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Bunia : à l’Est de la République Démocratique du Congo

J’ai été violée par un inconnu sur mon chemin de retour du marché. J’ai perdu ma virginité ce jour-là et je suis tombée enceinte »,

a déclaré Stéphanie (nom d’emprunt) 16 ans, venue   pour des soins de son enfant à la clinique « Karibuni Wa Maman » de Bunia.

Depuis sa prise en charge psychologique, Stéphanie est restée attachée à cette clinique mise en place par l’Organisation non-Gouvernement SOFEPADI, un partenaire de mise en œuvre de UNFPA.

C’est lors des séances thérapeutiques que nous avons découvert qu’elle était enceinte de cet enfant. Elle-même ne le savait pas, ni même ses parents. Son ventre était plat »,

a expliqué Mme Espérance Karungi, Psychologue à SOFEPADI en ajoutant qu’elle n’avait pas pu bénéficier de la prise en charge médicale selon le protocole recommandé parce qu’elle n’est pas arrivée avant le délai de 72 heures après son viol.

Reprendre la vie à zéro et devenir mère

Stéphanie vivait avec toute sa famille au village dans le territoire de Djugu.

 Nous avions fui les assaillants qui sont entrés dans le village tabassant, pillant tout sur leur passage et incendiant les maisons. Nous avions marché pendant cinq (5) jours sans rien manger jusqu’au site des déplacés installés à côté de l’Hôpital Général de Référence de Bunia. Si nous étions au village, je ne serais pas déshonorée et je ne serais pas devenue mère si tôt »

nous dira Stéphanie avec beaucoup amertume.

La famille de Stéphanie avait tout abandonné au village. Son père n’avait que 6 000 Franc congolais (Fc) soit moins de trois (3) dollars américains sur lui lorsqu’ils ont pris la fuite. Les enfants ont abandonné les études. La famille devait s’habituer à une nouvelle vie. Vivre dans un camp des déplacés et attendre l’aide humanitaires. A 16 ans, Stéphanie a appris à ses dépens, à faire du commerce pour subvenir à ses besoins.

J’ai commencé à vendre des pommes de terre sur le site avec le peu d’argent que ma mère m’avait remis ».

Stéphanie avait choisi de ne pas dénoncé ce viol jusqu’au jour où, un relais communautaire (RECO) est venu sensibiliser les déplacés sur les VBG sur le site. Elle a partagé sa malheureuse histoire avec le RECO qui l’a recommandé auprès de SOFEPADI pour la prise en charge malgré le retard de se rendre au centre de santé le plus proche dans les 72 heures. 

 

Espace Sûr Salama

Installé au Centre de santé Bigo par SOFEPADI grâce à l’appui de UNFPA avec le financement CERF, cet espace Sûr est un cadre idéal pour l'accompagnement des femmes vulnérables et des survivantes des VBG. L’espace Sûr SALAMA offre une prise en charge psychologique, de l’information sur la disponibilité des services médical et juridique pour un référencement vers les structures d’offre des services de la zone de santé de Bunia et sert également à l’autonomisation des femmes et filles à travers l’apprentissage d’un métier (tissage de paniers, des nattes et la coupe et couture). Depuis sa mise en place l’Espace Sûr Salama a encadré plus de 342 femmes et filles y compris des survivantes de VBG.


Espace sûr Salama, les femmes et filles apprennent la coupe couture et de la confection des paniers

 

Après la prise charge psychologique, Stéphanie a été une fois de plus référée à l’Espace Sûr Salama où elle a appris la coupe et couture.

C’est moi qui ai confectionné cette robe que porte ma fille »,

précise – t -elle en poursuivant qu’elle a également appris à fabriquer des paniers et les nattes.

Mme Henriette Dhinbe Liripa, Assistante Psychosociale et animatrice de cet espace sûr précise

nous n’encadrons pas seulement les survivantes de VBG, mais toutes les femmes et filles de la communauté qui ont besoin de nos services. Nous organisons des écoutes actives, des activités thérapeutiques, des apprentissages des métiers, des activités récréatives et des sensibilisations sur les VBG/EAS et la Santé Sexuelle Reproductive ».

 


Mme Espérance Karungi, l’Assistante Psychosociale à SOFEPADI et Mme Henriette Dhinbe Liripa, Assistante Psychosociale et animatrice de l'espace sûr Salama

La crise en République Démocratique du Congo (RDC) demeure l’une des plus complexes et prolongées dans le monde. Suite à la crise sécuritaire qui sévit à l’Est du pays depuis plusieurs décennies, à laquelle s'ajoutent les épidémies et catastrophes naturelles, le Comité permanent inter-agences (IASC) a décidé en juin dernier d'activer l'intensification et le passage à l’échelle des interventions humanitaire dans les provinces du Nord Kivu, Sud Kivu et Ituri. UNFPA s’est engagé aux côtés des autres agences des Nations Unies à intensifier ses interventions dans cette partie du pays. Une situation humanitaire fragile qui a poussé environ 5,5 millions de personnes déplacées et sinistrées vivant dans des conditions déplorables dans les provinces de Ituri, Nord Kivu et sud Kivu.