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Avec les Sages-femmes humanitaires, UNFPA et ses partenaires travaillent pour aboutir à zéro décès maternel évitable en RDC d’ici 2030.

Malgré leurs enclavements extrêmes, Kiambi dans le Tanganiyika, Kamonia dans le Kasaï et Itula dans le Sud Kivu ont pu réaliser en 2019 le record de zéro décès maternel. Ce résultat a été rendu possible grâce à Générose Mubabe Peniya, Fidéline Mputu et Estelle Bahati, trois des 18 sages-femmes pionnières déployées par l’UNFPA RDC dans le cadre la réponse humanitaire d’urgence CERF UF en 2019. Les trois se sont distinguées, certes par leur professionnalisme, mais surtout leur abnégation à aller loin de leurs familles respectives pour porter secours et assistance aux femmes et filles en âge de procréer. Dans chacune des formations sanitaires dans lesquelles elles administrent des prestations itinérantes, ces sages-femmes humanitaires surveillent, soignent, conseillent les futures mères, pendant leurs grossesses, l’accouchement et tout le processus qui mène à la vie.  

A l’instar de ces trois pionnières, la mission des sages-femmes déployées dans le cadre du CERF mérite une attention particulière au regard de la complexité des besoins humanitaires de la RDC, un pays-continent dont les communautés vulnérables sont isolées des services sociaux minimaux par les conflits persistants et une géographie des plus complexes au monde. Dès sa prise de fonction comme Représentant Résident du Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA) en République Démocratique du Congo (RDC), Docteur Sennen HOUNTON a tôt fait d’initier et d’inclure au sein de ses priorités humanitaires, le déploiement de Sage-femme à vocation humanitaire. Ce corps de métier permet désormais d’assurer le suivi des activités et interventions à caractère humanitaire et de faire remonter directement et en temps réel les données du terrain. Ceci réduit la lourdeur administrative et renforce l’efficience de la réponse humanitaire. L’UNFPA a aussi formé et mis en place en avril 2019 un pool de sages-femmes humanitaires prêtes pour une réponse immédiate.


La sage femme Fidéline Mputu recommendant l’allaitement maternel à une réfugiée de Kamonia(Kasaï)

 Le déploiement sur terrain, une tâche difficile

Pour rallier Kiambi sur la frontière de la Zambie, il a fallu à Générose de survoler 2787 km par avion et 320 autres kilomètres par la route en traversant 40 km de forêts et deux cours d’eau. De son côté, Fideline a dû affronter pendant 14 jours de voyage en direction des expulsés d’Angola dans un contexte marqué par l’instabilité du climat, du sol et des trois rivières qui jonchent le chemin de 120 kilomètres qui sépare son domicile de Kamonia son lieu d’affectation. Bien qu’étant encore allaitante, Estelle Bahati quant à elle, a dû se rendre à Itula son lieu d’affectation en parcourant 298 km sur une motocyclette avant de traverser à pied une forêt de 12 km au cœur de la périlleuse vallée de Shabunda infestée par une trentaine de groupes rebelles Maï-Maï.

Deux autres de leurs collègues ont connu une itinérance imposée par la chasse à l’homme  résultant des massacres et violents conflits inter-ethniques et intercommunautaires qui sont encore en cours à Drodro et Tchomia dans la riche province minière de l’Ituri. Si l’ensemble des zones sanitaires couvertes par le programme CERF reste limité au regard de l’ensemble des urgences humanitaires de la RDC, la qualité du service rendu permet de relever bien des défis et donne l’espoir à des milliers de femmes et filles congolaises qui ont bénéficié  de la consultation prénatales recentrée[1], la planification familiale et les accouchements assistés.


La sage-femme Hélène PIMBI dirigeant un accouchement à la maternité de Drodro (Sud-Kivu)

L’expérience en cours en RDC correspond bien à la description qu’a faite en 2019 la Directrice Exécutive, Madame Natalia Kanem, à l’occasion de la célébration de la journée internationale de la sage-femme en comparant cette fonction à « un pont entre les communautés et les établissements de santé traditionnels. Elles fournissent des services de santé qui jouent un rôle crucial dans la réduction de la mortalité maternelle et des risques liés à l’accouchement dans les zones reculées et mal desservies, ainsi que dans le cadre de crises humanitaires. Les sages-femmes sauvent des vies, mais elles donnent également aux femmes et aux couples les moyens de prendre des décisions éclairées et bénéfiques à leur santé.

En plus des fonctions obstétricales, les sages-femmes déployées dans le cadre du projet CERF sont aussi outillées à la prise en charge médicale des survivantes aux violences basées sur le genre ainsi que leur référencement aux prestations prévues par le projet CERF. En initiant l’expérimentation des sages-femmes dans la réponse humanitaire en RDC, le Représentant de l’UNFPA, Dr Sennen Hounton a la ferme conviction de faire un grand pas vers ses trois (3) résultats transformateurs à savoir Zéro décès maternel évitable ; Zéro besoin non satisfait en planification familiale ; et Zéro violence basée sur le genre.

 


[1] [1] La consultation prénatale recentrée est une des interventions de santé publique reconnue comme étant un des piliers pour la réduction de la mortalité maternelle et néonatale, a été revue ces dernières années et un modèle de son contenu a été proposé par l’OMS. Elle permet d’évaluer périodiquement la performance des services prénatals dans la perspective de l’améliorer.