Peu avant de quitter la clinique mobile du camp des déplacés Lushagala 1 pour la sensibilisation dans la communauté, Loti Kubuya, sage-femme engagée, confie la gestion des urgences obstétricales à une de ses collègues restée en permanence pour recevoir des femmes enceintes en travail, alors que d’autres arrivent progressivement pour des consultations prénatales ou postnatales.
Aujourd’hui, Nadège Amani Munyololo et moi allons à la rencontre des femmes du camp, pour leur parler de la planification familiale. C’est aussi essentiel que les soins que nous prodiguons ici », explique-t-il en rassemblant ses outils et méthodes contraceptives.
L’objectif pour la journée c’est rendre visite à domicile aux femmes déplacées pour leur parler des méthodes contraceptives disponibles, tout en répondant à leurs préoccupations. « Chaque matin, je me réjouis de savoir que nous allons faire une différence dans la vie de ces femmes et filles vulnérables », confie Loti Kubuya.
Cette initiative repose sur l’engagement des distributeurs à base communautaires (DBCs) et des sage-femmes mobilisées pour élargir l’accès aux méthodes contraceptives modernes, grâce au projet « Prévention et réponse intégrées à la violence basée sur le genre (VBG) et à la santé sexuelle et reproductive (SSR) pour les populations vulnérables » Ce projet mis en oeuvre dans les provinces du Nord-Kivu, du Sud-Kivu et de l’Ituri, est soutenu par le Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA) grâce au financement de l’Union Européenne (UE), s’appuie entre autre sur les distributeurs à base communautaire (DBCs) pour la diffusion des informations essentielles et assurer l’accès à des solutions de contraception modernes telles que le Sayana Press, dans les camps de personnes déplacées internes.
Prendre connaissance et faire son choix
Françoise Furaha, 24 ans, se souvient encore du jour où Nadège Amani Munyololo, une distributrice à base communautaire, a frappé à sa porte.
Elle m’a parlé de la planification familiale et m’a rassurée sur les options disponibles. Je n’avais jamais entendu parler du Sayana Press avant cela ».
Curieuse, elle a accepté d’en savoir beaucoup plus sur la méthode. Après discussion avec la DBC, Marie a fait son choix sur le Sayana Press et peut désormais administrer toute seule la méthode contraceptive injectable tous les trois mois.
Cela m’a donné la liberté de me concentrer sur l’avenir de mes enfants », ajoute-t-elle avec un sourire.
Grâce au projet, il s’observe une amélioration de 80 % des services de planification familiale à Lushagala 1, grâce à la mobilisation des DBCs et la disponibilité des méthodes contraceptives comme le Sayana Press, augmentant ainsi la portée des interventions visant l’autonomisation des femmes et réduisant significativement les grossesses non planifiées et permettant aux femmes de mieux gérer leur avenir familial et social. Ces activités communautaires ont réduit les obstacles à l’adoption de la contraception, notamment grâce à l’information et la sensibilisation sur les méthodes disponibles.
Une collaboration coordonnée pour maximiser l’impactNadège, une distributrice à base communautaire, administrant la méthode Sayana Presse à Françoise pour la
planification familiale.
Ces résultats montrent qu’une approche coordonnée entre les DBCs et les sages-femmes permet de maximiser les résultats.
Cette collaboration nous permet de bâtir une résilience durable tout en répondant aux besoins immédiats des populations touchées par la crise. » explique Loti Kubuya.
Les actions conjuguées renforcent non seulement l’autonomie des femmes et des filles, mais aussi leur capacité à faire des choix éclairés pour leur avenir et celui de leur famille. Cette approche communautaire basée sur le porte-à-porte, reste une étape essentielle pour atteindre les objectifs de santé reproductive universelle et autonomiser les femmes dans les contextes les plus vulnérables comme celui de l’est de la RDC.
Pour Nadège Amani Munyololo, « Beaucoup de femmes ici dans le camp, n'ont jamais eu accès à des informations fiables sur la contraception. Notre travail est de les suivre dans la communauté pour leur donner des outils afin de leur permettre de faire des choix éclairés. »
Le programme porté par UNFPA et financé par l’Union Européenne démontre qu’une approche coordonnée et centrée sur les besoins des communautés peut transformer des vies. En combinant les forces des DBCs, des sages-femmes et des partenaires de mise en œuvre comme le Réseau d'Action pour le Développement et le Progrès Intégré (RADPI) des interventions bien planifiées peuvent renforcer l’autonomie des femmes et des filles dans des contextes humanitaires complexes.