Célébrée sous le thème : « Sa santé, son droit : Façonner un avenir sans fistule », la Journée Internationale pour l’élimination de la fistule obstétricale en 2025, était un moment idéal pour mettre en évidence l'importance du droit à la santé sexuelle et reproductive pour chaque fille et femme, et appelle à garantir un accès à des services de qualité.
Selon l’OMS, chaque année dans le monde, 50 000 à 100 000 femmes présentent une fistule obstétricale et plus de 2 millions de jeunes femmes vivent avec la fistule obstétricale en Asie du Sud Est et en Afrique subsaharienne.
En République Démocratique du Congo, on estime l’incidence de la fistule obstétricale entre 5000 à 7000 cas chaque année. Il s’agit là d’un réel problème de santé publique qui exige une attention particulière. L’Enquête Démographique et de Santé (EDS 2023 - 2024) publiée en 2024, révèle qu’environ 1% de femmes présente des symptômes de la fistule obstétricale. En 2024, les données de routine du DHIS2 indiquent que 2.130 cas de fistule obstétricale sur 37.795 accouchées avec des complications d’après accouchement, ont été notifiés, soit une proportion de 5,6 % de fistule obstétricale.
Eliminer la fistule obstétricale à tout prix
En 2003, UNFPA et ses partenaires avait lancé la campagne mondiale qui vise à éliminer la fistule d'ici 2030 par la prévention, le traitement, la réinsertion sociale des survivantes ainsi que des programmes de sensibilisation.
En 2006, la RDC à l’instar des autres pays avait lancé la campagne nationale d’élimination de la fistule obstétricale pour redonner le sourire, la dignité et l’espoir aux survivantes. Dès lors, les campagnes de réparation se font chaque année avec l’appui de UNFPA et d’autres partenaires.
La fistule obstétricale demeure ’une des priorités de l’action de UNFPA en RDC vu son ampleur toujours grandissante et son impact sur la vie des femmes à tel point qu’elle est assimilée à une violence faite à la femme. En 2024, dans quelques provinces du pays, environ 1006 femmes souffrant de la fistule obstétricale ont bénéficié d’une chirurgie gratuite grâce à l’appui de UNFPA et ses donateurs.
Des équipes bien formées
Pendant les campagnes de réparation qui se font chaque année, les prestataires des hôpitaux ciblés bénéficient également d’un renforcement des capacités techniques dans la réparation des cas de fistule obstétricale simple. UNFPA en collaboration avec l’hôpital de Panzi dans le Sud-Kivu et l’hôpital Saint Joseph à Kinshasa, organise la formation des médecins, infirmiers et anesthésistes dans la prise en charge de la fistule obstétricale en mode routine et apporte un appui considérable dans la fourniture des kits fistules pour renforcer le plateau technique des hôpitaux. A ce jour, toutes les 26 provinces de la RDC sont dotées d’au moins une équipe de réparation de cas de fistule.
Le défi demeure encore grand pour éliminer la fistule obstétricale en RDC dans un contexte d’insuffisances des ressources matérielles, humaines et bien sûr les ressources financières en sachant que le coût forfaitaire négocié pour la prise en charge d’une femme souffrant de la fistule est de 500 dollars américains, une fortune pour la majorité de femmes qui généralement sont des femmes des milieux ruraux sans accès aux soins obstétricaux et néonatals d’urgence de qualité et sans assistance des sages-femmes qualifiées lors de l’accouchement.
La riposte à la problématique de la fistule obstétricale requiert un engagement programmatique et politique à haut niveau en vue d’amener le système national de santé à privilégier l’approche d’intégration des services de santé de sorte que la réparation de la fistule obstétricale fasse partie du paquet complémentaire des soins plutôt que demeurer dans l’approche des campagnes de réparations ponctuelles en fonction de la disponibilité des fonds.