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Formation de 25 formateurs sur la gestion des cas 

25 acteurs sociaux venant de 8 provinces ont été formés sur la gestion des cas d’Exploitation et abus sexuels (EAS) en milieu scolaire. Les participants sont des prestataires sociaux qui travaillent dans la prise en charge des survivantes de violences basées sur genre, les acteurs de la protection des enfants ainsi que les points focaux en charge de lutter contre les EAS/HS mis en place par le Ministère de l’EPST à travers le Projet PERSE. A cette formation du donné et du recevoir qui s’est déroulée à Kinshasa, les participants engagés à renforcer leurs capacités ont fait preuve de beaucoup d’assiduité. C’est dans cette perspective que Madame Sidonie NDELELA point focal du Ministère de l’EPST/Kananga, visiblement satisfaite de sa participation dira « je suis ici pour apprendre sur la gestion des cas et ensuite transmettre les connaissances acquises à ceux que je vais former sur le terrain ».  Cet apprentissage a été bien apprécié par les participants à l’instar de Monsieur Etienne KAITA Inspecteur à la Province éducationnelle KASAI I, qui s’exprime en ces termes :

J’ai apprécié l’atelier par rapport à son organisation, le cadre choisi, mais aussi la participation et les facilitateurs qui ont été à la hauteur de mes attentes, la formation a été séquencée avec un enchainement logique qui nous a permis de changer nos attitudes et perceptions en rapport avec EAS/HS au niveau des enfants, ce que j’ai reçu comme acquis je ne le garderais pas pour moi-même ».

Etienne KAITA Inspecteur au Province éducationnelle KASAI I
Etienne KAITA Inspecteur au Province éducationnelle KASAI I

 

Les participants ont suivi la formation de façon assidue et avec beaucoup d’intérêt. Ainsi au prétest les bonnes réponses étaient de 66% et au post test il a été enregistré 78% soit une progression de 12 points.

Présentation du projet PERSE

Le Projet d’équité et de renforcement du système éducatif (PERSE) est financé par la Banque mondiale. Il a pour objectif de réduire les dépenses des foyers sur les frais d’éducation primaire parmi les ménages les plus pauvres, d’inscrire deux millions d’enfants de plus dans les écoles primaires des dix provinces d’intervention, et de renforcer les systèmes éducatifs et de gouvernance de base à travers tout le pays. Pour le Professeur Valère MUNSYA MOLOMB'EBEBE, Coordonnateur du projet PERSE

La gratuité décrétée par le Chef de l’Etat, à travers la suppression des frais scolaires ne suffit pas, pour que tous les enfants aillent et restent à l’école, il y a d’autres facteurs à prendre en compte, notamment les exploitations et abus sexuels et les harcèlements sexuels qui obligent certaines filles et garçons à abandonner l’école. Si nous ne traitons pas la question, le projet n’atteindra pas son objectif utile qui est d’envoyer tous les enfants à l’école et de créer les conditions pour qu’ils y restent ».

Professeur Valère MUNSYA MOLOMB'EBEBE, Coordonnateur du projet PERSE
Professeur Valère MUNSYA MOLOMB'EBEBE, Coordonnateur du projet PERSE

Avec le lancement de la politique de la gratuité de l’enseignement de base, les écoles primaires ont déjà commencé à vivre une croissance rapide des effectifs, produisant des classes surpeuplées d’enfants avec des enseignants débordés de travail. Les salles de classe, matériaux pédagogiques, équipements et autres infrastructures sont insuffisants pour accueillir cet afflux d’élèves. Il y a aussi une augmentation du nombre d’élèves qui commencent leur éducation tardivement, avec comme conséquence, des classes mixtes avec des élèves de différents âges. La combinaison de tous ces facteurs entraine l’accroissement des risques d’exploitation et abus sexuels (EAS) et de harcèlement sexuel (HS) dans les écoles, surtout là où les infrastructures scolaires accueillent plus d’enfants qu’elles ne peuvent gérer et où des élèves de différentes tranches d’âge sont mélangés.

Pour atteindre les résultats attendus de la lutte contre les EAS/HS, une des stratégies prévues dans le projet est le renforcement des capacités des prestataires d’offre des services de prévention et réponse aux VBG dans les provinces en vue d’une meilleure identification des cas d’EAS et HS, une meilleure documentation des cas ainsi que la gestion des cas dans une approche centrée sur la survivante et basée sur les droits humains. Ces formations devront permettre aux prestataires de services de comprendre les notions d’exploitation, abus sexuels et harcèlement sexuel en lien avec la mise en œuvre du PERSE ainsi que les mécanismes mis en place pour la gestion des plaintes.  

Une expertise reconnue de l’UNFPA

Le Coordonnateur du projet PERSE, le Professeur Valère MUNSYA MOLOMB'EBEBE parlant du partenariat entre le PERSE et l’UNFPA dira "nous avons externalisé cette activité auprès de UNFPA, parce que cette organisation à l’expertise nécessaire pour la faire ». La reconnaissance de l’UNFPA dans le secteur de la prévention et de la prise en charge des EAS est la base du partenariat avec le Ministère de l’EPST et la Banque Mondiale. Concrètement que fait UNFPA dans ce partenariat ? Madame Mireille IKOLI, Spécialiste genre/Violence basée sur le genre à UNFPA, répond à la question en ces termes :   

Les Fonds des Nations Unies pour la Population a conclu un partenariat avec l’EPST à travers le Projet d’équité et de renforcement du système de l’éducation PERSE en sigle, en vue de pouvoir aider à mettre en place un dispositif permettant d’atténuer les risques sociaux liés à la mise en œuvre du projet, la responsabilité de UNFPA est d’offrir une assistance technique au Projet afin de mettre en place les mécanismes  permettant à toutes victimes d’abus et exploitation sexuels de pouvoir obtenir de l’aide de qualité, pour ce faire nous allons travailler avec les ONG, les partenaires nationaux, les services étatiques pour nous assurer que dans toutes les provinces nous avons des services en place : services de prise en charge médicale, psycho sociale, juridique ou judiciaire pour pouvoir aider toutes les victimes».

Mireille IKOLI, Spécialiste genre/Violence basée sur le genre à UNFPA
Mireille IKOLI, Spécialiste genre/Violence basée sur le genre à UNFPA

Le projet PERSE est mis en œuvre dans un contexte où le système éducatif fait face à des défis sociaux importants ayant un impact sur la scolarisation des filles et la qualité de l’éducation : 64% des adolescentes subissent une initiation sexuelle forcée ou ont vécu leur première relation sexuelle de façon non consensuelle, 19% de jeunes filles âgées de 15-24 ans ont eu des rapports sexuels avant l’âge de 15 ans, taux de fécondité précoce de 24%, près d’une femme sur trois (29%) était mariée ou en union avant l’âge de 18 ans (MICS 2017-2018) . Par ailleurs, la faible prise en compte des femmes parmi les directeurs, les enseignants, voire les comités des parents des écoles, constituent également un défi majeur à relever pour une meilleure intégration des questions de genre dans l’enseignement ainsi que l’atténuation des risques d’exploitation et abus sexuels. En effet, sur 147.808 enseignants ciblés, environ 29% seulement, soit 42.864 enseignants sont des femmes ; parmi elles 857 pourraient être à risque de VBG (2%).

Dans ces conditions, l’absence des mécanismes de dénonciation des cas d’exploitation et abus sexuels au niveau des écoles, et dans la communauté, pourrait être une des raisons de l’abandon scolaire des filles, étant donné leur vulnérabilité plus élevée. Si des mesures d’atténuation des risques et de réponse à ces abus ne sont pas mises en place, les bénéfices des efforts visant à accroître la scolarité des enfants à travers la politique de la gratuité seront limités, particulièrement pour les filles. 

L’introduction de la prévention et de la prise en charge des cas d’exploitation et d’abus sexuels dans le secteur de l’éducation dans le cadre de la gratuité est indispensable pour protéger la jeune fille, les parents d’élève et les enseignants. Dans ce processus, UNFPA apporte son appui technique à ce secteur afin d’atténuer les effets de la gratuité sur les populations.  

Siaka TRAORE

Communication Specialist