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TOUT TENKE » C’est le nom que nous lui avons attribué, parce que c’est inclusif, c’est ouvert à tout le monde, tout âge et toute catégorie de personne »,

explique Sarah Ngoie, mère de 6 enfants et apprenante en coupe- couture dans ce cadre d’apprentissage   Le centre a été construit par UNFPA dans le cadre du projet « Prevention et réponse à l’exploitation, abus et harcèlement sexuel dans le secteur de la santé », mis en œuvre par l’UG-PDSS financé par la Banque Mondiale.

Sarah a exercé en tant qu'enseignante à l’école primaire Elmer de Tenke-Fungurume, mais cela faisait 2 ans qu’elle avait quitté le domaine de l’enseignement pour avoir du temps nécessaire pour s’occuper de son ménage. Pendant cette période, elle est restée à la maison sans activité jusqu’à ce qu’elle apprenne l’existence de l’espace sûr offrant  la possibilité d’apprendre gratuitement la coupe et couture.

Je m’étais inscrite dans un centre pour l’apprentissage d’un métier, faute de moyen j’avais abandonné quelques semaines après. Au-delà des frais d’inscription et d’apprentissage, on devait payer les matériels, ce qui était difficile pour moi ».

Erigé dans l’enceinte du centre de santé de Tout Tenke dans la zone de santé de Fungurume, l’espace sûr TOUT TENKE accueille les femmes et filles vulnérables pour les programmes d’apprentissage professionnel, des causeries éducatives et des conseils. Il dispose d’une grande salle dédiée à l’apprentissage des métiers et des  causeries générales ainsi que plusieurs autres compartiments où chaque femme ou fille désirant un accompagnement personnalisé sur une question particulière, peut rencontrer l’Assistante Psychosocial (APS) pour les orientations.

Dans l’espace sûr plusieurs femmes et filles viennent se confier à moi, pas seulement celles qui apprennent ici les métiers ou des survivantes de VBG. La majorité des adolescentes m’approchent veulent avoir des informations sur leurs menstruations et les Maladies Sexuellement Transmissibles (MST), nous les accompagnons et très souvent elles partent satisfaites », déclare Livna Kabondo, Assistante Psychosocial (APS) au sein de l’espace sûr.

Une fois par semaine, les apprenants discutent des sujets en rapport avec la santé de la reproduction et le développement personnel avec l’accompagnement de l’Assistante Psychosocial (APS). Dans plusieurs coins de la RDC en général et dans le Lualaba en particulier, l’éducation à la sexualité est un tabou.  L’insuffisance d’information sur la sexualité peut pourtant s’avérer dangereuse pour les filles et leurs communautés.  

Education sexuelle : une plus-value pour la génération montante

Une étude mondiale intitulé ‘’Education sexuelle complète ; nouveaux éléments d’information, enseignements et pratiques’’ menée et publiée en 2015 par 3 Agences des Nations Unies à savoir UNFPA, UNESCO et ONUSIDA, qui s’appliquent dans l’appui au développement de la jeunesse et l’éducation sur la santé sexuelle, a montré que l’éducation complète à la sexualité peut permettre de prévenir les grossesses d’adolescentes, de réduire les comportements à risque et de lutter contre les normes de genre qui exposent les filles à des violations de leurs droits, comme les mariages d’enfants, les mariages précoces ou forcés.

Pour Kamana Christine cheffe de Division du Genre Famille et Enfant dans la Province du Lualaba, la gestion des Espaces Sûrs construits et équipés par UNFPA en RDC fait partie des responsabilités qui incombent au service technique de l’Etat et que les femmes et filles doivent y trouver un cadre confidentiel où elles peuvent s’exprimer, s’épanouir et construire un esprit de communauté.

Avoir un espace où les filles peuvent se parler sans tabous, apprendre gratuitement les métiers est un grand investissement pour le développement personnel des filles. L’espace sûr TOUT TENKE répond à ce besoin vital » conclut la cheffe de division.

De son côté, la Présidente des Associations des Femmes de Tenke (AFT), estime qu’apporter cette innovation dans sa zone est un motif de fierté et de satisfaction. Solange Kafuka pense que l’espace sur va aider à renforcer la sensibilisation des femmes et filles sur la santé de la reproduction et la prévention des cas d’abus et d’exploitations sexuelles dans cette partie de la RDC où la majorité des habitants est actifs dans les activités d’exploitation, achat et vente des minerais.

Cette maison nous appartient et nous nous en servirons de sorte à y tirer tout le bénéfice pour l’éducation et le développement de la gent féminine de Tenke » a-t-elle fait savoir

Projection après la formation

Les filles et femmes admises à la formation en coupe couture comme Sarah ont six mois pour apprendre la théorie et la pratique du métier, l’exercice technique à la main, l’étude de la machine et la confection de la robe.

A deux mois de formation, Sarah très optimiste projette déjà un avenir prometteur pour son autonomisation.

Déjà je maitrise plusieurs notions techniques de la main, l’étude de la machine, la coupe et confection d’une robe pour enfant et adulte », raconte Sarah avant de conclure qu’avec ses collègues, « elles réfléchissent sur une possible mutualisation pour la mise en place d’un atelier commun de couture. »

Sarah et ses consœurs ont mis en place une petite caisse dans laquelle chacune contribue de manière hebdomadaire à hauteur de 2500fc soit environ 1 dollars, avec espoir de payer la machine et quelques autres outils de travail une fois leur atelier commun ouvert.

Il sied de noter que dans le cadre de la mise en œuvre du projet, Prevention et réponse à l’exploitation, abus et harcèlement sexuel dans le secteur de la santé, UNFPA a, à travers son partenaire de mise en œuvre CENEAS, construit et équipé en matériels mobiliers et d’apprentissage manuel, 3 espaces sûrs dans les provinces du Lualaba, Haut Lomami et Haut Katanga.