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C’est dans ces termes que Pamela (nom d’emprunt pour la protéger) nous raconte le calvaire qu’elle a vécu dans cette nuit ou des voleurs ont fait irruption dans la maison de son oncle à Kananga. Pendant que se déroulait le cambriolage, les voleurs se sont rendu compte que Pamela et sa jeune sœur pouvaient être une opportunité pour eux d’assouvir leur pulsion sexuelle. 

Le rêve brisé

Pamela avait quitté le village Tshibungu dans le territoire de Demba où elle vivait avec ses parents pour poursuivre des études commerciales à Kananga auprès de son oncle. Malheureusement ce soir, alors qu’elle dormait tranquillement dans la maison, des cambrioleurs font irruption dans leur maison et l’agresse sexuellement.

Ils sont entrés dans la chambre de mon oncle pour exiger de l’argent, et deux parmi eux sont entrés dans ma chambre. J’étais couchée avec ma petite sœur, ils m’ont pris de force, ils m’ont violé, je criais mais mon oncle et sa femme n’ont pas pu venir à mon secours’’,

raconte-t-elle-avec peine et rancœur.  A partir de cette nuit, la vie de cette jeune adolescente bascula. Outre, les séquelles physiques, elle fera face à un traumatisme psychologique qu’elle aura de la peine à surmonter. En effet, Pamela était obligé d’abandonner son rêve de poursuivre ses études

Je ne pouvais aller à école, tout s’était arrêté pour moi. Je fuyais le regard des gens, je ne croyais plus au bon sens de la vie, je me demandais pourquoi seulement moi…’’. Dans sa mélancolie, elle traversera des périodes suicidaires mais par la force de son caractère et l’appui apporté à Pamela elle a pu surmonter cette situation.

La renaissance

Grâce au programme dénommé : Justice, Autonomisation et Dignité des Femmes et des Filles en RDC (JAD), mise en œuvre par le ministère du genre, famille et enfant, le Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA), le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) et le Bureau de Conjoint des Nations Unies pour les Droits de l’Homme (BCNUDH) avec le soutien financier du Canada, Pamela a bénéficié d'un accompagnement holistique. Cet accompagnement qui a duré environ 8 mois a porté sur les aspects médicaux, psychosociaux, juridiques et le tout couronné par une réinsertion socioéconomique. C’est justement cette forme de prise en charge qui a permis à Pamela de surmonter la période difficile qu’elle a traversée. A travers le soutien apporté par la stratégie de réinsertion socio-économique du projet JAD, Pamela retrouve de l’espoir et elle donne une nouvelle orientation à sa vie après avoir suivi une formation dans le domaine de l’élevage.

La nouvelle vie de Pamela

Malgré l’épreuve traversée par Pamela, elle n’a pas baissé les bras. Après sa formation en élevage, elle entame immédiatement ses activités. Pour commencer, Pamela, nous rapporte :

Au départ j’ai reçu trois porcins et un demi sac d’aliment. Je les ai élevés et vendus. L’argent a été utilisé pour racheter huit autres et un sac d’aliment, le reste m’a aidé pour les achats des fournitures scolaires. Ma seule difficulté actuelle c’est l’espace qui devienne de plus en plus petit pour augmenter mon élevage ».

Pamela que nous avons rencontrée dans son élevage de porc est visiblement satisfaite de sa nouvelle vie 

Ma vie a littéralement changé, je me sens mieux. Je vous remercie de m’avoir redonné de l’espoir.  Ma vie a un sens à présent. J’élève mes porcins, je les revends, je gagne de l’argent et je sais comment épargner. Je suis prête à retourner à l’école cette année car je compte poursuivre mon rêve ».

A Kasaï-central, du début de l’année 2021 à ce jour, les deux Centres Intégrés de Service Multisectoriel (CISM) ont permis à plus de 971 survivantes de VBG de bénéficier d’une prise en charge holistique. Cette approche de prise en charge holistique des survivantes de VBG mérite d’être renforcée pour permettre à beaucoup plus de femmes et de filles survivantes de bénéficier des services.

UNFPA en partenariat avec le gouvernement et ses partenaires a appuyé l’installation de 11 centres intégrés de service multisectoriel répartis dans 5 provinces de la République Démocratique du Congo à savoir Kinshasa, Kasaï-Central, Nord-Kivu, Sud -Kivu et Ituri. Ces structures font une prise en charge holistique des violences basées sur le genre, la promotion des droits des femmes et filles et leur autonomisation.

Junior Mayindu

Avec l’appui technique de Siaka TRAORE