Vous êtes ici

Il est 08h00 du matin, nous sommes devant le centre de santé de Kazamba, dans la zone de santé de Kikwit en province du Kwilu. Un petit comité s’est réuni à l’entrée du centre de santé et attend l’arrivée de l’infirmier titulaire.

C’est comme cela que nous procédons chaque 48heures. Nous tenons notre réunion du comité de gestion de plainte avant d’ouvrir la boîte à plaintes ; pour cela, nous avons besoin de  la présence d tous les membres ainsi que de l’infirmier titulaire », explique Michée Matafuidi, secrétaire de l’équipe de gestion  de plaintes, avant d’ajouter « on procède à l’ouverture de la boite à plaintes  trois fois par semaine, presque tous les deux jours afin d’examiner les plaintes. Ce délai nous permet de transférer rapidement les cas échéants, les victimes pour une prise en charge holistique ».

Ce jour , il n’y a pas eu des plaintes, à part quelques papiers sur lesquels sont notés des suggestions et recommandations sur le fonctionnement du centre de santé, cela n’a aucun  rapport avec l’exploitation, abus et harcèlements sexuels.

C’est depuis trois mois que le centre de santé de kazamba a installé une boite à plaintes avec l’appui de UNFPA dans le cadre du projet UG-PDSS: 

 nous avons suivi une formation organisée par une équipe de UNFPA. Cette formation nous a permis d’abord de maitriser les concepts clés tels que  l’exploitation, abus et harcèlements sexuels et les dommages qu’ils causent aux victimes, surtout aux femmes et filles. Au cours de la  formation , nous avons appris les différentes voies de signalement au sein du mécanisme de gestion des plaintes parmi lesquels la boite à plaintes, que nous avons aussitôt installé au centre de santé, après consultation communautaire». explique Crispin Matafwidi, infirmier et point focal du projet dans la zone de santé Kikwit Sud.

Une première dans la zone de santé

Douze (12) aires de santé, de la zone de santé Kikwit sud bénéficient d’un accompagnement de UNFPA à travers Association de Santé Familiale  (ASF) , dans le cadre du projet « Prévention et réponse à l’exploitation et les abus sexuels (EAS) et le harcèlement sexuel (HS), qui accompagne la  mise en œuvre des projets PMNS et  REDISSE IV  dans cette zone, financés par la banque mondiale, à travers l’UG-PDSS».

L’objectif est de contribuer à la protection  des femmes et filles contre les violences basées sur le genre, en paticulier l’exploitation, abus et harcèlement sexuels et offrir aux victimes une assistance holistique qui leur permet de continuer de vivre dignement » fait savoir Louise Maimona, Analyste en matière des violences basées sur le genre à UNFPA avant de conclure «  Des activités de sensibilisations sont menées au sein de la communauté et à travers  les radios afin que la population apprenne à  dénoncer les cas d’abus».

La boite à plaintes est l’une des stratégies qui permettent aux victimes et  leurs proches de dénoncer les abus sexuels et  font partie des mécanismes de gestions des plaintes établis dans le cadre du projet.  Une dizaine  de boites est actuellement opérationnelle dans les deux zones de santé que compte la ville de Kikwit. Une première dans le secteur de la santé dans cette ville.

Notre équipe de gestion des  plaintes est composée de six personnes, dont le point focal EAS, l’infirmier titulaire, 2 relais communautaires ainsi que 2 membres de la communauté. Lorsqu’il y a des plaintes, nous faisons un compte rendu puis nous les envoyons à la zone de santé pour besoin  d’investigations et décision » ajoute Michée Matafuidi.


Comité de gestion de plainte de la boîte à plaintes

Premiers cas et des défis à relever

En trois mois de fonctionnement, le centre de santé de kazamba a déjà transmis 12 plaintes dont 2 cas ont abouti à des sanctions administratives et actions judiciaires.

Un bilan encore timide mais déjà encourageant quelques mois après l’installation de la boîte à plaintes au centre de santé : 

C’est un bilan qui certes ne représente pas la réalité car nous sommes dans un processus, et souvent pour arriver à un changement total et avoir des résultats escomptés il faut du temps. Nous continuons à sensibiliser et on espère qu’avec l’accompagnement de UNFPA nous allons arriver à mettre aux cas d’exploitation, abus et harcèlements sexuel dans le secteur de la santé ».

Un défi que reconnait la coordonnatrice terrain UNFPA « le travail est encore énorme et exige de nous de l’assiduité.  Louise Maimona  affirme que

 pour le moment le défi majeur est de couvrir toutes les aires de santé, ce qui n’est pas encore le cas. Aussi, pour que les gens comprennent il faut renforcer et maintenir les sensibilisations car certaines victimes restent dans le silence par peur d’être stigmatisée dans la société. On va continuer à travailler afin que toutes les femmes et filles soient protégées contre les violences basées sur le genre, l’exploitation et abus sexuels ».