Esther Moseka, Sage-femme humanitaire postée dans la zone de santé de Bunia dans la province de l’Ituri, après une formation en préparation et réponse en situation de crise humanitaire, cette femme battante, pleine de motivation malgré le poids de la tâche et le contexte sécuritaire difficile nous parle de son travail. Nous l’avons rencontré à sa sortie de la salle d’accouchement du centre de santé de Muzimaria.
Visiblement contente, après avoir sauvé la vie d’une mère et d’un nouveau-né, elle explique tout naturellement ce qui est arrivé
je viens de faire accoucher une femme enceinte, une déplacée interne à la suite de conflits intercommunautaires, la maman et son bébé se portent bien…la technique de l’accouchement par siège, une observation sans toucher le bébé avant que l’épaule ne soit visible, et après nous avons dégagé les épaules et la tête en collaboration avec la sage-femme du Centre de Santé Muzimaria et elle donna naissance à une fillette de 3400 grammes».
Cet accouchement difficile que vient de réaliser Esther a été possible car sous le leadership du Ministère de la santé et conjointement avec l’OMS et l’UNOCHA, l’UNFPA avec l’appui de ses partenaires fianciers, l’UNCERF, la Banque Mondiale, le Royaume-Uni (UNFPA Supplies), la Suède et le Canada ont développé et mis en place une stratégie de formation et de déploiement de sages-femmes dans les zones humanitaires pour faciliter la prise en charge des femmes et filles en situation d’urgence.
La couverture sanitaire universelle (SDG3) n’est possible que si les pays disposent d’un système de santé résilient qui permet de faire face aux situations de crise. La République Démocratique du Congo est régulièrement touchée par des crises humanitaires qui rendent difficile le respect des droits et des choix en matière de santé sexuelle et reproductive. Pour faire face à cette situation, renforcer la résilience du système de santé et répondre efficacement aux besoins des femmes en âge de procréer, sous le leadership du Ministère de la santé et conjointement avec l’OMS et UNOCHA, l’UNFPA, avec le les partenaires de la santé, ont mis en place une stratégie innovante appelée « sage-femme humanitaire ».
Le principe est simple : former des Sages-femmes déjà actives dans leur compétences en renforçant la dimension urgence humanitaire et les déployer dans les zones touchées par des crises où il y a d’énormes gaps pour prendre en charge les besoins en matière de santé sexuelle et reproductive ainsi que les violences basées sur le genre dans le cadre du dispositif minimum d’urgence en santé sexuelle et reproductive en situation de crise humanitaire. Cette expérience a commencé en 2019 avec formation d’un pool de 30 sages-femmes humanitaires suivi du déploiement de 18 d’entre elles. En 2020, ce sont 16 sages-femmes qui sont en activité dans 14 zones sanitaires du pays pour assurer le respect des droits et des choix en matière de santé sexuelle et reproductive des femmes et des filles dans les communautés affectées par les crises.
Afin de poursuivre la mise en œuvre de la stratégie sages-femmes humanitaires, cette année, UNFPA a décidé de former sur toutes les zones humanitaires du pays des sages-femmes qui sont prêtes à être déployées. Dans ce cadre, 61 Sages femme ont déjà été formées en deux pools dans la zone Est à Goma.
Le troisième pool composé de sages-femmes de la zone de l’Espace Grand Kassaï, vient de finir sa formation à Kananga. Cette formation a renforcé 32 sages-femmes qui sont désormais prêtes à être déployées en fonction des besoins dans les zones humanitaires. Ce troisième pool porte à 93 le nombre de sages-femmes formées spécialement pour les interventions humanitaires.
Les participantes à cette formation ont salué sa pertinence à l’image de KAMIYONGO HANDAYE Mado :
Cette formation a été très utile pour nous, elle nous a mis à jour sur les différentes thématiques de la santé de la reproduction. Nous avons renforcé nos capacités sur les différentes complications liées à l’accouchement et aux soins du nouveau-né et nous avons appris comment travailler dans le contexte humanitaire».
Cette formation est le fruit d’un partenariat entre le Ministère de la santé, l’OMS, l’UNHCR, l’UNOCHA, l’UNCERF, la Société Congolaise des pratiques de Sage-femme (SCOSAF) et l’UNFPA. Ce partenariat permet de mettre les forces ensemble afin de dégager une synergie d’action autour de la santé de la mère et du nouveau-né lors des situations humanitaires en RDC. Ce partenariat est salué par Dr LUNZAYILADJO du Programme National de Santé de la Reproduction en ces termes
C’est une très belle idée de former les sages-femmes humanitaires. En situation de crise humanitaire tout est désorganisé et si on forme la sage-femme qui connait le contexte humanitaire, elle peut intervenir pour sauver la vie de la femme enceinte et du nouveau-né. La sage-femme est une denrée importante en situation humanitaire car elle prend en charge la femmes enceinte, la femme en travail et en post partum. Ses interventions sauvent la vie de la mère et du nouveau-né» .
Après Kananga et l’espace Grand Kassaï, UNFPA et ses partenaires mettront le cap sur Kalemie pour la formation du 4ème pool des sages-femmes de l’espace Grand Katanga. Suivi d’un 5 eme pool à Bunia dans l’Ituri. Avec ces deux formations restantes toutes les zones humanitaires du pays disposeront désormais de sages-femmes prêtes à être déployées pour sauver la vie de la mère et du nouveau-né.
UNFPA travaille en RDC pour atteindre sa vision de zéro décès maternel évitable. Dans ce cadre, en partenariat avec le Ministère de la santé, l’OMS et les autres partenaires de la santé, elle opérationnalise des stratégies afin que chaque femme enceinte bénéficie de l’accompagnement nécessaire tout au long de sa grossesse et qu’elle accouche dans un centre de santé avec une assistance médicale qualifiée.