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Dorothée, 17 ans, est une déplacée interne que nous avons rencontrée dans un camp de déplacés à Mambasa. Venue du village de Komanda suite à l’insécurité causée par une incursion armée des miliciens CODECO, elle a été violée et tombée enceinte dans un camp de déplacés où elles avaient trouvé refuge avec sa maman. Bénéficiaire de l’encadrement de l’ONG Solidarité Féminine pour la Paix et le Développement Intégral (SOFEPADI) à travers une formation des jeunes sur la réinsertion socio-économique appuyée par UNFPA, dans le cadre du projet « Accès amélioré aux soins de santé primaires, santé reproductive et à la prévention et réponse aux violences basées sur le genre dans les zones de santé de Lolwa et Komanda dans le Sud-Ituri » financé par le Fonds Humanitaire, elle a créé une activité génératrice de revenu, notamment un restaurant de thé et beignets ainsi qu’une boutique de vente d’articles ménagers.

 

Grâce aux conseils et accompagnement des Assistantes Psychosociales de SOFEPADI, Dorothée se dit convaincue que tomber enceinte à 17 ans et abandonner ses études est un bouleversement évident mais pas la fin du monde, témoigne-t-elle.

 

J’étais élève pré finaliste lorsque je suis tombée enceinte. J’ai d’abord eu l’idée d’avorter sachant que ma mère allait me chasser de la maison en apprenant la nouvelle. Mais, me rappelant de plusieurs sensibilisations sur les VBG faites ici dans le camp, je me suis confiée à Mme Amina de SOFEPADI qui a pu convaincre ma maman. Ça n'a pas été facile pour moi, mais grâce à UNFPA et SOFEPADI j'ai été formée et aujourd’hui j’ai mon restaurant et ma boutique ”.

 

Le revenu de Dorothée lui permet désormais de subvenir aux besoins de sa famille et elle pense reprendre le chemin de l'école l’année prochaine après la naissance de son enfant. Et grâce au restaurant et sa boutique, elle est devenue une référence de son entourage. Plusieurs familles ne font plus de longues distances pour le marché ; elles s’approvisionnent en tomates, oignons, sel, sucre, riz, allumettes, etc, ce qui lui permet de répondre à ses besoins sans beaucoup de peine.

 

Sa mère, Angélique (Nom d’emprunt), se réjouit du travail fait par SOFEPADI et UNFPA pour la prise en charge de sa fille mais surtout du renforcement de ses capacités sur les activités génératrices de revenu (AGR).

Ma fille était en 5ème secondaire quand elle est tombée enceinte. Cela m’a beaucoup bouleversé. Mais grâce aux conseils, j’ai dû accepter ma fille “ s’est-elle exprimé avant de remercier UNFPA pour son appui et soutien à la vie des jeunes filles victimes de grossesses précoces.

 

Pour Amina, l’assistante Psychosociale, la tâche n’a pas été facile.

Il m'a fallu deux mois et demi pour convaincre Dorothée d’annoncer sa grossesse à sa maman, et par la suite, je me suis retrouvée face à deux cas à traiter vu la réaction de sa maman qui n’a pas pu digérer cela. Mais, Dieu merci elles se sont réconciliées » a souligné Mme Angélique cette agent psychosociale.

 

Depuis octobre 2021, UNFPA, Agence Lead des Nations Unies sur la santé sexuelle et reproductive, met en œuvre le projet “ Accès amélioré aux soins de santé primaires, santé reproductive et à la prévention et réponse aux violences basées sur le genre ” en Ituri.


Des jeunes filles-mères participants à la CPN à Maya

 

Prévu pour une durée de 9 mois, le projet cible les personnes les plus vulnérables parmi les populations déplacées et retournées ainsi que les communautés hôtes dans les formations sanitaires de deux zones de santé (Lolwa et Mambasa) grâce au financement du Fonds Humanitaire de la RDC.

 

A ce stade de mise en œuvre du projet, les résultats accusent déjà un taux de performance très satisfaisant selon le Coordonnateur du Projet à  UNFPA Martin BIAYI. En effet, en termes d’accès aux soins de santé primaire et santé de la reproduction, la majorité des indicateurs de résultats du projet a déjà atteint plus de 100% de réalisation. A titre d’exemple, en termes de sensibilisation, il a touché plus de personnes que prévu. Environ 7040 sur 6068 personnes prévues par le projet ont été touchées. Les résultats globaux du projet ont été présentés aux autorités politico-administratives du territoire de Mambasa en date du 29 juin 2022.


Photo de famille lors de la présentation des résultats du projet aux autorités locales à Mambasa en Ituri

 

Les filles vulnérables et victimes de grossesses précoces tout comme Dorothée sont nombreuses dans la province de l’Ituri. La conséquence immédiate pour beaucoup d’entre elles est l’abandon scolaire, les amenant à désespérer par rapport à leur rêve de réussite. UNFPA intervient pour donner des informations appropriées sur la santé sexuelle et reproductive aux adolescents et aux filles afin de les aider à éviter la maternité précoce.