne trop tardive », s’est confié Rebecca avant d’ajouter « L’hôpital général est très loin du site, les services de maternité sont payants et cela nous posait d’énormes difficultés. Merci pour cette maternité à proximité du camp et de la gratuité des services ».

Le site de déplacés internes de Kigonze en Ituri compte à ce jour 14 131 personnes parmi lesquelles 883 femmes actuellement enceintes. Ces personnes déplacées vivent dans des conditions déplorables. Selon Mr Faustin NGANJA, président du site, 3 femmes ont perdu la vie dans ce camp en novembre 2023, suite aux complications liées à l’accouchement et par manque de moyens financiers pour payer les frais d'accouchement.

La présidente de la société congolaise de la pratique sage-femme (SCOSAF) en Ituri, Mme Buma Reta, a souligné que certaines formations sanitaires ont été abandonnées et détruites suite aux conflits entre les groupes armés. Depuis, les services de maternité sont payants dans plusieurs structures sanitaires existantes.

Les femmes accouchent à domicile, sans assistance médicale, car les formations sanitaires ici en Ituri ont été soit détruites, soit pillées et sont souvent sous équipées. Les quelques services offerts sont payants, traduisant ainsi la difficulté des femmes déplacées à supporter financièrement le coût lié à l’accouchement ».

Des services de santé de qualité à proximité du camp

Depuis février 2024, UNFPA a renforcé l’offre de services de santé sexuelle et reproductive au Centre de Santé de Kigonze  qui compte à ce jour,  715 femmes reçues  pour la consultation prénatale ; 144 accouchements assistés par un personnel qualifié et 144 naissances vivantes qui ont bénéficié des soins essentiels à leur naissance. Environ 85 cas de complications obstétricales dont la majorité liée à un antécédent de césarienne,  ont été référés à l’hôpital général et 78 femmes ont adhéré à la planification familiale. Cela a réduit sensiblement la mortalité maternelle et néonatale, la fréquence des infections sexuellement transmissibles (IST), les accouchements à domicile et d’autres complications obstétricales.

Avant, les femmes enceintes allaient accoucher très loin du camp. UNFPA vient d'alléger la tâche avec la prise en charge des femmes déplacées à proximité du site. Nous recevons beaucoup de femmes pour les accouchements et les consultations prénatales. Enfin, nous offrons gratuitement les services de planification familiale » a indiqué Chantal Chemara, Infirmière titulaire du Centre de Santé de Kigonze.

Selon les données du District Health Information Software 2 (DHIS2 2023), la province de l’Ituri a enregistré 192 320 accouchements dont 183 100 ont été assistés par du personnel de santé qualifié ; 9 849 cas de complications obstétricales ont été référés dans les Hôpitaux Généraux ; 151 décès maternels et 1 921 décès néonatals avant 7 jours sur 188 023 naissances vivantes ; 183 074 nouveau-nés ont bénéficié de soins essentiels à la naissance et enfin 96 778  nouvelles adhérentes à une méthode contraceptive dont 709 nouvelles acceptantes en post partum.

La France  s’est engagée à consacrer 400M€ aux DSSR au cours des cinq années du Forum Génération Égalité (2021),  par le biais de différents programmes, y compris au programme Supplies du Fonds des Nations-Unies pour la Population (UNFPA).