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 J’accompagne ma femme à toutes les consultations prénatales, cela me permet de suivre l’évolution de la grossesse et de mieux gérer les difficultés qui peuvent subvenir »

Nous avons rencontré Emmanuel dans le centre de santé de Kanyaruchinya, assis et entrain de suivre studieusement la séance de sensibilisation que la sage-femme affectée à la maternité donne avant d’entamer les consultations prénatales. Cet homme d’une soixantaine d’année qui a mis entre parenthèse son activité professionnelle ce jour précis, le temps de rester à côté de sa femme, nous explique les raisons de ce choix. Pour lui, en effet, la grossesse est un moment délicat pour la vie de la femme et du bébé. Il est par conséquent nécessaire d’accorder une attention particulière à la maternité. Il nous dira avec beaucoup de conviction que la meilleure manière d’assister la femme enceinte, c’est d’être proche d’elle et de participer aux séances de sensibilisation que la sage-femme fait à chaque consultation prénatale (CPN).  

Si Emmanuel qui vit dans une communauté rurale du Nord Kivu où habituellement la maternité est une « affaire de femmes » et les hommes en général restent à la marge, se retrouve au centre de santé entouré de femmes durant la CPN, c’est parce que le centre de santé Kanyaruchinya a développé une stratégie pour encourager les hommes à accompagner leurs femmes à la maternité.

En effet, la sage-femme affectée dans cette maternité soutenue par UNFPA a donné les arguments nécessaires aux femmes pour les amener à se faire accompagner par leurs maris. La sage-femme Hyvette Mundeke nous dira que outre les arguments donnés aux femmes pour convaincre leurs maris, «nous facilitons l’accueil des hommes dans notre centre de santé ». Conséquence, ce jour de consultation prénatale, nous avons noté qu’une dizaine d’hommes étaient présents.  

Lorsque nous nous sommes adressé à Nyanzira Bizimugu, la femme d’Emmanuel, c’est avec beaucoup de joie marquée par un léger sourire qu’elle nous dit

avant, il ne m’accompagnait pas pour la consultation prénatale. C’est après une séance de sensibilisation avec la Sage-femme que je suis rentré pour lui expliquer les raisons pour lesquelles il devrait m’accompagner. Je suis arrivé à le convaincre. Et depuis qu’il est venu une fois, chaque fois il vient et parfois c’est lui qui me rappelle le rendez-vous ».  


Emmanuel et son épouse Nyanzira au centre de santé

La gestion de la grossesse est délicate et nécessite une bonne implication de l’homme.  Une bonne participation de l’homme permet d’éviter beaucoup de problèmes en préparant mieux l’accouchement et en réduisant le premier retard, à savoir la décision de se rendre dans le centre de santé dès le début du travail de l’accouchement ou en cas de signe de danger au cours de la grossesse. Sur ce point, le changement est notable chez certains hommes de de Kanyaruchinya. Pour Emmanuel,

Il y a une prise de conscience chez les hommes. Aujourd'hui, ils accompagnent de plus en plus leurs femmes au centre de santé. »


Séance de sensibilisation avant consultation prénatale au centre de santé de Kanyaruchinya en présence des hommes

La maternité de Kanyaruchinya, est située à quelques encablures du volcan Nyiragongo et est bâti sur les laves. Ce volcan qui s’est subitement mis en activité le 22 mai 2021. Dans cette maternité travaille Hyvette Mundeke très engagé dans son métier. Elle a été formée par UNFPA comme sage-femme humanitaire ce qui lui permet de prendre en compte les besoins des femmes dans leur maternité même en temps de crise humanitaire.


La sage-femme Hyvette en séance de sensibilisation des femmes venues en consultation prénatale

Emmanuel, peut être considéré comme un homme modèle dans le contexte de Kanyaruchinya où les questions de genre se posent avec beaucoup d’acquittés avec une répartition des rôles qui ne laisse pas beaucoup de place à l’homme dans la gestion de la grossesse car celui-ci est éduqué à se tenir à distance dans la gestion de la maternité. Ce nouveau rôle model d’Emmanuel commence à faire tache d’huile et mérite d’être poursuivi. Son développement va certainement contribuer à renforcer l’amélioration de la santé maternelle constatée dans cette communauté rurale non loin de la ville de Goma. Cette initiative d’implication des hommes mérite d’être partagée et étendue à d’autres localités pour changer la répartition des rôles dans la gestion de la maternité.