Rehema Byenda, 24 ans, partage un toit avec une famille d’accueil au quartier Buhimba, à l’ouest de Goma. À ses côtés, une table de fortune, sur laquelle sont posées quelques bouteilles de jus soigneusement alignées. Une cliente s’arrête, un sourire s’échange. Cette scène simple marque une histoire de résilience. Rehema est veuve, déplacée, enceinte et mère d’un garçon de six ans.
Quelques mois plus tôt, alors qu’elle vivait dans le site de déplacés de Bulengo, elle a reçu de UNFPA un appui en cash d’un montant de 200 dollars, grâce au financement de la Direction générale de la protection civile et des opérations d’aide humanitaire européennes (ECHO). Cet appui, apporté dans le cadre du projet « Réponse d’urgence et renforcement des systèmes de santé pour améliorer les services de santé sexuelle et reproductive sensibles au genre », vise à encourager les femmes vulnérables et les survivantes de VBG à développer des activités génératrices de revenus (AGR). Avec le fonds reçu, Rehema a commencé à acheter des jus en gros pour les revendre à l’unité dans son quartier. Elle a rapidement trouvé sa clientèle, malgré les difficultés du quotidien.
Mon mari a été tué à Minova en décembre 2024. J’ai fui au camp de Bulengo avec mon enfant sans rien alors que j’avais une grossesse de 3 mois. L’argent que j’ai reçu en cash transfert dans mon téléphone, c’était comme une deuxième chance. Aujourd’hui, je peux acheter du savon, de la nourriture… et bientôt accueillir mon bébé. » confie-t-elle en souriant.
Autonomie et redonner un sens à la vie
Depuis le démantèlement du camp de Bulengo en février 2025, Rehema a réussi à relocaliser son activité dans son nouveau lieu d’habitation.
Même sous la pluie, elle est là. Elle installe sa petite table devant la parcelle, toujours au même endroit. On l’appelle “Mama Jus”. » témoigne Bernard, un client régulier.
Aujourd’hui, pour Rehema, ce commerce est devenu bien plus qu’un revenu de survie : c’est une voie vers l’autonomie et la dignité, dans une approche durable.
Rehema montre que lorsqu’on donne aux femmes les moyens d’agir, les AGR peuvent aussi leur ouvrir l’accès à des ressources essentielles et à des réseaux de soutien, comme les Associations villageoises d’épargne et de crédit (AVEC), qui les aident à se soigner et à se relever des traumatismes de la violence sexuelle, » explique Papy Shweka, expert en transferts monétaires à UNFPA.
En RDC, près de 8 femmes sur 10 âgées de 15 à 49 ans travaillent à leur propre compte, souvent dans la vente ou les petits services, comme Rehema. Pourtant, seules 28 % des femmes vivant en union peuvent décider librement de l’usage de l’argent qu’elles gagnent, révèle l’Enquête Démographique et de Santé 2023–2024. Un chiffre qui illustre à quel point l’autonomie économique des femmes reste fragile, même lorsqu’elles génèrent leurs propres revenus.
Rehema fait partie de 150 femmes et filles vulnérables issues des sites des déplacés autour de Goma qui, grâce au projet financé par ECHO, ont pu développer une activité génératrice de revenu dans les zones de santé de Goma, Nyiragongo et Karisimbi au Nord-Kivu.
Entre instabilité et grossesse, Buhimba devient un refuge pour Rehema
Rehema bénéficie également d’un suivi médical régulier au centre de santé de Buhimba grâce à l’appui technique de UNFPA. Les soins prénatals y sont offerts gratuitement avec le financement de l’ambassade britannique à travers le Foreign, Commonwealth & Development Office (FCDO), qui soutient les structures de soins de santé dans des zones affectées par les conflits.
C’est sa deuxième consultation prénatale. Elle est courageuse et disciplinée. Avec ce rythme, elle pourra accoucher dans de bonnes conditions, » souligne Inès Kavira, la sage-femme.
Malgré l’instabilité et l'incertitude, aujourd’hui je gagne un peu d’argent, je mange, et je bénéficie gratuitement des soins prénatals. Mon bébé va certainement naître dans des conditions plus dignes, » espère Rehema, en regardant tendrement son ventre arrondi.
Grâce à la synergie d’efforts et le soutient financiers de ses partenaires notamment ECHO et FCDO, qui soutiennent les moyens de subsistance et renforcent l’accès aux soins de santé reproductive, UNFPA améliore la résilience et l’autonomisation des femmes vulnérables dans les situations de crise extrême.